Chapitre 58/

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Je relâche ma respiration qui s'était bloquée le temps d'un instant, puis je pose mes doigts sur sa colonne vertébrale, qui est impeccable, et je vois qu'il a des frissons. Je parcours son dos, touchant par mégarde quelques lignes roses, résultants de blessures profondes.

Je finis par arriver vers l'endroit de la peau où Léo est tombé mais il y a toujours un silence de mort. Heureusement, je finis par apercevoir le début d'un bleu qui se forme sur son dos.

— Tu vas avoir un gros bleu, finis-je par dire.

Je vois Léo hocher la tête et déplisse son tee-shirt pour le remettre mais dans un geste impulsif, je tends ma main et touche du bout des doigts la plus profonde de toutes les cicatrices sur son dos. Instantanément, Léo se fige et je sens mon cœur battre dans tout mon corps.

Je suis le pourtour de la balafre mais celle-ci est en diagonale, débutant sur son épaule gauche, passant par son omoplate, pour finir sur ses cotes droite. Quand j'arrive à la fin, Léo est toujours figé sur ses pieds, je n'entends même plus sa respiration.

— Tu veux de la glace pour atténuer le bleu ? je m'entends dire.

Je commence à descendre les marches pour aller lui donner un paquet de glace du frigo mais un murmure m'arrête :

— Non.

Je me stoppe, les bras ballants, le regard droit devant moi, puis je me tourne vers Léo qui s'est rhabillé. On se fixe, ses yeux azurs sont indéchiffrables tandis que dans les miens il peut y lire de la compréhension, de l'empathie, mais pas de la pitié.

Parce que je sais ce qu'il ressent et je comprends.


Une fois dans la voiture un grand silence nous enveloppe, Léo et moi. Je tourne mon visage vers lui mais il a déjà repris son masque neutre habituel. Je sais d'ores et déjà qu'il ne va pas me reparler de ce que j'ai vu tout à l'heure.

Je meurs d'envie de savoir où, comment et pourquoi il a toutes ces marques sur son dos mais je ne vais pas lui demander.

Je comprends maintenant ce qu'a ressenti Félix quand il m'a demandée pour ma cicatrice à la cuisse. J'étais incapable de lui répondre, de lui expliquer.

Au bout d'un certain temps, Léo se gare devant une sorte d'entrepôt : le bâtiment est immense, métallique, avec plusieurs grandes portes. Je continue de regarder le paysage sans me soucier du mafieux qui se tourne vers moi pour me dire :

— Un homme va sortir dans une dizaine de minutes. Tu vas aller le voir et lui dire de rembourser ce qu'il m'a volé la semaine dernière.

— C'est ça la mission ? fais-je en détachant ma ceinture.

— Ce type, Mark, me doit deux milles euros.

Je me tourne vers Léo qui a les bras croisé tandis qu'il me fixe. Deux milles euros... La vache tout ce qu'on peut faire avec cet argent, tu m'étonnes qu'il les ait pris.

— Ouvre la boîte à gant, m'ordonne-t-il avec un geste de la tête.

Je déglutis et regarde la fameuse boîte à gant. Je sais ce qu'il y a à l'intérieur et je n'en veux pas. Mon regard se retourne vers celui de Léo et je secoue ma tête sans un mot.

— Hélia, ouvre-la.

— Je ne veux pas toucher à une arme.

Le mafieux soupire en mettant ses doigts sur l'arête de son nez en signe d'exaspération. Je continue de le regarder en lui faisant mon meilleur regard noir mais ma technique ne fonctionne pas très bien puisque le Hawk se penche vers moi et ouvre lui-même la boîte à gant.

L'assassin de mon frèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant