Je me redresse en marmonnant que je ne vais pas bien dans ma tête, puis je tapote mes joues pour me remettre d'aplomb. Je retourne ensuite vers ma chaise pour continuer de lire toutes les feuilles mais une main vient s'agripper à mon bras pour me retenir.
Mon cœur loupe un battement quand je comprends que finalement, il n'était pas si endormi que ça, puis je me retourne vers Léo en grinçant des dents.
— Tu t'es prise pour Edward Cullen ? marmonne-t-il en clignant des yeux.
— Edward Cullen ? Le type dans Twilight ?
— Qui d'autre ?
Je reste surprise en l'entendant faire référence à une scène dans le livre - ou le film, à vous de voir - puis je glousse un peu.
— Arrête de sourire comme ça, je n'ai pas eu le choix de voir ces cinq foutus films. C'était interminable.
Je continue de souffler du nez pour me moquer gentiment de lui mais Léo plisse ses yeux avant de tirer mon bras qu'il tient toujours. Je m'écrase à moitié contre lui, à moitié sur la table, mais je relève mon visage vers le sien en levant mes sourcils, l'air de dire « tu es sérieux ? ».
Le chef des Hawk me fait un petit sourire puis s'approche de mon visage, alors je reste pétrifiée mais il finit par faire un petit rire avant d'enlever ma capuche pour venir me dire à l'oreille :
— Ne dis à personne que j'ai vu ces films à l'eau de rose merdiques ou tu le regretteras.
Je mords ma lèvre inférieure pour ne pas exploser de rire en l'entendant stresser que je raconte ça aux autres - ce que j'allais faire - mais je plisse mes yeux en regardant sa nuque bronzée, puis son épaule sur laquelle est toujours posé le plaid.
— Chaton, je croyais qu'on avait dépassé le stade des menaces, je susurre à mon tour.
Je pouffe de rire et je regrette à cet instant de ne pas pouvoir voir son visage quand il entendra ma phrase. Tout ce que je perçois, c'est son souffle dans mon oreille avant qu'il ne baisse un peu sa tête en disant, vraiment très doucement :
— Mi querida...
J'ouvre ma bouche pour répliquer quelque chose de cassant mais rien ne me vient, alors je finis par lui donner une tape sur l'épaule pour qu'il se recule.
Sans un regard pour lui, je retourne sur ma chaise et bois une gorgée de mon café pour me donner une contenance. Je replonge ma tête dans les tonnes de dossiers mais je sens un regard sur moi ; mes yeux rencontrent ceux de Léo qui penche sa tête en continuant de m'observer.
— Qu'est-ce que tu regardes ? fais-je en reprenant ses propres mots.
Le mafieux rit un peu en m'entendant puis détourne ses yeux azurs vers la table en bois. Je prends un nouveau dossier, qui a l'air nettement plus ancien que les autres : les bouts sont un peu usés et le titre n'est pas très clair ; « L.Casano ».
D'habitude le titre des dossiers est le crime effectué par les Hawk ou bien le statut des personnes rangé par ordre alphabétique. Mais « L.Casano. » n'est rien de tout ça.
J'ouvre la première page et vois, comme sur les autre dossiers, une image d'une personne. Cette fois c'est une femme aux cheveux gris coupés en carré, à la peau blanche, et je crois que ses yeux ont une teinte ambré.
Je parcours furtivement les informations sur cette femme nommée Lyssa Casano, mais j'ai l'impression que ce dossier est juste à son propos, alors qu'il fait plusieurs pages. Plus je réfléchis plus je me rends compte que quelque chose cloche : ce n'est pas comme les autres feuilles que j'ai pu lire.
— Léo ? fais-je en me tournant vers lui. Je ne suis pas sûre mais j'ai peut-être quelque chose.
Je lui tends ensuite les fiches regroupées ensemble par une agrafe. Les yeux de Léo se font plus sérieux quand il commence à parcourir la première page pour déterminer si c'est bien la personne qu'on recherche puisqu'aucun de nous ne connaît son visage, ni son nom.
Finalement le Hawk finit par trouver l'information qui lui manquait puisqu'il relève le visage vers moi en disant :
— C'est elle. C'est la mère de Paolo.
Je saute de joie sur ma chaise. On a enfin réussi ! On a trouvé ce fichu dossier !
Je me rapproche de Léo pour pouvoir lire par-dessus son épaule mais il ne prend même pas le temps de lire plus d'informations sur cette femme puisqu'il tourne toutes les pages du dossier pour atterrir à sa fin.
Je parcours les lignes en même temps que lui, mon corps est rempli d'adrénaline sans que je sache vraiment pourquoi, puis Léo souligne ensuite au crayon une phrase qu'il dit à voix haute :
— Lyssa Casano dernièrement aperçu il y a huit ans à Sorat, Italie, dans la rue commerciale. Elle logeait au treize rue Zovinchi.
Léo se relève de sa chaise et marche en direction de son bureau. Je me dépêche de le suivre et arrive dans la pièce faiblement éclairée pendant qu'il allume son ordinateur. Il fait quelques clics et s'exclame quand je le rejoins pour jeter un œil à l'écran.
J'aperçois alors sur l'ordinateur le dossier concernant Paolo, puis le blond pointe du doigt une phrase parmi tant d'autres, que je lis à mi-voix :
— Paolo Casano a été vu pour la dernière fois il y a trois ans à Sorat, Italie, dans le centre historique. Il logeait dans la rue Zovinchi.
Je relève mon visage vers celui de Léo et on échange un regard qui en dit long.
— La mère habitait à cette adresse quand elle a été exilée, il y a huit ans, fais-je en récapitulant, et le fils vivait dans la même rue il y a trois ans.
Léo reste silencieux, fixant l'écran de son ordinateur comme s'il allait lui donner plus de détails face à son regard froid. Je vois bien à son visage fermé que quelque chose ne va pas, pourtant on a trouvé ce qu'on voulait après deux jours d'intensives recherches.
— Il y a une couille dans cette histoire. C'est trop facile.
Je manque de m'étouffer avec mon café et je regarde Léo qui est hyper sérieux tandis que ses yeux sont toujours fixés à l'écran. Je regarde alors à mon tour le dossier sur Paolo puis celui de cette femme, Lyssa, que je tiens toujours dans ma main.
— Les Casano sont intelligents, reprend le mafieux, ils ne resteraient pas aussi longtemps au même endroit.
— Tu es bien dans cette maison depuis le début, non ? fais-je en rebuvant une gorgé de café.
Mais Léo secoue sa tête et dit qu'ils déménagent tous les trois ans pour être en sécurité.
— Donc ce serait un piège ? je réplique en soupirant. Ils n'ont tout de même pas pu orchestrer un piège des années auparavant, juste pour t'attirer dans une maison.
— Si.
Il se la joue un peu dramatique celui-là.
— Tu devrais allée te coucher, reprend-il en s'assaillant sur son fauteuil. Je vais appeler le peu de Hawk que j'ai encore en Italie pour qu'ils aillent voir au treize rue Zovinchi, et on sera fixé.

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L'assassin de mon frère
ActionHélia vient de perdre son frère, mystérieusement tué lors d'un soir d'été. Anéantie, elle enquête sur la mort de Liam mais celui-ci semble être lié à des personnes dangereuses. Au milieu de tout ça, les souvenirs d'enfance qu'elle tente d'enfouir re...