Chapitre 38/

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La pièce est assez spacieuse : un ventilateur est attaché au plafond, un grand miroir est sur notre droite et deux lits sont côte à côte mais j'en aperçois un troisième un peu plus loin. Il y a aussi des cadres accrochés un peu partout et une table ronde à côté d'une fenêtre en pied.

Je tourne la tête vers un petit couloir qui donne sur deux portes. J'en ouvre une et arrive sur une cuisine toute équipée, tandis que l'autre porte est la salle de bain et les toilettes.

Je retourne dans la pièce principale où je vois mon sac vert flashy posé sur le lit au fond de la pièce. Félix est encore en train d'écrire sur son téléphone pendant qu'Éloi enlève sa veste en jeans en soupirant.

Je saute sur le matelas qui m'est destiné et regarde le plafond blanc intensément. Je sens déjà que la journée de demain va être épuisante.

— Tu devrais dormir ma poule, on se lève dans quelques heures.

Je tourne mon visage vers Félix qui est maintenant en caleçon et j'éclate de rire en fermant immédiatement les yeux.

— Félix ! Je vais faire des cauchemars !

— Oh arrête, tu m'as déjà vu en caleçon.

Éloi hausse un sourcil en nous regardant et je me redresse pour dire que c'était hier quand il était couvert d'herbes, et pas une autre fois dans un autre contexte.

Pourquoi je me justifie ?

— Je sais que tu es folle de moi, Hélia chérie, dit Félix en m'envoyant un bisou volant.

Je n'avais pas vraiment fait attention mais sur sa peau blanche, au niveau de son cœur, il y a un aigle tatoué.

— Mais bien-sûr mon Félix chéri, je réponds en lui retournant son baiser.

Éloi rit en nous entendant puis il enlève son tee-shirt blanc et se retrouve torse nu devant moi. La vue est plutôt agréable : il a de grandes épaules et son torse est tatoué de partout mais je peux quand même voir ses muscles.

— Ben dit donc, il y en a une qui se rince l'œil ! s'exclame Félix en s'allongeant sur son lit.

Mais quel emmerdeur celui-là.

— Vous n'avez qu'à ne pas faire de strip-tease ici, je réplique un peu honteuse, il y a des pièces pour se changer.

Félix souffle dramatiquement et je prie pour qu'Éloi ne fasse pas de commentaire mais celui-ci dit en ricanant :

— Il y a plus de choses à regarder chez moi que chez toi, morveux.

Félix est plus svelte qu'Éloi mais il garde tout de même un bon paquet de muscles.

J'ouvre un œil et vois mon ami lancer un regard noir au métisse qui s'assoit sur le lit juste à côté. Au moins je ne suis plus au centre de l'attention. Je m'allonge ensuite sous la couette et me retourne vers le mur. Je vais enfin pouvoir dormir !

— Hélia ! s'exclame Félix. Défends-moi, on est censé être ami !

Je me retourne vers les deux mafieux avec un soupir exaspéré mais le gamin me regarde avec les bras croisés tandis qu'Éloi me sourit de toutes ses dents.

— Je suis ici pour dormir, pas pour débattre sur votre concours de muscles.

Je n'ajoute rien et m'enfonce sous ma couette en les entendant rire. Ils peuvent être de vrais gamins quand ils le veulent.



Du bruit me fait tourner la tête vers les garçons mais j'aperçois alors un visage trop près de moi avec des cheveux noirs et blancs. Félix éclate de rire en m'entendant grogner mais je l'ignore et remets correctement ma capuche sur ma tête.

— Debout ma poule.

Une porte s'ouvre brutalement dans mon dos et j'entends alors la voix du chef des Hawk :

— La gamine n'est toujours pas levée ?

— Il est tôt, Léo, réplique Colin.

Bizarre. Colin prend ma défense.

— Hélia dépêche-toi, je ne suis pas d'humeur à être patient.

— Tu n'es jamais patient, je marmonne en me redressant.

J'ouvre les yeux en baillant mais les quatre mafieux me regardent : Félix me sourit gentiment en coiffant ses cheveux bicolor et Éloi se brosse les dents en mettant une chemise.

Je vois ensuite Colin qui est habillé tout en noir - ça ne change pas de d'habitude - prendre les trois sacs posés dans un coin de la chambre et repartir sans plus de cérémonie. Je souffle en me relevant du lit où je n'ai passé que trois pauvres heures, puis file aux toilettes.

Je vide ma vessie en me frottant les yeux, puis je reviens dans la pièce principale et enfile mes baskets en silence. Les garçons sont déjà partis, il ne reste plus que moi dans la chambre.

Et dire qu'il y a cinq minutes, j'étais en train de dormir.

Je ressors de la pièce en marchant assez lentement et une fois dans le couloir, je sens un bras venir se mettre sur ma gorge pour m'étouffer. Je pousse un petit cri de surprise et sans attendre, je balance mon poing vers mon agresseur qui me tient dos à lui.

Putain mais où sont les autres !?

— Si c'était un ennemi, tu serai déjà morte, me chuchote une voix rauque à mon oreille.

Léo me lâche et je me retourne face à lui en le regardant avec rage.

— Je me demande si ce n'est pas toi, l'ennemi ! Pourquoi tu as fait ça !? J'ai cru que tu allais m'étouffer !

— Arrête de crier, il y a des gens qui dorment dans cet hôtel, réplique-t-il en m'embarquant avec lui jusqu'à l'ascenseur.

Le chef appuie sur le bouton et je croise mes bras sur ma poitrine en le fixant avec un regard mauvais : il est habillé d'un gros pull vert foncé et ses cheveux sont encore ébouriffés.

— Il faut que tu sois préparée à combattre en toutes situations, chérie, reprend Léo avec un sourire moqueur.

— Oui mais pas dès six heure du matin, chéri.

Je n'aurai jamais pensé dire un jour « chéri » au chef des Hawk.

J'entre vite dans l'ascenseur mais Léo reste dans le couloir et je comprends qu'il est surpris par son petit surnom. J'en profite alors et appuie sur la touche pour que les portes se referment avant qu'il ne puisse rentrer dans la cabine.

J'ai le temps de voir ses yeux azur s'assombrir en me voyant lui faire un signe de la main pour lui dire au revoir, puis l'ascenseur commence à redescendre les étages. Je ris toute seule en l'imaginant devoir tout descendre à pied ; il doit être en train de dire les pires gros mots du monde.

Les portes s'ouvrent et je file vers la sortie pour retrouver la voiture et les garçons. J'arrive sur le parking en les voyant immédiatement. En même temps ce sont les seuls personnes devant l'hôtel à cette heure-là.

J'arrive près d'eux et Colin me demande où est Léo en zieutant derrière moi.

— Il arrive. Je ne sais pas pourquoi mais il a voulu prendre les escaliers.

Félix ouvre ensuite l'une des portières de la voiture pour s'asseoir sur un siège, les jambes dans le vide. Quant à Éloi, il boit un café dans un gobelet et Colin est déjà en train de fumer.

Quelques instants plus tard j'aperçois le chef arriver, son téléphone à l'oreille et un air énervé collé au visage.

Je me cache derrière la première personne que je vois, qui est Éloi, et celui-ci me lance un regard amusé en me demandant ce que j'ai fait. Je souris mystérieusement et reste dans son dos en entendant la voix de Léo se rapprocher.

Colin jette son mégot par terre en l'écrasant et monte à son tour dans la voiture mais au même moment, le chef se plante devant moi et me dit :

— Tu es une femme morte.

Il continue ensuite sa discussion téléphonique sans aucun soucis et Éloi me lance un regard mi-amusé, mi-surpris, puis me fait signe de monter dans la voiture.

L'assassin de mon frèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant