Chapitre 48/

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Un mouvement à côté de moi me fait revenir au présent et j'aperçois Léo me tendre son bras tel un gentleman pour que je m'accroche à lui.

Il rêve. Profondément.

Je l'ignore mais je sens ses yeux me jeter des éclairs quand je commence à marcher pour m'éloigner. Mais bien sûr, deux pas plus tard, une main vient attraper la mienne, me faisant m'arrêter immédiatement.

— On est fiancé, Hélia, me chuchote Léo d'une voix sèche.

Je continue à l'ignorer royalement, je supporte déjà sa main sur la mienne, et on s'avance vers la foule ; je repère alors Félix et Blue un peu plus loin. Je tire la main du chef mais je l'entends grogner quand il aperçoit les doigts de Félix sur l'épaule de sa sœur.

Il ne les laisse jamais tranquille celui-là.

— Vous avez repéré les Arslor ? demande le chef toujours avec sa voix glaciale.

Sa sœur secoue sa tête en disant qu'ils vont peut-être se montrer plus tard. Je regarde la foule d'un œil distrait : ils ont invité toute la Suisse, on doit presque être une centaine, c'est assez épuisant de voir autant de gens dans une seule salle.

Un homme reconnaît soudainement Léo, alors le chef s'en va le saluer lui et son groupe d'amis. On est maintenant plus que trois mais je n'ai pas le temps de cligner des yeux que Félix me dit :

— Tu devrais sourire un peu plus, on dirait que tu vas commettre un crime.

Je regarde mon ami avec ses cheveux bicolor et son sourire au coin des lèvres. Je ne réponds rien mais les deux Hawk se lancent un regard avant de ne s'approcher de moi d'un même geste.

— Léo et toi êtes censés être fiancés, commence Blue avec une petite voix. Tu dois donner l'impression d'être en couple avec lui.

— Ma poule, tu dois lui rouler une p..., reprend Félix.

— Vous devez juste vous rapprochez, le coupe mon amie, vous êtes à trente centimètres l'un de l'autre.

C'est vrai que si je ne fais pas un minimum d'effort, les Arslor risquent de nous démasquer.

Je les regarde alternativement et croise mes bras sur ma poitrine sans un mot. Il faut que ça ait l'air naturel mais je ne suis pas vraiment du genre à me coller aux personnes.

— Bonsoir, fait soudain une voix derrière moi.

Je me retourne et je vois un homme d'à peu près mon âge accompagné de deux hommes habillés tout en noir, un peu en recul. Le type prend ma main dans la sienne pour déposer un baiser dessus et je hausse les sourcils.

— Bonsoir, je réponds en le détaillant rapidement du regard.

Il porte un costume bleu marine avec un nœud papillon et ses chaussures sont tellement vernies qu'elles brillent.

— Enchanté, Mademoiselle... ?

— Elle a déjà un mari, siffle une voix grave.

Léo apparaît à ma droite mais il m'ignore et fixe l'homme devant nous. Je vois ses yeux se baisser vers ma main qui est toujours dans celle de l'inconnu ; le chef la retire d'un geste et emprisonne mes doigts contre sa paume.

J'essaie de m'enlever de son emprise mais Léo me jette un regard assassin - et je pèse mes mots - alors je stoppe mon geste en me retenant de soupirer. Après tout ce ne sont que des mains.

— Vous êtes Léo Kurt ?! s'exclame soudainement le type au nœud papillon.

Le mafieux ne lui sourit pas et l'ignore mais le jeune homme ne se laisse pas intimider et tend sa main que le chef la serre, tout en contractant sa mâchoire.

— C'est une surprise de vous voir ici.

— Ah oui ? répond le Hawk désintéressé par la conversation.

L'homme continue de regarder Léo, un peu admiratif, puis son regard repasse vers moi et je lui fais un petit sourire gêné. Il se racle la gorge et déclare alors d'un coup :

— Pardonnez-moi, j'ai complètement oublié de me présenter. Je suis Angel Arslor.

Angel Arslor...le cadet.

J'ouvre la bouche pour me présenter et ne pas le laisser seul face à Léo qui regarde ses messages sur son téléphone, mais le chef me coupe lorsque je dis mon nom de famille et dit le sien à la place.

Je ne renchéris pas, mes lèvres serrées l'une contre l'autre, tandis qu'Angel Arslor nous regarde alternativement avant de dire :

— Je ne savais pas que le parrain de la mafia Européenne était marié.

— À vrai dire, on est fiancés, je déclare en lui montrant fièrement ma bague.

— Le mariage est dans quelques mois, renchérit Léo.

On est tellement bons que j'y croirais presque.

Le Arslor ouvre la bouche pour répliquer mais il n'a pas le temps de parler puisque qu'un autre homme vient rejoindre la conversation : il est grand, mince et ses oreilles sont décollées.

Cet homme salut Angel d'une poigne assez forte, jette un œil à Léo sans le saluer, puis me regarde de haut en bas plusieurs fois, ce qui est assez gênant.

— Bien le bonsoir, splendide Demoiselle, me fait-il alors.

Je me racle la gorge pour ne pas rire mais le Hawk ne se gêne pas et ricane méchamment tout en le regardant d'un mauvais œil.

— Je m'appelle Frédéric Bistoc, reprend le type avec dédain, PDG de l'entreprise Bistoc & Cie.

Il s'avance ensuite vers moi sans rien dire de plus et me prend par la taille assez rudement pour me faire la bise. Je lâche un petit hoquet de surprise mais je n'ai pas le temps de réagir que le fameux Frédéric me relâche aussitôt.

— Tu la touches encore une fois et je t'explose le crâne, dit Léo d'une voix qui ferait trembler n'importe qui.

L'homme hoche vivement la tête en s'excusant et je vois alors le chef pointer discrètement son pistolet sur le torse du type, en appuyant sur sa chemise pour qu'il sente le canon à travers.

— Léo arrête, je murmure mettant ma main par-dessus la sienne.

Le mafieux me jette un regard furtif puis finit par reculer et ranger son arme dans sa ceinture pendant que l'homme se dépêche de vite repartir. Le blond grogne en me regardant mais je soupire : j'ai évité une fusillade.

— Monsieur Arslor, veuillez nous excuser, dis-je avec un sourire poli.

J'attrape le revers du costume de Léo un peu violemment et l'amène dans un coin calme en retenant ma colère. Punaise s'il commence à faire ce genre de scène, ça va mal finir cette histoire. On est censé attraper un trafiquant d'êtres humains, pas fusiller des types au hasard !

— Doucement chérie, je sais que tu veux m'isoler pour me dire des mots doux mais je ne suis pas un homme facile.

— Pourquoi tu as réagi comme ça ? je siffle en regardant aux alentours.

— Parce qu'on ne touche pas à ce qui m'est précieux.

Je me retourne vers Léo qui croise ses bras en me regardant avec ses yeux azurs. J'ouvre la bouche sous la surprise puis je fronce mes sourcils en chuchotant :

— On n'est pas réellement fiancé, tu n'as pas besoin d'aller jusque-là.

— Je fais ce qui doit être fait pour qu'ils y croient. Si je dois menacer toutes les personnes qui vont nous approcher, je le ferai.

Je sens que cette soirée va être longue.

L'assassin de mon frèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant