Chapitre 64/

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La chauffeuse vient nous ouvrir la portière et je descends la première, découvrant par la même occasion la bâtisse de la cheffe des Suiza. C'est un bâtiment qui a l'allure et l'architecture d'un château mais en plus petit et en plus convivial.

Éloi s'arrête à mes côtés et me fait un adorable sourire pendant que je le détaille une dernière fois : il porte un pull chic avec un pantalon noir qu'il a repassé cet après-midi. Sans oublier ses chaussures vernies dont il m'a fait les éloges pendant qu'on attendait sagement la voiture.

On commence à marcher sans attendre Félix et Blue qui papotent derrière. Éloi et moi dépassons des buissons taillés et des arbustes plantés irrégulièrement, puis on monte doucement les marches avant d'arriver sur un perron avec une arche circulaire.

Le Hawk sonne à la porte, qui s'ouvre quelques secondes après, laissant place à une Suiza : Annie.

— Bonsoir ! fait-elle joyeusement.

Un sourire se place sur mes lèvres en la voyant pleine d'entrain puis Éloi me fait signe d'entrer en première. Annie nous dit ensuite de faire comme chez nous, puis me demande si je veux enlever ma veste.

Je touche le blazer noir que m'a prêtée Blue mais je finis par hocher la tête. La Suiza me dit alors de la suivre et je marche à sa suite, suivant sa longue robe rouge flamboyante dans un couloir.

— Tu peux le poser sur l'un des fauteuils.

Je remercie la femme aux traits asiatiques puis elle retourne à l'entrée pour pouvoir accueillir le reste de la troupe. Je prends une seconde pour observer la petite pièce aux murs jaune mimosa : il y a trois fauteuils installés en rond, où quelques vestes y sont déjà posées, avec une minuscule table basse au milieu d'entre eux.

— Hélia ? fait une voix masculine.

Je me retourne et découvre alors Ben, sortant tout juste d'une porte adjacente à la pièce. Il est éblouissant.

— On s'est déjà rencontré au gala des Arslor, reprend-il. Je suis Ben...

— Talion, fais-je en finissant sa phrase. Je me souviens de vous.

Je lui souris en remettant une mèche de cheveux derrière mon oreille et j'en profite pour le regarder un peu plus attentivement : ce soir il est habillé d'une chemise blanche et un pantalon en jeans bleu foncé.

— Je pense qu'on peut se tutoyer, dit le Suiza en dévoilant sa fossette.

Je hoche la tête et me rappelle enfin pourquoi je suis ici ; je retire mon blazer noir avant de le poser sur le dossier d'un fauteuil non-utilisé. Je me retourne vers Ben pour recommencer la conversation mais je m'arrête dans mon élan quand je vois son visage.

Il a la bouche mi-ouverte et ses yeux parcourent furtivement ma robe avant de ne remonter jusqu'à mes yeux. Je lui rends son regard vert pendant qu'il balbutie :

— Je vous ai sous-estimé, je ne pensais pas que vous pourriez vous montrer encore plus ravissante qu'au gala.

Je me mords les lèvres pour me forcer à ne pas sourire puis je passe devant lui en lui demandant pourquoi est-ce qu'il continue à me vouvoyer. Je l'entends ensuite rire doucement avant de me rattraper dans le couloir.

— Je peux te poser une question ? fait-il sérieusement.

Après mon hochement de tête, Ben ouvre la bouche, puis la referme, mais finit par me demander :

— Tu es vraiment fiancée à Léo Kurt ?

— Oh mon Dieu, non. C'était juste pendant le gala pour approcher les Arslor.

Je lui lance un regard et croise ses yeux avant de regarder ses cheveux bruns, toujours bouclés sur le dessus tandis qu'ils sont plus courts sur les côtés. Je crois même qu'il s'est coupé les cheveux.

On arrive dans le couloir de l'entrée, mes iris toujours fixés à ceux de Ben, et je chancelle du haut de mes talons mais je reprends mon équilibre assez rapidement.

J'étais à deux doigts de me casser la figure devant lui.

Je recommence à avancer vers ce que je pense être le salon d'où proviennent plusieurs voix et des tintements de verres, mais Ben s'arrête et je le regarde en le questionnant des yeux.

— Tu veux prendre mon bras ? me demande-t-il en me le tendant. Je ne voudrai pas que tu tombes pour de bon devant tout le monde.

Je lève mes yeux au ciel mais j'attrape tout de même son biceps entre mes doigts. Sacré biceps.

Je tourne ma tête vers le Suiza pour lui faire mon plus beau sourire mais mes yeux descendent sur la fossette de sa joue gauche et je ne peux pas m'empêcher de le trouver mignon. Il n'y a que des gens beaux dans les clans de mafieux ?

On arrive alors dans un grand salon avec une vingtaine de personnes déjà présentes. Je sens que j'attire quelques regards indiscrets - c'est vrai qu'ils doivent penser que je suis la fiancée de Léo.

Ben pose soudainement sa main dans le bas de mon dos et je prends une grande inspiration avant d'avancer de quelques pas. Au loin, je croise un regard azur qui me fixe : Léo est habillé d'un costume bleu foncé mais toujours sans cravate.

De longues minutes plus tard, j'arrive à m'extraire d'un petit groupe de personne que m'a présentée Annie. J'apprécie son geste, vouloir qu'on fasse connaissance entre les deux clans, maintenant qu'on est allié, mais je m'ennuie et je préférerais parler de la suite concernant l'enquête sur Liam.

Je cherche alors mes amis dans la pièce et je finis par apercevoir Colin un peu plus loin, devant une fenêtre donnant sur le jardin. Il est avec Léo et Ben. J'avance rapidement vers eux et me plante à côté de Colin en faisant un petit geste de la main.

— Voilà la miss, murmure-t-il avec un rictus.

Je ne l'avais pas vu avant qu'ils ne partent de la maison mais il porte un pull à capuche avec des inscriptions derrière et un jeans noir simple. Du Colin tout craché.

— Vous parliez de quoi ? je demande aux garçons.

Léo se passe une main dans ses cheveux qui lui tombent presque devant les yeux et je croise son regard bleu avant qu'il ne m'ignore. Je lève les yeux au ciel et entends Colin me répondre qu'ils discutaient de l'enquête.

— Sans moi ? fais-je vexée. Je me disais justement que je préférais parler de la suite des événements que de sociabiliser avec les Suiza.

— Ton vœux est exaucé, chérie, grommelle le chef sans me regarder.

J'ouvre la bouche pour lui demander quel est son problème mais Colin me prend par les épaules et me complimente sur mon maquillage. Je reste une seconde surprise mais je finis par lui faire un grand sourire en le remerciant.

La conversation recommence entre le bras droit des Hawk et le Suiza, tandis que j'envoie un regard noir à Léo qui me le rend en levant ses sourcils. Je ne sais pas ce qu'il a, mais il m'a ignorée toute la soirée et ça ne s'arrange pas quand je suis près de lui.

Le chef se redresse et me regarde de haut en bas mais je ne me laisse pas faire et j'avance vers lui pour écrabouiller ses orteils avec mon talon. Il mérite au moins ça.

Mais ça ne se passe pas comme prévu. Léo enlève son pied au dernier moment et me prend par la taille pour me coller contre lui, puis dans un geste souple il prend mon poignet entre sa main pour me faire une clef de bras.

— Léo ! je grogne tout en me débattant pour ne plus avoir la tête contre son cou.

— Tu n'allais tout de même pas m'écraser le pied avec ton talon ? susurre-t-il en baissant son visage vers moi, donnant l'impression qu'il va m'embrasser.

— Ça suffit, siffle une voix derrière moi.

L'instant d'après, je suis tirée en arrière et je tourne la tête vers Ben qui me tient la main tandis que ses yeux sont fixés aux miens.

— Léo ! s'écrie soudainement Colin avant de ne disparaître à sa suite dans le jardin.



L'assassin de mon frèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant