Chapitre 68/

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On descend tous du jet, Blue et Léo ne se parlent toujours pas. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre eux pendant que j'étais avec Ben mais apparemment, ça a dû être sérieux. Il y avait une ambiance horrible pendant une heure entière.

Mais on est enfin sorti ! Je lève les yeux vers le ciel bleu et souris toute seule, je suis contente d'être de retour à Edeny.

— Avance ma poule, tu bloques le passage avec ton air niais.

Je me retourne d'un geste vif vers Félix qui me fait un clin d'œil mais je lui tire la langue avant de me remettre à marcher, mon sac vert fluo à la main. Je ralentis un tout petit peu pour me mettre à la même vitesse que mon ami, puis je regarde derrière nous avant de lui demander :

— Pourquoi Léo et Blue se font la tête ?

— Tu es une vraie commère.

— Je veux juste être au courant, Félix chéri.

Ledit Félix ricane tout en marchant vers le grand hall de l'aéroport, puis c'est à son tour de se retourner vers les autres mafieux derrière nous, avant de me déclarer :

— Blue en a marre que son frangin découche, surtout pour passer la nuit avec une femme d'un autre clan.

Ah...c'était donc pour voir une fille. Encore.

— Les relations inter-clans sont interdits ?

Félix met sa main sur mes épaules pour me serrer contre lui dans un geste affectueux et me dit :

— Pour toi non, pour Léo oui. C'est l'ancien chef, Alann, qui a décidé ça pour qu'aucune femme extérieure aux Hawk n'approche Léo afin de lui soutirer des informations. Une traîtresse, donc.

— Mais il peut aussi avoir des traîtres chez les Hawk, non ? je renchéris.

— Ne parle pas de malheur, me coupe Félix en se crispant.

— Même une Hawk peut essayer de se rapprocher de lui parce que c'est le chef.

— Oui mais dans ce cas, ce n'est pas une traîtresse, seulement une personne cupide.

— Et c'est mieux ? fais-je avec une moue dégoûtée.

— Dans un sens, oui.

Je secoue ma tête en regardant Félix me sourire tristement puis il rajoute que ça reste horrible mais heureusement pour nous, Léo sait reconnaître les mauvaises des bonnes personnes.

On arrive ensuite dans l'immense hall de l'aéroport d'Edeny et j'aperçois au loin une silhouette familière : Katerina, qui est accompagnée d'un autre homme. Un petit cri de joie derrière nous confirme ma pensée, puisque je vois Blue lâcher ses bagages pour se précipiter dans les bras de sa mère.

On avance tranquillement dans la même direction mais d'ici, j'entends mon amie rapporter à sa mère que Léo a été méchant avec elle. Je ris sous cape en la voyant faire des petits yeux pour amadouer Katerina, puis je m'arrête pour refaire l'un de mes lacets.

Quand je me relève, tous les mafieux sont autour de Katerina et de l'autre homme, que je ne connais pas, et ils font un à un, un câlin à la mère de Blue. Je fais deux pas, m'arrête, puis je recommence.

Est-ce que je suis aussi censée l'embrasser ? Pour une fois, l'envie de ne manque pas et il faut dire qu'elle m'a aussi un peu manquée. Mais de là à lui faire un câlin ? Et si elle me rejette ?

J'arrive finalement à leur niveau, les yeux collés à mes baskets, les mains crispées sur mon sac flashy et le cœur qui bat un peu plus vite à cause du stress.

— Viens ici Hélia, tu fais aussi partie de la famille.

Je relève mon visage vers Katerina qui me sourit en s'avançant pour me prendre dans ses bras. J'entends Léo râler mais Blue le fait taire, alors j'encercle sa mère avant de me reculer de quelques pas, les joues un peu chaudes.

L'autre Hawk s'approche de moi, il parait un peu plus âgé que moi malgré ses traits asiatiques.

— Salut, je suis Enzo.

Il me tend une grande main que je serre avec un petit sourire tout en me présentant à mon tour. Son regard s'accroche au mien et j'ai le temps de voir la couleur vert clair de ses pupilles avant que nos yeux ne se quittent.

Je reprends mon bagage et recommence à marcher tranquillement vers la sortie de l'aéroport. J'aperçois à travers les nombreuses fenêtres que le soleil est en train de baisser dans le ciel tandis que la lune monte.

Je sors la première du grand aéroport et profite d'une brise légère. Je suis toujours vêtue de la chemise d'Éloi qui permet à l'air de s'infiltrer à travers pour me rafraîchir. Je me retourne pour attendre les autres qui sont bien loin, alors je continue de marcher vers le parking.

Quelques mètres plus loin, je me retourne une nouvelle fois et aperçois au même moment le visage inquiet de Colin tandis qu'il tire Léo par la manche. Il lui montre quelque chose au loin et je tourne ma tête vers ce qu'il pointe : deux voitures noires aux fenêtres blindées arrivent à toute vitesse dans notre direction.

Immédiatement, l'atmosphère change et mon cœur s'arrête pour ensuite se remettre à battre plus rapidement.

— Hélia ! Reviens tout de suite ! hurle Colin derrière moi.

Mes jambes sont paralysées pendant que je comprends ce qu'il est en train de se passer. Ce sont des méchants ? Ils nous attaquent ? Ou c'est juste une fausse alerte et on prend peur pour rien ?

Une main attrape violemment mon poignet et je me fais tirer en arrière. Malheureusement les voitures se rapprochent de nous à une allure folle et je commence seulement maintenant à savoir réutiliser mes jambes.

Je lance un œil devant moi pour voir les autres Hawk leur arme à leur main. S'ils réagissent comme ça, ça veut dire que ça doit être grave. Je regarde la main bronzée qui me serre toujours le poignet, puis la distance qui nous sépare de la porte du hall ; il doit bien nous rester quelques mètres à parcourir.

J'entends ensuite les voitures freiner violemment et la main de Léo me fait m'arrêter dans ma course. Je me tourne vers lui pour lui dire de courir mais il a déjà son pistolet entre ses doigts tandis qu'il me lance un regard furtif.

Mon cœur cogne à présent dans ma cage thoracique, mon souffle est saccadé et je crois que j'ai perdu mon sac vert.

— Ne tombe pas dans les pommes, me souffle Léo.

L'instant d'après, des hommes descendent des voitures noires, tous camouflés de la tête aux pieds, mais dans la même seconde, la main de Léo me tire d'un geste vif vers lui. On se réfugie derrière une voiture grise à côté de nous et on s'accroupit dos aux portières.

Je regarde droit devant moi sans rien comprendre à la situation, puis j'entends alors des détonations de balles siffler dans les airs.

On nous tire dessus.



L'assassin de mon frèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant