L'assassin de mon frère

Chapitre 5/

Point de vue de : Hélia

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Je reste dans mon lit quasiment toute la journée. J'ai mal dormi. À cause de cet Éloi, je me pose mille et une questions sur ce qu'il s'est passé hier devant la Grande Bibliothèque.

Comment est-ce que lui et mon frère ont-ils pu se rencontrer ? Liam était quelqu'un de normal. Et puis c'est super flippant de se dire que j'ai parlé avec un mafieux !

Alors que la nuit tombe, mon téléphone sonne. C'est Antoine qui est venu me chercher pour aller au restaurant. J'enfile mon gros pull noir et descends les escaliers à la hâte.

Une fois dans la voiture, je demande à mon ami qui sera présent ce soir et Anto me jette un coup d'œil avant de se reconcentrer sur la route.

— Juste Val' et Maddy, les autres ne pouvaient pas. D'ailleurs, je ne leur ai pas dit que tu venais, c'est une surprise.

Je hoche la tête et le blondinet continue en me disant que Valentin a invité un de ses collègues au bar où il travaille - le 313.

— Et au fait, ton enquête avance ? reprend Antoine avec une voix un peu moins dure que la dernière fois.

Je lui réponds par la négative et il me dit que c'est peut-être mieux comme ça. Je lui jette un coup d'œil sans faire de commentaire mais mes yeux se posent sur le volant qu'il tient de ses deux mains.

Un détail sur son poignet me fait plisser les yeux et je distingue maintenant de l'encre sur sa peau sans voir exactement de quoi il s'agit.

— Tu t'es fait tatouer ? je lui demande en essayant de mieux voir.

— Oui, il y a quelques semaines.

Il me tend son poignet et je distingue maintenant clairement un « A » majuscule.

— Je dois me faire tatouer un « H » ? lui fais-je pour le taquiner.

Mon ami ricane un peu en secouant la tête, puis on arrive devant le restaurant. Anto se gare puis on entre tous les deux dans le bâtiment. Je sonde les tables à la recherche de visages familiers, et mon regard se pose sur une tête brune qui s'élance vers moi.

Maddy ouvre ses bras en grand et je recule un peu avec un sourire gêné. Je n'ai jamais été super tactile, voir même pas du tout. Il faut dire que la mégère qui nous a accueilli, Liam et moi, n'était pas vraiment propice à ce genre de marque d'affection.

— Désolée, j'avais oublié, fait mon amie avec une moue triste.

Je balaie son excuse de la main, puis Mad' se remet à sourire gaîment en me disant qu'elle est contente de me voir.

On se dirige ensuite vers la table où elle était assise et Valentin se lève et me tapote le haut du crane comme à son habitude. Je lui tape mollement l'épaule pour qu'il arrête, puis mon attention se place sur la dernière personne à se mettre debout.

Qu'est-ce que j'ai fait pour avoir un tel karma ?

Des iris marron me fixent et je retiens un soupir. Éloi me fait la bise mais je sens sa mâchoire tendue à l'extrême. Je ne savais pas qu'il serait là, après tout.

Attendez mais est-ce que les autres savent qu'il est un Hawk ?! Qu'est-ce qu'un mafieux fait ici avec eux ?

Mes yeux se figent et je relève la tête en panique. Éloi me regarde à son tour mais aucun de nous deux ne parle. Si je préviens mes amis, ils vont me demander comment je sais ça. Et j'ai dit à Antoine que mon enquête n'avançait pas.

Et s'il a amené une arme ?

Je secoue la tête pour faire partir cette pensée et je m'assois sur la première chaise de libre. Mes mains tremblent : il y a un homme qui fait partie du clan à notre table. Punaise.

Je relève alors la tête et vois le métisse assit en face de moi en train de pianoter sur son téléphone. Les autres consultent le menu et je me racle la gorge en le fixant du regard.

Éloi relève les yeux vers moi et hausse un sourcil l'air de dire « qu'est-ce que tu veux ? » mais je continue de le fixer en silence. Il pose finalement ses coudes sur la table et me rend mon regard scrutateur avec en prime un joli sourire. Il est quand même canon.

Ce type est un mafieux, Hélia. Ne te laisse pas avoir par son charme.

Je soupire et donne ma commande au serveur puis j'essaie d'intégrer la conversation mais le type en face de moi m'empêche de me concentrer. Je veux savoir ce qu'il fait là.

— Donc tu es un collègue de Valentin ? je lui chuchote.

Le métisse hoche la tête en buvant sa boisson et je me mords la lèvre. Pourquoi un Hawk travaillerait dans un bar... Pour combler ses fins de mois ?

— Je sais que tu es...dans un certain clan. Hier j'ai vu ton tatouage et le...pistolet.

Pour toute réponse, il esquisse un sourire qui me fait froncer les sourcils, il se paye ma tête là ?

— Arrête de jouer avec moi où je leur dis tout, fais-je en montrant mes amis en menton.

Éloi laisse un petit rire s'échapper de sa bouche puis son téléphone, qui est sur la table, sonne. Je baisse les yeux et vois le nom d'un certain Colin s'afficher. Le métisse soupire en déclinant rapidement l'appel et ses yeux viennent retrouver les miens.

Il ne décroche pas ?

— Quel hasard de se retrouver tous les deux ici, me dit-il avec une pointe d'ironie.

Il croit que je l'ai suivi ? Vraiment ? C'est lui qui est avec mes amis !

— Vous vous connaissez ? s'écrie Maddy à côté du tatoué.

Et voilà, je suis dans le pétrin. Comment j'explique ça ?

Mes yeux viennent se poser sur ceux d'Éloi et je le vois se mordre les lèvres pour ne pas rire. Qu'est-ce qu'il y a de drôle, au juste ? Il se paye encore ma tête ?

— On s'est déjà rencontré, déclare le métisse avec un sourire éclatant. Au bar où je travaille.

Je sens les regards de mes amis sur moi, alors je hausse les épaules en silence et tout d'un coup, la table n'a jamais été aussi intéressante.

Quel magnifique bois, dis donc ! Du chêne peut-être ?

Je sens un bras se poser sur le dossier de ma chaise et je jette un œil à Antoine installé à ma droite ; il ne me regarde pas, ses yeux sont fixés à un point devant nous. Je me tourne alors et vois Éloi qui a un fin sourire aux lèvres tandis qu'il fixe Antoine en retour.

La sonnerie du téléphone d'Éloi retentit pour la deuxième fois, toujours ce mystérieux Colin qui le harcèle, alors il s'excuse et va prendre l'appel dehors.

— Ce type ne me dit rien qui vaille, marmonne Antoine en désignant Éloi qui sort.

Je me tourne vers le blond qui fronce les sourcils en attendant ma réponse mais je lève les yeux au ciel sans rien dire.

— Je n'ai plus le droit de m'inquiéter pour toi ? renchérit-il avec une voix blessée.

Je le regarde, lui et ses yeux vert d'eau, et il me fait un petit sourire avant de me prendre par l'épaule pour me rapprocher de lui.

— Tu ferais confiance à n'importe qui, même à un Hawk, marmonne-t-il dans mon oreille.