L'assassin de mon frère

Chapitre 75/

Point de vue de : Hélia

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Je reste assise sur le canapé pendant que Colin s'en va à la suite de Léo. J'ai comme une impression de déjà-vu. On était tous dans nos pensées lorsqu'il s'est levé d'un coup avant de partir à toute vitesse dans son bureau.

Je jette un œil vers la porte de celle-ci dont laquelle sortent Katerina et Nestora, main dans la main tandis qu'elles se dirigent vers la cuisine.

— J'imagine qu'il a dû trouver quelque chose, marmonne Blue en touchant ses longs cheveux blancs.

Je lance un regard vers mes amis avant de me lever doucement du canapé pour me diriger vers le bureau du Hawk, pas trop sûre de ce que je suis en train de faire. La porte n'est pas fermée, alors j'arrive à voir Colin de dos qui discute avec Léo.

Après avoir pris une grande inspiration, je me décide à ouvrir la porte en grand et d'entrer dans la pièce. Léo m'aperçoit alors et me fixe jusqu'à ce que Colin se retourne vers moi. Je pince mes lèvres en silence mais le bras droit finit par dire en ricanant :

— Pourquoi tu fais la timide, miss ? Approche.

Je lui souris en soufflant par le nez devant son air amusé puis je m'arrête à côté de lui, juste devant Léo. Le blond regarde son ami, puis me regarde avant de lever ses yeux en l'air.

Qu'est-ce qu'il a encore celui-là ?

— Léo, explique-lui, fait Colin avec un geste de la main.

— Pourquoi ? Je lui dirais en même temps que tout le monde.

— Dépêche-toi.

J'ouvre grand les yeux en levant mon visage vers les deux colosses et leur conversation rude. Les mafieux se regardent mais Colin a un sourire aux coins des lèvres, comme pour narguer le blond qui soupire en croisant ses bras sur son torse.

— Mon père connaissait la mère de Paolo, commence-t-il.

Juste en l'entendant, je sais qu'il sélectionne chacun de ses mots, j'arrive même à le voir penser à sa prochaine phrase :

— Il a fini par l'exiler en Italie.

— C'est sévère, je murmure.

— Elle le méritait, me chuchote Colin.

Léo claque des doigts devant mes yeux pour que j'arrête de faire des apartés, puis il reprend :

— Paolo est parti la retrouver quand mon père est mort. Je l'ai fait suivre mais j'ai perdu sa trace il y a quelques années, alors je veux savoir jusqu'où mon vieux a réussi à suivre cette femme. Peut-être que je trouverai d'autres informations sur eux en même temps.

— Mais si tu découvres sa localisation qu'avait trouvée ton père, ça doit dater de plusieurs années ? je le questionne en fronçant mes sourcils.

— Je sais. J'aurais dû m'en occuper à mes débuts.

Colin lui donne une petite tape sur l'épaule et Léo reprend en me disant qu'il va tout de même essayer de voir où cette femme se situait et si ça coïncide avec la localisation de Paolo dernièrement.

— Est-ce que Paolo bougeait beaucoup quand Enzo le suivait ? demande Colin au blond.

— Non il est resté dans le sud pendant tout ce temps.

— Il savait qu'il était observé ?

— Je n'en sais rien.

On reste ensuite tous les trois silencieux, réfléchissant à comment est-ce qu'on peut s'y prendre. Même si l'idée de Léo est la meilleure jusqu'ici, ce n'est pas la plus fiable et il le sait. Mais pour l'instant, on n'a pas d'autres choix. Et puis il a raison, on pourrait trouver quelque chose dans les dossiers de son père.

Un gros bruit me fait sursauter et je me tourne vers le blond qui vient de poser des énormes classeurs sur son bureau avec un air déjà fatigué sur le visage.

— Au boulot.

Félix retire ses lunettes de son nez en se frottant les yeux. Je lui lance un rapide regard avant de me replonger dans les documents sans fin de l'ancien chef des Hawk. Ça fait deux jours qu'on inspecte les dossiers et je commence aussi à être fatiguée. Mais il faut que je tienne bon.

— Ma poule, tu ne veux pas qu'on aille se coucher ?

— Tu as besoin de moi pour te border ? je réplique sans le regarder.

Félix pousse un grognement en repoussant le tas de feuille devant lui, faisant soupirer Léo à l'autre bout de la table. Ce soir on est juste tous les trois : Blue et Colin ont eu une urgence dans leur branche, quant à Éloi, il est parti à Prolensa jusqu'à demain. Et la petite Nestora est retournée chez ses grands-parents.

— Il est plus d'une heure du mat' alors je vais dormir, déclare solennellement Félix en se relevant de sa chaise.

J'aperçois Léo lui faire un signe de la main pour lui dire de partir, ce qui choque mon ami qui prend un air outré. J'envoie alors un baiser dans les airs à Félix qui me le rend avant de repartir de la salle à manger pour monter dans sa chambre.

Je mets la capuche de mon pull sur ma tête et continue d'éplucher les dossiers des Hawk. Les minutes passent jusqu'à ce que je m'aperçoive que je relis la même phrase sans m'en rendre compte. Je ferme les yeux un instant puis me relève pour aller me faire une tasse de café.

— Léo, tu veux un caf..., fais-je avant de m'arrêter.

Le mafieux dort paisiblement, un bras posé sur la table où sa tête repose dessus, le visage détendu. Je le regarde quelques secondes : ses cheveux blonds sont éparpillés sur son front, ses sourcils sont décontractés et ses lèvres ne sont plus crispées.

Il est plutôt mignon comme ça, il a l'air sage. Je le réveille ? Non, il vaut mieux que je le laisse se reposer, c'est lui qui s'est le plus donné dans les recherches.

Je vais silencieusement dans la cuisine pour me préparer une boisson énergisante, en profitant pour regarder les dernières nouvelles sur mon téléphone. Quand je retourne dans la salle à manger, Léo dort toujours, respirant doucement par la bouche.

Je retiens un petit rire et j'en profite pour le prendre en photo avant de l'envoyer à Blue. Je me rassois sur ma chaise en buvant quelques gorgées de mon café brûlant mais Léo bouge un peu et je lui jette un regard distrait. Je comprends alors qu'il grelotte légèrement en fronçant ses sourcils.

Il fait un cauchemar ? Ou il a juste froid ?

Dans le doute je vais chercher un plaid sur le canapé et le recouvre du mieux que je peux avec le tissu. Mais Léo bouge encore une fois dans son sommeil, disant par la même occasion des mots incompréhensibles et la couverture retombe de son épaule.

Je retiens un rire devant son air de petit garçon innocent et remets le plaid en m'assurant qu'il soit bien mis. Mais juste avant de ne retourner sur ma chaise, je m'attarde un instant sur le visage bronzé du mafieux.