L'assassin de mon frère

Chapitre 20/

Je suis en train de lire un des livres que j'ai trouvé sur les étagères de ma chambre quand quelqu'un toque à la porte. Je me tourne vers celle-ci mais je n'ai pas le temps de dire quelque chose que Félix entre déjà.

Mais il se prend pour qui, celui-là ?

— Normalement il faut attendre que la personne te dise « entrez », fais-je irritée.

Le jeune homme s'avance vers moi en passant une main dans ses cheveux moitié blanc, moitié noir, mais je l'ignore royalement et retourne à ma lecture.

— C'est l'heure de manger, ma poule !

Je soupire lourdement face au gamin mais je retiens un petit rire malgré moi : il ne va jamais arrêter de m'appeler par ce surnom. Félix ne bouge toujours pas d'un pouce et reste devant mon matelas. Ses yeux gris pétillent de malice et il sourit en voyant que je capitule.

Je dépose le livre sur la table de chevet et sors de la chambre, suivie par le Hawk. Mes pieds nus sur le plancher ne font aucun bruit et je jette un œil derrière moi. Sans les semelles de mes chaussures j'ai l'air encore plus petite mais Félix n'est pas aussi grand que les deux autres colosses, alors je n'ai pas l'air d'un minimoys avec lui.

On arrive dans le salon que je traverse pour entrer dans la salle à manger. Je passe en dessous de l'arche et débouche sur une pièce neutre mais bien décorée : il y a quelques plantes dans les coins et deux tableaux sont aux murs.

L'énorme table acajou me fait face et Colin y est déjà attablé, son téléphone à la main. Je reste debout sans savoir où m'asseoir et Félix prend la première chaise et s'y installe. Il me lance un coup d'œil puis me fait un léger signe de tête pour que je vienne à côté de lui.

Soulagée, je tire la chaise et m'y installe en silence. Ce gars a l'air d'être quelqu'un de fiable et même si son comportement est clairement enfantin, il me fait rire malgré moi. Et puis, il a essayé de me consoler tout à l'heure dans la voiture.

Et c'est le seul Hawk de cette maison à ne pas ressembler à un vrai mafieux. Enfin, il y a aussi Éloi qui est gentil, mais Colin et le chef Léo sont eux, des mafieux à part entière.

Des bruits de chaises me font relever la tête et je vois justement le métisse s'asseoir à son tour autour de la grande table. Je suis entourée de mafieux pour...manger.

C'est irréaliste.

Éloi est installé juste en face de Félix, laissant la place en bout de table entre Colin et moi vide. Dans la seconde qui suit, la femme de tout à l'heure - Katerina - arrive dans la pièce avec une marmite fumante.

Au même moment, le chef des Hawk s'asseoir sur la chaise à ma gauche, en bout de table. Katerina pose ensuite la marmite sur la nappe et je vois alors derrière son oreille un petit aigle tatoué.

Je reste surprise quelques instants mais finalement, ce n'est pas si choquant : Katerina travaille ici donc elle devait forcément être une Hawk.

— Gracias tía, fait le chef en la regardant.

Celle-ci lui sourit affectueusement puis elle se détourne du chef. Je sais que « gracias » veut dire « merci » mais « tia » veut dire tante, je crois ?

Une main sur mon épaule m'arrête dans mes pensées. Je lève les yeux vers la femme à côté de moi et je sens mon corps se crisper devant son geste.

— Ne vous en faites pas madame, les enfants sont très bien traités. N'est-ce pas Hélia ?

Elle baisse la tête vers moi et me regarde de ses yeux noirs. Elle me terrifie. Sa main sur mon épaule exerce une pression assez forte, signe que je dois répondre à la dame de l'Aide Sociale.