Chapitre 22/

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Point de vue de : Hélia

°

Je ressors de la douche italienne et m'enveloppe dans une grande serviette. C'est trop agréable, cette douche m'a autant relaxée qu'un bon massage. Je suis épuisée par l'entraînement avec Éloi et vu mes cauchemars d'hier soir, je n'ai pas vraiment eu une nuit reposante.

Les deux cadavres dans mon appartement m'ont hantée dans l'obscurité de ma chambre pendant de longues heures. J'en ai encore des frissons.

J'entre dans le dressing et j'enfile un débardeur et mets ensuite un pantalon en tissu assez large. Je descends les escaliers pour aller manger mais j'ai déjà des courbatures de l'entraînement.

Et dire que je dois recommencer tous les jours.

J'arrive dans le salon où Katerina passe devant moi en me faisant signe de la suivre dans la salle à manger. Les autres Hawk sont déjà attablés, alors je m'installe à mon tour en un soupir et j'étends mes jambes sous la table.

J'avale l'intégralité de mon assiette assez rapidement, tandis que le chef des Hawk discute en espagnol avec sa tante. Je suis toujours surprise de savoir que Katerina et lui ont un lien de parenté ! Non mais c'est vrai, OK ils ont la même couleur de cheveux, OK leurs peaux mates rappellent leur origine hispanique.

Mais il aurait quand même pu le mentionner quand il a fait les présentations.

Soudain, j'entends mon prénom dans leur conversation, alors je relève la tête et Katerina - qui est à ma droite - me fait un joli sourire, plissant ses yeux translucides par la même occasion. Son neveu secoue la tête exaspéré et je sais que ça ne sert à rien que je cherche à comprendre puisqu'il ne va jamais me traduire leur dialogue.

— Félix, des nouvelles des Avorio ? demande le chef.

Je n'ai toujours pas plus d'information sur ces Avorio, peut-être que je devrais les Googler ?

— Ils ne sont plus en ville depuis ce matin.

Mon regard parcourt les deux hommes et je reste silencieuse en les écoutant mais le grand mafieux s'arrête de manger et relève ses yeux vers les miens.

— On est persuadé que ce sont eux qui ont tué Liam.

Ma bouche s'ouvre d'elle-même mais je ne sais même pas quoi dire, il est si direct. Je ne réponds rien et un silence s'abat autour de la table. Ces Avorio ont tué mon frère ? Mais comment Liam les connaissait-il ?

— Il y a quelques semaines, fait Colin, un des gars de Félix a disparu du jour au lendemain et on sait que c'était un coup de ces foutus Avorio.

Je lève mon doigt comme si je voulais prendre la parole en classe pour interrompre Colin :

— Qui sont exactement ces gens ?

Tous les visages se tournent vers leur chef, Léo, mais il reste de marbre et je vois sa mâchoire se contracter. Quoi ? J'ai dit quelque chose de mal ?

— C'est un clan qui s'est fondé en Italie par un enfoiré qui essaie de me faire peur avec des tentatives minables pour prendre le pouvoir de mes territoires.

Les paroles du chef me donnent des frissons : sa voix est tranchante comme un couteau et la rancœur est palpable. Je ne sais pas ce que ce type lui a fait mais il ne vaut mieux pas qu'il croise son chemin.

Colin se racle ensuite la gorge avant de reprendre :

— Donc on supposait que le gars qui a disparu était enfermé dans la seule baraque que les Avorio possèdent dans Edeny. On connaissait déjà son emplacement, il ne manquait plus qu'un plan pour essayer de définir la pièce exacte où il était enfermé. Grâce à ça, notre descente aurait été plus rapide et plus précise pour éviter que quelqu'un soit blessé.

Le mafieux s'arrête et jette un coup d'œil à son chef qui hoche la tête pour l'inciter à continuer.

— On avait besoin d'un architecte.

Liam était en dernière année d'architecture.

— Et à ce moment-là, Éloi avait déjà sympathisé avec un gars qui travaillait dans le même bar que lui, alors...

— Ne me prends pas pour une imbécile, je le coupe, je sais que tu parles de mon frère.

Ma voix est froide et mes yeux sont fixés à la table. À côté de moi, Félix me touche doucement l'épaule pour essayer de me calmer mais je suis submergée par tellement d'émotions que ça ne me fait aucun effet.

Je relève mes yeux pleins de fureurs vers les mafieux qui m'observent attentivement. J'ouvre la bouche et déchaîne ma colère :

— Donc vous avez recruté mon frère afin de sauver l'un des vôtres ? Mais qui aurait pu deviner que Liam allait mourir à cause de votre stupide idée !?

Je n'en ai rien à faire de leur parler comme je viens de le faire. Ils ont engagé mon frère pour le plan d'une foutue maison ? Pour ne pas blesser les leurs ? Alors qu'ils ont des tonnes d'armes à disposition ?

Personne ne prend la parole et j'en profite en répliquant :

— Vous m'aviez dit que ce n'était pas de votre faute si Liam s'est fait assassiner !

— Et c'est le cas. C'est celle des Avorio, dit le chef des Hawk d'une voix calme.

— Les Avorio par-ci, les Avorio par-là ! Tu ne blâmes qu'eux ! je crie en le pointant du doigt.

Je sens les larmes venir mais je les refoule. Pourquoi faut-il que je sois si émotive ?

J'aperçois le chef passer une main dans ses cheveux en regardant Colin, il a l'air super énervé. C'est à cause de la façon dont je lui ai parlé ? Mais ce type est complètement malade ! S'il croit que je vais lui parler gentiment alors qu'il m'annonce savoir qui a tué mon frère, il se trompe !

— Liam a insisté pour nous rejoindre, fait finalement Félix en me lançant un regard.

Je reprends mon souffle et tente de me calmer puis je passe une main sur mon visage en entendant Éloi prendre la parole :

— Je lui avais proposé un boulot, en lui disant simplement qu'on cherchait les plans d'une maison. Il a accepté parce qu'il avait besoin d'un peu plus d'argent. Je crois qu'il voulait t'emmener en Allemagne cet été.

C'est vrai. L'année dernière on était allé à Valãs, en Espagne, et Liam m'avait jurée qu'aux prochaines grandes vacances, nous irions en Allemagne.

— C'est...c'est de ma faute, je murmure en mettant une main devant mes yeux.

— Qu'est-ce que tu racontes ? s'exclame Félix en relevant mon menton pour que nos yeux se croisent.

— C'est de ma faute s'il voulait gagner plus d'argent. Je lui disais tous les jours à quel point j'avais hâte d'aller en Allemagne et de voir tous les bâtiments incroyables. Il est rentré dans les Hawk pour pouvoir m'emmener là-bas cet été. Et c'est ma f-faute s'il est...mort.

— Ne dis pas de connerie Hélia, fait Éloi d'une voix dure.

Je relève mon visage vers lui et fixe mon regard au sien : ses yeux marron me sondent tandis que son visage n'exprime aucun sentiment. On reste comme ça pendant quelques secondes, puis je finis par détourner les yeux en disant d'une voix glaciale :

— J'espère que vous avez au moins sauvé le type qui s'est fait kidnapper par les Avorio ?

Félix se gratte la nuque et Colin soupire en me disant que le clan ennemi l'a tué.

L'assassin de mon frèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant