L'assassin de mon frère

Chapitre 69/

Les quelques personnes qui étaient là crient en courant vers l'aéroport mais ce que je vois surtout, ce sont les balles s'écraser dans les carrosseries des voitures, laissant des trous béants dans celles-ci.

— Oh mon Dieu, fais-je.

J'imagine déjà une balle en moi et le trou que ça doit faire dans ma peau.

— Respire, me dit Léo tout en faisant un signe de main aux Hawk plus loin.

Une pluie de détonations se fait entendre et je me bouche les oreilles en sentant la peur s'incruster en moi. Je ferme mes yeux un instant et respire profondément, mettant en œuvre le conseil du mafieux.

— Reste à côté de moi et ne bouge pas.

Je regarde Léo qui se tourne vers les voitures noires en chargeant son arme à feu. Ne me dites pas qu'il va aussi tirer ? Je lance ensuite un œil aux autres mafieux, toujours à la porte de l'aéroport, qui ont trouvé de quoi s'abriter.

Ils attendent tous l'ordre de Léo pour tirer et reste cachés des balles. Quelques secondes plus tard, je sens le chef se relever et tirer vers les hommes camouflés, suivi ensuite par les autres Hawk.

Mais qu'est-ce que je fais ici ?

Je garde mes mains sur mes oreilles pour atténuer le bruit. Mon cœur est à deux doigts de sortir de ma poitrine et je resserre mes jambes contre moi pour me faire encore plus petite.

Je n'ose même pas regarder Félix, Blue, Éloi ou Colin...et surtout pas Katerina, par peur de voir comment ils se portent. Léo vient se rasseoir à côté de moi, le souffle court tandis qu'il recharge son pistolet. Il marmonne qu'il n'a plus beaucoup de munitions et je le regarde avec de la peur dans les yeux.

— Ça va aller, mi querida.

Il me touche rapidement les cheveux mais on entend un cri de douleur qui provient de l'aéroport.

Non...non, je ne veux pas voir... Je ne veux pas savoir qui...

Léo jure violemment puis il me prend par les épaules pour que je le regarde.

— Quand ils n'ont plus de munitions, ils doivent recharger. Alors c'est à notre tour de tirer, OK ? À ce moment-là, tu vas courir vers les autres aussi vite que tu peux.

— N-non... Je vais me faire tirer dessus, je bafouille en regardant aux alentours.

Léo met l'une de ses mains sur ma joue et je fixe ses yeux azurs tandis qu'il me dit :

— On va te couvrir et tu ne vas pas te prendre de balles, je te le promets.

J'ouvre la bouche pour répliquer mais il coupe court à la discussion en jetant un œil par-dessus la voiture où l'on s'abrite. Il enlève sa casquette et la mets sur ma tête pour qu'elle retienne mes cheveux.

Léo me dit de me redresser pour me préparer à courir et je m'aperçois alors que mes mains tremblent, de même que mes jambes. Je lance un œil vers la porte du hall et vois qu'il manque Félix parmi tous les autres Hawk.

Oh non...pas Félix.

— Hélia, tu es prête ? me demande Léo en me sortant de ma transe.

Je ne réponds pas, tout simplement parce que ma réponse ne lui conviendrait pas, puis je jette un œil aux alentours. Il n'y a plus personne dans le parking, tout le monde s'est réfugié dans l'aéroport ou est parti courir alerter les autorités.

Un point vert attire mon œil et je crois un instant que c'est mon sac mais ce n'est pas à l'endroit où je l'ai laissé. Je plisse mes yeux et vois des chaussures dépasser de derrière un pneu. Ce sont des petites chaussures à scratch.

Un enfant ?

À côté de moi, Léo me crie de courir en se relevant pour tirer vers les hommes qui nous attaquent. J'ai un moment d'hésitation, alors il me hurle d'y aller ou sinon il va me tuer de ses propres mains, mais je m'élance alors vers la voiture où j'ai vu les chaussures vertes.

— Hélia ! Ce n'est pas par-là, putain ! hurle Léo en continuant de tirer.

Je ne l'écoute pas et j'arrive quelques secondes après à l'endroit où je voulais arriver. Saine et sauve. Je jette un œil aux voitures blindées et aux hommes cachés derrière. Il y a des cadavres un peu partout et je retiens une grimace de dégoût avant de me tourner vers la personne pour laquelle j'ai désobéi à mon instinct de survie.

— Vous êtes une méchante ou une gentille ? fait une voix enfantine.

Une petite fille aux cheveux noirs attachés en couette serre un aigle en peluche entre ses doigts.

— Une gentille, ne t'en fais pas. Tu as mal quelque part ?

Elle secoue sa tête et je regarde, un peu attendrie, ses tâches de rousseurs sur sa peau légèrement mate, reflétant peut-être des origines grecques. Mais je n'ai pas le temps de dire un mot de plus que des balles frôlent nos têtes.

Cette voiture est beaucoup plus petite que celle où j'étais avec Léo.

La petite fille vient s'agripper à mon haut et je me crispe de surprise en la sentant contre moi, puis je l'entoure de mes bras en lui disant que ça va bien se passer.

Mes paroles sont autant pour elle que pour moi.

— Hélia ?! fait la voix lointaine de Léo.

— Je vais bien ! je crie en bouchant les oreilles de la petite fille.

Les balles fusent toujours et je serre mes dents pour me forcer à rester forte. La vie d'un enfant est en jeu, maintenant.

— Pourquoi tu ne m'écoutes pas, putain ! jure Léo plus loin.

Je l'ignore et baisse mon visage vers la petite fille qui s'accroche à ma chemise, les larmes aux yeux.

— Ma grande, lui fais-je, il va falloir que tu sois courageuse, d'accord ?

Elle hoche la tête et je tends l'oreille pour savoir quand est-ce que je vais devoir courir pour rejoindre les autres. Les détonations cessent le temps d'une demi-seconde et je jette un œil à l'endroit où est Léo.

J'aperçois ses cheveux blonds quand il se redresse pour tirer, puis je me relève à mon tour, l'enfant dans mes bras tandis que sa tête est cachée dans mon cou.

Je la serre fort contre moi et sors de notre cachette pour courir vers la grande porte.

Je cours le plus vite possible, faisant comme si je courais un sprint dans le Parc Principal, et je serre un peu plus fort la petite fille dans mes bras. Son poids me ralentit et le détour que j'ai fait pour la chercher me rajoute quelques mètres de plus mais je ne me laisse pas abattre pour autant.

Je lance un regard derrière moi et vois Léo me jeter un coup d'œil un peu surpris avant de me dire quelque chose que je n'entends pas. Je le vois ensuite s'arrêter de tirer avec un air impuissant sur le visage : il n'a plus de minutions.