Point de vue de : Léo
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Je retiens un soupir et m'appuie contre la voiture, le regard toujours fixé sur Hélia. Cette fille adore tomber dans les pommes. J'ai dû m'arrêter sur le côté de la route comme un débile et me voilà seul avec une fille inconsciente.
Je me penche vers son visage un peu plus pâle que d'habitude - déjà qu'elle est bien blanche - et je lui pince la joue pour la faire revenir à elle-même. Hélia commence par froncer ses sourcils puis elle lève sa main pour enlever la mienne de son visage.
— Tu me fais mal, murmure-t-elle.
Je lui pince l'autre joue et elle m'insulte en gesticulant comme un ver, allongée sur le siège que j'ai incliné. Je réprime un rire en la voyant faire de grand geste avec ses mains pour essayer de m'atteindre, sans succès.
— C'est bon je suis réveillée, arrête.
— C'est quoi cette habitude à tomber dans les vapes ? je réplique en croisant mes bras.
La brune se redresse doucement en soupirant et elle passe une main sur ses bras en me disant que c'était sûrement un trop plein d'émotions.
— L'histoire avec les Suiza, Katerina, le pistolet et tes cica...
Hélia s'arrête immédiatement de parler et je hausse mes sourcils. Mes cicatrices ? Pourquoi elle se soucie de ça ?
— Enfin bref, reprend-elle, ça va mieux maintenant. On peut rentrer.
— Allons manger. Tu dois reprendre des forces.
Je regarde Hélia qui hoche timidement la tête et je le l'aide à remettre son siège en position assise. Je m'installe ensuite à l'avant de la voiture et redémarre en direction du village qu'on doit traverser.
— En quoi mes cicatrices t'ont causées du tort ? je demande au bout d'un moment.
Je sens le regard d'Hélia sur moi le temps que je me gare devant le premier restaurant que je vois. Mais comme elle ne me répond pas, je la fixe à mon tour après avoir éteint le moteur.
— La seule personne que ça doit atteindre, c'est moi.
J'ai horreur des gens qui me prenne en pitié après avoir vu mes cicatrices. La plupart pense que je suis un pauvre garçon sans défense, puis me méprise. Depuis, je les cache. Déjà qu'elles n'étaient pas une fierté, maintenant elles sont devenues des horreurs sur mon corps.
Devant le silence d'Hélia, j'ouvre ma portière et la laisse seule dans la voiture. Putain. Je suis taré, pourquoi je lui ai montré mon dos tout à l'heure ? Elle n'avait rien dit mais j'étais débile de penser qu'elle ne cogiterait pas sur ça.
— C'est vrai, fait la voix de la brune, la seule personne que ça doit toucher, c'est toi. Mais les autres sont capables d'empathie, Léo.
Je lâche un rire froid et m'avance vers la porte du restaurant. Contre ma volonté, je sens mon cœur se serrer en repensant à cette époque où on m'a infligé toutes ces choses dans le seul but de m'endurcir.
— La seule chose que tu ressens c'est de la pitié, dis-je par-dessus mon épaule.
— J'ai dit empathie !
Son cri me fait sursauter - ce qui est rare - et je me retourne vers Hélia qui a vraiment l'air énervée. La brunette passe devant moi et ouvre violemment la porte d'entrée du restaurant tandis que je reste dehors, les bras ballant. Ces mots ont le même effet qu'une bonne claque.

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L'assassin de mon frère
ActionHélia vient de perdre son frère, mystérieusement tué lors d'un soir d'été. Anéantie, elle enquête sur la mort de Liam mais celui-ci semble être lié à des personnes dangereuses. Au milieu de tout ça, les souvenirs d'enfance qu'elle tente d'enfouir re...