Chapitre 61/

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Point de vue de : Félix

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— Qu'est-ce qu'ils font, à votre avis ? je demande en m'asseyant sur le canapé.

— Félix ne commence pas, soupire Blue en se touchant le front.

Je regarde la petite femme assise en face de moi en haussant mes épaules tandis que j'entends Colin me dire que Léo a emmené Hélia en mission.

— Ils vont voir Mark ? fais-je.

Colin hoche la tête et je ricane intérieurement : je ne vais pas me gêner de dire à ma poulette que le type qu'elle devait racketter est en fait dans notre clan.

— On est tous passé par là, murmure Éloi.

— Hélia ne va pas être ravie de savoir qu'elle a dû passer cette épreuve qui sert juste à savoir si elle va réussir à tenir une arme.

Je regarde Blue en face de moi qui lit tranquillement une revue de magazine. Elle n'a pas tort.

— On n'aurait pas pu la laisser face à une personne qui pourrait lui faire du mal, renchérit Colin tout en écrivant sur son téléphone.

Éloi hoche la tête et vient s'allonger sur le canapé mais je croise mes bras contre ma poitrine en déclarant :

— Depuis quand tu te préoccupes des autres, Col' ?

Le Hawk me lance l'un des regards les plus noirs que j'ai jamais vu de ma vie - Léo est du pipi de chat à côté - et il détache chaque syllabes en disant :

— Je ne me préoccupe pas des autres.

— Et tu n'as pas de quoi être fier, conclut Éloi en riant sous cape.

Je ricane moi aussi en voyant l'aura noire de Colin quand il entend le métisse, mais il réplique en nous disant qu'il ne s'occupe que de Nestora.

— Ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu, nous coupe Blue toujours le nez dans son magazine, elle va bien ?

S'en suit une conversation sur la santé de Nes', qui est bien trop détaillée de la part de Colin.

— Enfin, ça ne change pas le fait que tu commences à estimer Hélia, rajoute la Hawk quand ils ont fini.

Je regarde Éloi qui me rend mon œillade et on éclate de rire pendant que l'autre gros dur marmonne dans son coin.

— Ce n'est pas parce que je dis qu'on ne la laisserait pas être en danger que je me soucie d'elle.

On regarde tous les trois Colin qui se fige en s'entendant lui-même parler mais avant qu'on ne se moque de lui, il renchérit en disant :

— La gamine était dans une famille d'accueil.

Il n'ajoute rien mais on comprend tous où est-ce qu'il veut en venir. Colin est orphelin, Hélia...presque, mais ils ont tous les deux été en famille d'accueil. Et Col' doit sûrement voir des similitudes avec la brunette.

Pour recommencer la conversation avec une ambiance un peu plus légère, je m'écrie en pointant un doigt accusateur vers la tête de Colin :

— Par contre Hélia est ma poulette donc tes sentiments fraternels, tu te les gardes.

— Parce que tu penses réellement qu'elle te considère comme un frère ? renchérit Éloi avec un air moqueur.

— Éloi je n'ai rien fait pour mériter ta méchanceté, d'accord ? Maintenant laisse-moi penser qu'elle me voit comme un grand frère de cœur.

— Enfin, me coupe Blue, tu veux dire petit frère.

Les deux guignols rient ensemble et je crois même apercevoir l'ombre d'une sourire passer sur le visage de Colin.

— Merde Blue, on n'a pas même pas un an d'écart, fais-je en me plaignant.

— Enfin bref, reprend Colin, vous pourriez toujours dire à Hélia que Mark est un Hawk quand elle reviendra. Même si elle ne courrait pas de danger puisqu'elle est avec Léo.

— Sauf si Léo est le danger, me souffle Blue à voix basse.

Je retiens un rire puis Éloi acquiesce en répétant que c'est pour son bien que ce soit un faux bandit plutôt qu'un vrai.

— Eh ! je m'exclame en me relevant du canapé. Quand j'ai passé cette épreuve, tenir un putain de flingue, j'ai presque chialé et personne ne m'a dit que c'était parce que vous vous souciez de moi !

— Laisse-moi deviner..., commence Colin avec un ricanement.

— C'est parce qu'on ne se soucie pas de toi, finit Blue.

Éloi éclate de rire et je lui envoie un coussin sur son joli visage avant de me lever pour partir de cette pièce remplie de traître.

— On rigolait Félixounet ! s'écrie Blue maintenant hilare.

Je lui fais un sourire machiavélique avant d'attraper sa revue et elle commence à crier en cherchant à me la reprendre des mains. C'est à mon tour d'être hilare en la voyant gesticuler dans tous les sens, et j'aperçois les deux autres se moquer gentiment d'elle.

J'entends sans vraiment entendre Colin décrocher son téléphone, puis il se lève brusquement et Blue et moi nous nous stoppons, de même pour Éloi qui se redresse du canapé.

S'en suit une ribambelle de jurons plus incroyables les uns que les autres mais Colin finit par raccrocher. Il passe une main dans ses cheveux noirs en nous annonçant :

— Les Avorio ont tenté d'entrer dans la maison.

Je regarde Blue à côté de moi qui fronce ses sourcils en entendant la nouvelle et je m'approche doucement d'elle, sans la toucher.

— Et Katerina ? demande Éloi avec un air inquiet.

— Elle va bien.

Soulagé, je respire un grand coup puis pose mes mains sur les épaules de Blue pour la tourner vers moi.

— Ça va ? je murmure.

Ses grands yeux noirs se fixent aux miens et on se regarde droit dans les yeux pendant qu'elle hoche lentement la tête.

— Ils ont juste essayé ? Sans succès ? je demande à Colin qui confirme.

— Léo m'a dit qu'Enzo allait s'occuper de tout ça.

— Je vais appeler maman, fait Blue en s'en allant déjà.

Je la vois monter les escaliers, pianotant sur son téléphone rose à toute vitesse. Éloi se passe une main sur le visage et je m'assois à ses côtés en silence, digérant l'information. Colin nous dit ensuite qu'il va passer des coups de fils et s'en va lui aussi dans une autre pièce.

— Quel merdier, je marmonne en touchant mes cheveux.


Dans l'après-midi, je regarde le troisième Batman avec Blue pour lui remonter le moral mais je m'endors presque de fatigue. La Hawk est tranquillement allongée sur son lit pendant que je suis simplement assis sur le sol, qui m'empêche de m'endormir tellement il est dur.

— Prête attention au film, Félix ! s'exclame Blue quand elle me voit fermer les paupières.

— Oui Madame !

La Hawk rit un peu en me voyant faire le salut militaire mais la porte de sa chambre s'ouvre d'un coup sec. Blue et moi tournons nos têtes en même temps et on voit Hélia sur le pas de la porte.

Elle nous raconte ensuite son après-midi, et on lui avoue alors que l'homme sur qui elle a pointé une arme à feu est en fait un Hawk.

— Pour ta sécurité, rajoute Blue avec un petit sourire.

— Oui, sauf que c'est moi qui avais un pistolet dans la main, pas ce Mark, déclare Hélia avec un soupir.


L'assassin de mon frèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant