Chapitre 71/

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Point de vue de : Colin

°

Je relis encore une fois le livre préféré de Nestora en me retenant de soupirer ; je lui ai acheté d'autres livres pour enfants mais elle insiste pour que je lui lise toujours le même. Son côté têtu ne vient certainement pas de moi.

— Papa ?

Son petit visage aux tâches de rousseurs se tourne vers moi et je la tiens fermement pour qu'elle ne tombe pas de mes genoux tandis qu'elle gesticule dans tous les sens.

— Est-ce que la gentille madame va mourir ? continue-t-elle en essayant de chuchoter.

Je soupire avec un rictus au coin des lèvres et regarde devant moi : Hélia est allongée dans son lit, les paupières fermées et les cheveux éparpillés sur son oreiller. À cause de ce qui s'est passé hier soir, elle et Félix ont besoin de reprendre des forces, mais Dieu merci, ils n'ont rien de grave.

— Elle ne va pas mourir, elle se repose juste. Et son prénom est Hélia, crapule.

Blue a passé la nuit à côté de la miss pour être sûre qu'elle aille bien et Éloi en a fait de même avec Félix. Tandis que Léo fumait de rage dans son bureau, radotant sur le fait qu'il allait tuer Paolo pour avoir osé donner l'ordre de nous attaquer.

Nestora se remet correctement sur mes genoux et je continue la lecture de son livre, jetant quelques coups d'œil à Hélia qui dort profondément. C'est à mon tour de la surveiller pendant que Blue prend sa douche avant de passer voir Félix dans sa chambre.

Heureusement qu'Hélia a vu Nestora et l'a prise avec elle. Je ne sais pas ce que j'aurais fait si elle avait été touchée par l'une des balles des Avorio... Je ne peux pas la perdre elle aussi, en plus de Clarisse.

La miss bouge dans son lit et ouvre lentement ses yeux, en les clignant plusieurs fois. Aussitôt Nestora gesticule pour essayer de descendre de mes jambes et je l'aide un peu en la posant par terre. La crapule trottine jusqu'au lit et grimpe plutôt aisément dessus pour rejoindre Hélia qui se frotte les yeux en silence.

— Salut miss, fais-je pas trop fort pour ne pas lui faire peur.

La jeune femme se redresse sur ses coudes en me faisant un petit signe de la main puis Nes' se jette sur elle en riant. Ma fille est vraiment remplie de joie de vivre, toutes situations confondues.

Le visage d'Hélia change et se crispe en voyant un petit corps atterrir sur elle puis elle me regarde un peu paniquée. Avec un ricanement, je m'avance vers le lit et attrape Nestora avant de la mettre sur mes épaules en l'entendant rire. Je sais qu'elle aime bien être tout là-haut, ça l'amuse.

— Désolée, marmonne Hélia, je n'ai pas vraiment l'instinct maternel.

— Dixit la femme qui a protégé un enfant à la place de fuir pour sauver sa vie.

Je reste debout face au lit pendant que Nes' tripote mes cheveux noirs, initialement attachés en chignon. La miss passe une main sur sa nuque, un peu gênée, alors je reprends d'une voix sincère :

— Merci d'avoir sauvé ma fille en la protégeant de la balle. Je suis désolé que tu sois blessée.

Le visage d'Hélia change et elle met ses mains devant elle en les secouant tout en me répondant que je n'ai pas à la remercier, que c'est une réaction normale que tout le monde aurait eue.

— Merci madame Hélia ! répète la fillette sur mes épaules.

La brune rit un peu gênée et lui dit de l'appeler seulement Hélia. Je souris en la voyant tripoter un bout de sa couette puis je récupère le livre de Nes' et repars de la chambre sans un mot.

Je redescends au salon, toujours Nestora sur mes épaules, et on croise Éloi qui affiche une mauvaise mine, alors je fais descendre ma fille sur la terre ferme et lui demande d'aller jouer avec son camion de chantier un peu plus loin.

Nes' est obsédée par les jouets de chantier, elle m'a même dit qu'elle voulait devenir grutière. Enfin c'était avant qu'elle m'annonce qu'elle voulait faire pareil que Blue en me montrant une page de magazine où la mafieuse apparaissait en première page.

— Éloi ? je l'interpelle en étant sûr que Nestora n'entende pas la suite.

Le métisse se tourne vers moi et me fait un petit sourire triste avant de déclarer :

— J'ai enfin réussi à faire parler l'Avorio. Enzo y a passé toute la nuit et j'ai pris la relève ce matin.

— Pourquoi tu tires cette tête alors ?

— Les informations ne sont pas bonnes.

Il ouvre ensuite la porte du bureau de Léo qui est debout devant les fenêtres donnant sur une étendue verte. Je jette un dernier regard à Nestora qui essaie de rentrer en communication avec Katerina puis je referme la porte derrière moi.

— L'Avorio a parlé, commence Éloi en s'assaillant sur l'un des fauteuils.

Léo se tourne vers nous et je vois maintenant qu'il tient une cigarette entre ses lèvres.

— Je vais aller droit au but, fait le métisse. Paolo veut revenir en France.

Bordel, tu m'étonnes qu'il tire cette tête.

Je me tourne vers mon meilleur ami mais ses yeux sont fixés à son bureau, de la fumée s'échappe de sa bouche mais il n'y a aucun réaction sur son visage. Je croise mes bras contre mon torse en attendant l'orage - parce que je sais que le coup de tonnerre va arriver.

Et ça ne tarde pas, une seconde plus tard, Léo donne un énorme coup de pied dans son bureau, faisant relever Éloi du fauteuil juste devant. Je continue de le fixer, retenant un commentaire, mais je me tais et attend qu'il finisse sa crise.

— Putain, je n'en peux plus de ce connard, murmure-t-il en se laissant tomber sur sa chaise, les yeux dans le vide.

Ça me fait presque de la peine de le voir comme ça, d'habitude il ne laisse personne voir ses émotions, même pas à moi. Il doit être vraiment fatigué de devoir se battre contre le chef des Avorio.

— On réglera ça après avoir trouvé l'assassin de Liam, fais-je en m'approchant de lui.

— Le tireur a donné plus de détails ? renchérit le mafieux en regardant Éloi.

Celui-ci secoue sa tête puis rajoute quelques secondes après qu'on peut faire d'une pierre, deux coups :

— Le meurtrier est un Avorio, on le retrouve puis on le tue, et on s'occupe de Paolo en même temps.


L'assassin de mon frèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant