L'assassin de mon frère

Chapitre 41/

Point de vue de : Léo

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Je passe une main sur mon visage en continuant de marcher vers le restaurant de l'hôtel. Putain ça me gave déjà. De loin, j'aperçois la grande structure en verre transparente et ses lumières allumées.

Je touche mon Colt M1911 à ma taille et je sens alors les yeux de Colin me sonder. Il m'envoie un regard auquel je réponds par un haussement de sourcils mais il lève les yeux au ciel en soupirant. Je sais ce qu'il veut me dire...

Tout va bien se passer.

Sauf qu'on est entouré de Suiza depuis qu'on est sorti de la Suite. Ils ne sont tellement pas discrets que ça me fout la haine. On arrive devant l'entrée du restaurant et un mafieux suisse me regarde de haut en bas avec un air méprisant.

— Baisse les yeux avant que je ne les enfonce dans leurs orbites, fais-je avec une voix cassante.

Le type s'écarte immédiatement et ouvre la porte en prime. Je mène la marche, dépassant des palmiers le long du couloir, puis je fais le tour d'une petite fontaine. Je pousse ensuite les portes vitrées de la grande salle du restaurant mais j'aperçois immédiatement cinq Suiza devant moi, leur arme à la main.

Je me stoppe et sens Colin à ma droite, la main aussi sur son flingue. Je regarde alors furtivement la salle où des canapés sont installés devant des tables en verres vides : Samara a dû vider le restaurant par prévention.

J'avance vers les Suiza et leur fais signe de se bouger de mon chemin et ils obéissent. Je lance ensuite un coup d'œil derrière moi et vois Hélia encadrée de Félix et d'Éloi. Une vraie princesse avec ses preux chevaliers.

J'arrive devant une énième fontaine avec des statues dénudées et je cherche une chevelure de feu et des yeux clairs.

— Elle est arrivée hier, fait soudain une voix féminine.

Dans la seconde qui suit, Samara apparaît de derrière la fontaine qu'elle pointe du doigt.

— Elle ressemble aux autres, je réplique en tournant le visage vers la source d'eau.

La cheffe des Suiza secoue sa tête avec un petit soupir puis arrive devant moi en me tendant sa main. Grâce à ses talons hauts on fait presque la même taille et ses cheveux roux tombent devant ses yeux gris translucides.

Je reste silencieux et lui rends sa poignée en silence. Beaucoup de personnes se sont fait avoir par sa beauté mais je sais quel caractère se cache sous ce joli visage.

— Tu ne me présentes pas cette charmante jeune femme ? murmure Samara en regardant derrière moi.

Je lance un œil à Colin pour lui faire comprendre d'aller s'installer puis je prends Hélia par le poignet et déclare :

— Voici Hélia, la dernière recrue.

Je vois les yeux étincelants de Samara la fixer tandis qu'elle lui sourit. Je tourne ma tête vers Hélia, dont le visage stressé n'échappe à personne, et la Suiza lui serre gentiment la main.

Elle me fait ensuite signe de la suivre et on marche vers une grande table guindée.

J'aperçois un ruban coloré : Annie, le bras droit de Samara. Elle ne fait pas de commentaire en me voyant et je m'assois en bout de table, les jambes écartées, puis je pose mon arme contre la nappe.

Trois Suiza me fixent tandis qu'Hélia s'installe sur la chaise à ma droite. Samara s'assoit à l'autre bout de la table, entourée des siens, mais surtout à côté de sa femme.

Les alliances que portent Samara et Annie ne m'ont pas échappé.

— Pourquoi la petite nouvelle est avec le chef des Hawk ? me lance cette dernière en me transperçant de son regard vert.

Je sens la brunette se crisper à côté de moi, alors j'élude la question et regarde la pièce pour voir s'il y a d'autres Suiza dans le coin. Je vois Éloi faire la même chose que moi mais la cheffe me coupe dans mon observation :

— Il n'y a personne d'autres que nous ici, Kurt.

Je me redresse sur le siège avec un rictus et mets mes poings sous mon menton en regardant la table : Colin est juste à ma gauche, à côté de Félix, et Éloi est assis sur le siège après Hélia. Deux Suiza sont installés à côté du métisse, un homme et une femme, mais cette dernière lance des regards vraiment pas discrets à Éloi.

Manque de chance, ma grande.

Je vois Annie chuchoter quelque chose à sa cheffe et je soupire en la regardant, elle et son éternel ruban sur les cheveux. Son visage se tourne finalement vers moi et la jeune femme aux traits asiatique croise ses bras en s'enfonçant dans son siège en silence : elle a l'air frustrée.

— On m'a dit que tu voulais me voir, déclare Samara.

Mon attention retourne sur la cheffe des Suiza et je hoche lentement la tête tandis que des serveurs arrivent pour nous donner nos entrées.

— J'ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi, dis-je finalement.

— Ah oui ? ricane Annie dans son coin.

Colin met à son tour son pistolet sur la nappe tandis que je fixe d'un regard noir le bras droit de Samara mais elle évite mes yeux. Parfait.

— Tout service à une contrepartie, susurre la cheffe des Suiza en souriant malicieusement.

— Sauf quand c'est moi qui te le demande.

Ma voix est cassante et c'est à mon tour de sourire mais un silence nous enveloppe où Samara fait un signe de main pour nous inviter à manger.

— Quel est ce service ? reprend-elle quelques instants plus tard.

— Je veux qu'on s'allie.

La Suiza s'exclame puis regarde Annie en haussant les sourcils. Elle secoue ensuite sa tête avec un léger rictus sur les lèvres.

— Les Suiza sont neutres depuis le début et c'est d'ailleurs comme ça que le clan prospère dans mon pays.

— La Suisse est mon pays, Samara. Je pense que tu l'oublies un peu trop.

Je laisse un petit silence avant de reprendre d'une voix intimidante :

— Si je veux m'installer ici, je le fais, et je t'expulse en dehors de ces frontières en un instant. Parce que c'est moi le chef de ce continent. Ici, tu es juste la directrice qui fait en sorte que tout est en règle pendant l'absence du PDG, compris ?

Je la fixe sans flancher et Samara en fait de même avant de dire sèchement :

— Nous n'avons pas le même âge, Léo, et tu me dois le respect. J'étais alliée avec ton père mais après sa mort la guerre a commencé entre toi et Paolo...

— Ne prononce pas son prénom ! je m'exclame en tapant sur la table.

Hélia pousse un petit cri de surprise et je souffle en desserrant mes poings. Colin prend alors la parole :

— Nous ne sommes plus alliés puisque tu ne voulais pas mêler ton clan à cette guerre. Mais nous ne demandons qu'une alliance ponctuelle, de seulement quelques jours.

Je me passe une main sur le visage en grognant. Ça commence à me casser les couilles cette histoire. Je n'aurais pas dû écouter Hélia et ne jamais venir ici.

— C'est moi qui ai besoin de votre aide, fait une petite voix à ma droite.