L'assassin de mon frère

Chapitre 6/

Quelques minutes plus tard, Éloi revient avec les sourcils froncés et il semble tendu. Sa conversation avec ce fameux Colin a dû mal se passer.

Puis, comme tout le monde a fini leur desserts, Anto s'en va payer tandis qu'Éloi part aux toilettes, laissant Val', Maddy et moi à table.

— Tu viens à l'after, Hélia ? me demande la grande brune.

— Non je pense que je vais rentrer mais merci pour l'invitation.

— Tu es sûre ?

Je hoche la tête avec un petit sourire aux lèvres et mon amie n'insiste pas plus.

Pendant qu'elle et Valentin se questionnent dans quelle boîte ils vont finir la soirée, quelque chose vibre à côté de moi. Je jette un coup d'œil à mon téléphone dans ma poche mais il n'y a aucune notification, alors je regarde un peu plus loin et vois celui d'Éloi bien en évidence sur la table.

Ne me dites pas qu'il l'a laissé là.

Une autre secousse parcourt le téléphone et je serre mes poings pour ne pas céder à la tentation. Liam m'a toujours dit que la curiosité était autant une qualité qu'un défaut : j'en suis la preuve vivante.

Je jette un coup d'œil aux deux meilleurs amis qui sont en train de planifier leur plan et tends discrètement la main vers le téléphone du tatoué. Je tourne ensuite l'écran vers moi et lis les messages :

COLIN : Réponds pas à ses questions, sinon il va encore péter un câble.

COLIN : J'arrive dans 10 min, on se rejoint un peu plus loin pour pas qu'ils me voient.

Je n'ai même pas le temps de réfléchir sur l'identité de ce type, que Val' me demande ce que je fais. Je relève la tête vers lui et mon cœur s'emballe. Mes deux amis me fixent en attendant ma réponse.

— Je...je regardais l'heure. Mon téléphone n'a plus de batterie.

Ils se contentent de mon explication puis continuent leur discussion tranquillement.

Je l'ai échappée de justesse.

Alors que l'adrénaline redescend, ma tête fourmille de questions. Pourquoi Éloi ne devrait-il pas répondre à mes questions ? Qui est Colin ? Et pourquoi il ne veut pas qu'on le voit ?

Je n'ai pas le temps de me pencher un peu plus sur la question qu'une main se pose sur mon épaule, me faisant sursauter par la même occasion.

— Hélia tu viens ? Je te raccompagne.

Mes yeux croisent ceux d'Anto et j'attrape mon sac avant de le suivre. Une fois dehors, je suis prise d'un frisson et regrette de ne pas avoir mis de manteau. Je mets la capuche de mon pauvre sweat noir sur ma tête et embrasse Maddy sur les joues pour lui dire au revoir.

— Tu es sûre de ne pas vouloir venir avec nous ? On sera juste tous les trois, me chuchote-t-elle.

— Certaine, fais-je un petit sourire.

— Une prochaine fois, alors ? me demande Valentin avec un clin d'œil.

J'acquiesce puis les deux meilleurs amis disent au revoir au reste du groupe avant d'appeler un taxi. Je me retourne et vois Antoine dire quelque chose à Éloi, les sourcils froncés, et je remarque seulement maintenant qu'ils font la même taille.

Je regarde les rues éclairées par les lampadaires ; la nuit est déjà tombée. Éloi rentre soudainement dans mon champ de vision pour me dire au revoir et je marmonne une réponse mais un éclair de génie me traverse.

Ce mystérieux Colin doit venir le chercher. Je n'ai qu'à les suivre pour savoir son identité ! Ils vont même peut-être rejoindre leurs amis à qui je pourrai demander des renseignements !

Après m'avoir saluée, le tatoué s'en va par la droite et je fais semblant de recevoir un appel au même moment.

— Allô, Docteur Martin ?

Évidemment, personne ne me répond et j'attends quelques secondes avant de soupirer en disant d'attendre à mon interlocutrice imaginaire. J'éloigne mon téléphone de mon oreille et me rapproche d'Antoine.

En même temps, je regarde discrètement vers la direction qu'a prise Éloi et je le vois tout juste tourner à droite au coin de la rue.

— C'est ma psychologue, ça ne te dérange pas si je m'éloigne un peu pour répondre ? C'est urgent, je crois qu'elle accouche.

Les yeux du blond s'écartent de surprise et hoche vivement la tête en me demandant s'il doit lui appeler une ambulance.

J'y suis peut-être allée un peu fort sur le mensonge...

Je lui fais un signe de tête négatif et remets mon téléphone à mon oreille. Je dis quelques phrases sans intérêt puis je me mets à avancer dans la même direction qu'Éloi.

Je fais de grands pas en essayant de marcher le plus vite possible sans en avoir l'air. J'espère qu'il n'est pas trop loin sinon tout mon plan tombe à l'eau. J'arrive enfin à l'intersection et tourne à droite en rangeant mon téléphone dans ma poche. Plus besoin de faire semblant.

Mes yeux sont à l'affût pour tenter de trouver le mafieux mais heureusement je le vois adossé contre le mur du trottoir d'en face.

OK, première étape réussie.

Je me courbe derrière une voiture pour l'observer mais des gens passent à côté de moi et me regardent comme si j'étais folle. C'est peut-être le cas.

Une minute s'écoule et toujours rien.

Je soupire en me disant que je devrais laisser tomber mais, comme un signe du destin, un type avec un blouson en cuir s'avance vers Éloi. Je n'arrive pas à voir son visage car il fait trop noir mais il a les cheveux attaché en queue de cheval.

Le type se tourne pour commencer à marcher et je reconnais immédiatement son visage.

Ce n'est pas vrai... C'est lui. Le bras droit du chef des Hawk.

Je mets quelques secondes pour reprendre mes esprits. Cette histoire devient de plus en plus dangereuse. Mais c'est pour Liam que je fais ça. Si je veux élucider son meurtre je dois bien prendre des risques.

Je commence à marcher à mon tour et les suis à distance, toujours sur le trottoir d'en face pour qu'ils ne me voient pas. Je renfonce ma capuche sur ma tête en me félicitant d'avoir mis des habits foncés ; je me fonds parfaitement avec le décor.

Alors que je commençais à me dire que c'était facile de jouer à l'espion, j'aperçois un panneau m'annonçant des travaux sur mon trottoir.

Je traverse la route et essaie de ne pas faire de bruit tout en rasant le mur. Je continue de les suivre mais ils ont ralenti, alors je me dépêche de faire de même pour ne pas qu'ils me remarquent.

Mais comme s'il m'avait sentie, le bras droit des Hawk se retourne brusquement pour scruter les horizons.

Oh punaise.

Je m'arrête net et m'appuie contre le mur, en faisant comme si j'attendais quelqu'un. Mon cœur bat à une vitesse folle et je ferme les yeux en essayant de me rassurer.

Tout va bien, il y a juste le bras droit du mec le plus dangereux d'Europe qui peut s'apercevoir que je les suis. Mais ça va.

Je compte ensuite jusqu'à cinq et décide de regarder si la voie est libre.

Les deux Hawk ont repris leur marche mais ils ont l'air de se disputer. Je n'y tiens pas compte et les regarde tourner à gauche. Je trottine pour rattraper mon retard et m'arrête à l'intersection des deux murs pour évaluer la distance entre eux et moi.

Je regarde en face de moi mais ils n'y sont pas, alors je scrute l'autre trottoir mais ils n'y sont pas non plus. Je cligne des yeux plusieurs fois, ils n'ont pas pu disparaître comme ça ? Je continue d'examiner la rue mais sans succès : ils se sont évaporés.