Chapitre 23/

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Durant toute l'après-midi, je reste dans ma chambre malgré le beau soleil que j'aperçois depuis la fenêtre. J'aimerais bien aller dehors mais je n'ai pas envie de croiser les mafieux. Je n'ai toujours pas digéré le fait que mon frère soit mort en parti à cause d'eux.

Même s'ils le nient, c'est de leur faute : pourquoi ils ont engagé un civil ? Aucun Hawk n'étaient qualifiés pour ça ?

Respire Hélia, tu ne peux pas changer l'histoire.

Docteur Martin me dirait que je ne dois pas laisser la colère me submerger. J'observe quelques secondes la pièce et me dirige ensuite vers les étagères remplies de livres. Lire me changera les idées !

Je parcours les bouquins et tombe sur l'un d'entre eux : Le corps humain et ses secrets, tout ce que j'adore ! J'ouvre sur une page au hasard et m'allonge sur le lit pour trouver une position confortable mais je tombe directement sur l'anatomie du poignet et plus précisément sur ses fractures.

— Qu'est-ce que tu viens de dire, petit con ?!

Liam me pousse derrière lui pour me cacher d'elle. J'ai peur. Une peur paralysante.

— On s'en va ! crie mon frère à la femme devant nous.

Une claque violente vient s'abattre sur la joue de Liam. Je m'exclame de frayeur et il me rassure immédiatement en disant qu'il va bien mais je sais qu'il ment : ses yeux noisette sont terrorisés et sa joue est déjà rouge.

— On part ! Et je m'en fous si tu n'es pas contente !

La voix de Liam s'élève dans la petite pièce et les yeux de la femme se font d'un noir d'encre. Elle le pousse par terre avec violence et j'entends un bruit d'os qui se craque. Mon frère crie sur le sol en se tenant le poignet.

Mes yeux sont fixés sur Liam mais une main glaciale vient me relever le menton. Son visage machiavélique me fait face.

— Sois une gentille petite fille, Hélia, et tu n'auras pas mal. D'accord ?

Ma poitrine me fait mal, une douleur atroce lacère mon cœur. Comment j'ai pu laisser Liam se faire maltraiter sans rien faire ? Je prends l'oreiller et crie de toute mes forces, mais ma rage est vite mêlée à des pleurs.

Pour me calmer, je sors la médaille que j'ai réussi à récupérer dans mon ancien appartement. J'y vois le visage de ma mère, visage que je n'ai jamais eu la chance de voir en vrai. Sans cette médaille, je ne saurai pas qui est ma mère.



La nuit commence à tomber mais je m'en fiche. Mes pieds sont sur le balcon et mon corps allongé sur le sol, toujours en train de lire le livre sur le corps humain, avec en prime un thé au miel que m'a gentiment apportée Katerina. Ma gorge ne me fait plus aussi mal qu'hier mais ça me démange toujours un peu.

Quelqu'un toque à ma porte et je tourne la tête pour voir les cheveux bicolor de Félix dans l'encadrement de la porte. Il m'aperçoit par terre et s'approche doucement avec un petit sourire sur les lèvres. Sans un mot, il s'allonge à côté de moi sur le sol et je reprends ma lecture.

Du coin de l'œil, je le vois fixer le plafond tandis que les oiseaux chantent une dernière fois avant la nuit. Je crois que je commence à apprécier ce gars. Il sait quand il faut se taire et c'est une qualité qui se perd.

On reste comme ça pendant quelques minutes, puis je repose mon livre et croise les bras sur mon ventre en fermant les yeux. Liam me manque. Je dois accepter sa mort mais il faut que je retrouve son assassin pour faire définitivement mon deuil.

C'est pour ça que je suis dans les Hawk. Parce qu'ils ont un lien avec mon frère.

Ça fait longtemps que je n'avais pas été entourée de personnes. Ces types sont peut-être des tueurs mais eux au moins, ils montrent leurs vrais visages.

— Tu aurais dû venir dans le jardin, l'eau de la piscine était super bonne.

La voix de Félix me fait presque sursauter. J'avais oublié qu'il était là !

— Je n'aime pas l'eau.

— Compliqué pour boire.

Je pousse un petit rire et il me fait un sourire complice. Sa blague est nulle mais après l'après-midi que je viens de passer, il faut vraiment que je décompresse. Je touche mon médaillon à mon cou et l'entrouvre pour voir le visage souriant de ma mère.

— Je ne parle plus avec mes parents depuis cinq ans, m'annonce Félix d'un coup.

Je me tourne complètement vers lui mais ses yeux sont toujours fixés au plafond.

— Pourquoi tu me dis ça ? je chuchote.

— Je n'en sais rien. On se connaît depuis moins d'une semaine et pourtant, je suis là, à te raconter ma vie.

Je souris toute seule et lui dis que je l'apprécie aussi. Félix tourne alors son visage vers moi et ses yeux gris me regardent avec un grain de malice.

— Ne me dis pas que tu es amoureuse de moi ! fait-il en ricanant

Je le pousse en riant à mon tour ; ce type ne sait pas être sérieux plus de deux minutes. Je me redresse sur le sol en position assise mais le gamin derrière moi reste allongé.

— Je n'ai plus de parents non plus, dis-je doucement.

Je ne sais pas s'il m'a entendue mais il se redresse en passant une main dans ses cheveux et dit :

— Ça nous fait un point commun, ma poule.

Je rigole tristement et le vent vient soulever mes cheveux de ma nuque, me donnant presque un frisson.

— Avant de rentrer dans les Hawk, je vivais à la rue. Ça devait faire trois ans que je n'avais pas vu mes vieux et pour un gamin de dix-neuf ans, c'était assez dur.

— Mais tu n'as pas de frère et sœur ? je demande.

Félix secoue la tête et je me retiens de soupirer. Il avait aucune raison de ne pas rentrer dans le clan, il vivait à la rue et n'avait plus de famille.

— Tu sais pourquoi je suis chef des taxes commerciales ? reprend-il avec un air plus joyeux.

Je secoue alors la tête devant son air enfantin qui me rappelle Liam, et j'attends sa réponse.

— Déjà parce que je suis intelligent, mais surtout parce que je volais de l'argent au clan.

— Et tu n'es pas mort ? je réplique en riant.

Félix éclate de rire et secoue la tête avant de dire :

— Je me faisais de l'argent sur le dos des commerçants en leur escroquant de quoi me nourrir. Puis un jour un grand métisse tatoué de partout est venu me foutre les chocottes.

Je ricane en pensant à l'image décrite d'Éloi et un silence se crée avant que je ne le brise :

— Donc tu es rentré dans le clan à dix-neuf ans ?

Félix hoche la tête et ses grands yeux gris me regardent.

— Mais tu as quel âge ? je m'étonne en le dévisageant de haut en bas.

— Vingt et un ans.

Comme moi.

Je n'ai pas le temps de répliquer que le chef des Hawk rentre dans ma chambre en furie. Mais surtout sans toquer. Je lance un regard d'incompréhension à Félix qui me le rend.

— Salon. Maintenant, ordonne le chef avant de ne repartir aussitôt.

— Bah putain, il y en a un qui devrait faire de la méditation, maronne Félix tout bas.

L'assassin de mon frèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant