L'assassin de mon frère

Chapitre 15/

Je relève la tête vers la voix et découvre que c'est celle de Colin, qui est debout juste à côté de la porte. En face de lui se trouve le chef qui croise ses bras contre son torse en me voyant. Je sens alors Éloi repartir tandis qu'un silence inconfortable fait rage dans la pièce.

Même si Éloi est un Hawk, je me sens un peu plus en sécurité avec lui qu'avec les deux autres.

Je reste muette et mes yeux se posent alors sur la fenêtre où je distingue de la verdure à perte de vue.

— On est où ? À la campagne ? fais-je subitement.

Colin tourne sa tête vers le chef des Hawk mais celui-ci reste silencieux face à ma question, alors je décide de le regarder. Ses yeux azurs me rendent mon regard puis il se dirige lentement vers moi.

OK Hélia, pas de panique. Il ne va pas te faire de mal.

— Bien dormi ? me demande-t-il en baissant son visage vers moi.

Mes sourcils se froncent mais j'opine tout de même de la tête en essayant de comprendre où il veut en venir.

— À l'avenir, arrête de tomber dans mes bras. Mes prétendantes sont déjà assez nombreuses comme ça.

Mais quel salop !

Je détourne le regard et remarque que Colin est parti. Je ne l'ai même pas entendu s'en aller.

— Assis-toi.

Mon attention revient à l'homme en face de moi ; le chef me désigne un fauteuil, les mains dans ses poches.

— Et la politesse, tu connais ? je marmonne avant de l'insulter dans un souffle.

Je me fige immédiatement et relève lentement mon visage vers le chef. Je me mords les lèvres pendant qu'il s'avance vers moi avec un air dangereux sur le visage.

Je crois que je suis à deux doigts de mourir.

— Si tu veux vraiment intégrer les Hawk, chérie, il va falloir que tu suives quelques règles. Par commencer à me parler différemment.

Mes sourcils se froncent malgré moi : pourquoi il continue à m'appeler chérie ?

Mais le mafieux tend alors sa main vers mon visage et mes réflexions s'estompent. Il va me frapper. Mon cœur s'emballe et des souvenirs me reviennent en tête. Je me recroqueville sur moi-même avec un mouvement de recul pour essayer d'amortir le choc, mais le coup ne vient pas.

J'ouvre un œil et vois son regard azur me sonder entièrement. Puis finalement il ferme ses yeux une demi-seconde puis me dit d'aller m'asseoir sur l'un des fauteuils. Je lui obéis mais il reste derrière moi et j'ai tout de suite l'impression d'être de retour dans le bureau du directeur qui me fait la morale.

— Je t'ai intégrée dans le clan mais ne t'avise plus de me parler comme tu le fais, siffle la voix du mafieux.

Je ne réponds pas et attends. Il est vraiment susceptible pour réagir comme ça. Une question me vient subitement à l'esprit et je pense que c'est le moment ou jamais de la poser.

— Pourquoi ton bras droit m'a proposée de rejoindre les Hawk ?

Il reste muet quelques secondes avant de ne dire :

— Tu as fait ton choix. C'était soit ça, soit tu arrêtais ton enquête ridicule.

« Ridicule » j'ai quand même réussi à remonter jusqu'à son clan.

Le chef fait quelques pas vers son bureau et s'assoit sur son fauteuil en passant une main dans ses cheveux blonds.

— Quel endroit ? me demande-t-il soudainement.

— Quoi ?

— À quel endroit tu veux ton tatouage ?

Je rigole nerveusement. Il n'est pas sérieux... Je dois vraiment me faire tatouer un aigle ? Le chef des Hawk lève ses sourcils et sort une arme de je-ne-sais-où pour la poser délicatement sur la table, toujours en m'observant de son regard scrutateur.

La réalité me revient brutalement ; un pistolet chrome est posé devant moi. J'essaie de cacher tant bien que mal mon malaise face à une vraie arme mais le mafieux penche sa tête d'un côté en susurrant :

— Réponds vite ou c'est moi qui choisis.

OK je commence à avoir des sueurs froides. Si je me fais tatouer l'aigle, je serais à une Hawk à vie, mais est-ce qu'ils me respecteront ou est-ce qu'ils me prendront pour une pauvre fille rentrée de force dans leur clan ?

— Si je me fais tatouée, tu ne pourras pas me tuer ? Pas vrai ? Parce que tu ne tues pas les gens de ton clan... ?

— Seulement les traîtres, réplique-t-il avec un sourire froid.

— Donc je serai vraiment dans le clan...pour toute ma vie.

— Putain mais c'est le but de ce tatouage. Si tu ne veux pas être une Hawk, tu te barres et je ne veux plus jamais entendre parler de toi, mais ne me fais pas perdre mon temps, c'est clair ?

Si ce tatouage me protège...

— Sur la nuque, je chuchote.

Le mafieux hoche lentement la tête en disant que je peux repartir de son bureau. Au moins, personne ne viendra m'embêter avec les colosses qui m'entourent, en plus du tatouage.

Le chef des Hawk s'allume une cigarette en me faisant signe de partir mais je prends mon courage à deux mains et lui demande :

— Quand est-ce qu'on commence à chercher le meurtrier ?

Il relève les yeux vers moi le temps de me jeter un coup d'œil puis rejette la fumée de sa cigarette par la bouche en disant simplement :

— Plus tard.

— Mais...

— C'est moi le chef, me coupe le mafieux. Donc tu obéis à mes ordres, compris ? Et si je te dis plus tard, c'est qu'on commencera plus tard !

Je sors de son bureau en furie. Punaise il est vraiment con ! Si ce type n'était pas le chef des Hawk, je l'aurais déjà remis à sa place.

Je vais dans la première pièce que je vois et déboule dans une immense cuisine. Il y a une grande fenêtre au-dessus des plans de travail bleu marine qui longent tout le mur de gauche. Deux énormes frigos blancs sont installés juste à ma droite et il y a pleins d'ustensiles que je ne connais pas.

Cette cuisine sort d'un magazine IKEA.

Mon ventre gargouille une fois de plus : mon dernier repas remonte à hier midi. Je me dirige alors vers les étagères dans l'optique de trouver quelque chose à manger. Je trouve alors des pâtes et aussi une casserole pour les fais cuir.

Il y a un grand silence dans la pièce et je vais dans un coin de la cuisine en mangeant. Pourquoi la situation a l'air tout à fait normale alors qu'elle ne l'est pas ?

Qu'est-ce que je fais à manger des pâtes chez les Hawk ? Les Hawk !

Alors j'habite ici désormais ? Et...mon appartement ? Mes affaires ! Je soupire en prenant ma tête entre mes mains, désespérée par ma situation.

— Un problème ?

La voix d'Éloi me surprend et je me tourne vers lui ; il se tient dans l'encadrement de la porte mais j'arrive à voir d'ici son pistolet coincé dans sa ceinture. Son blouson vert bouteille ne le cache même pas entièrement.

Je détache mes yeux de l'arme et lui réponds rapidement que ça va. Si je commence à lui raconter mes soucis, je n'en ai pas fini.