Chapitre 53/

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Point de vue de : Hélia

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— Je suis vraiment honteuse de vous avoir laissée seule avec Lise, me dit Hana en soupirant.

Je repose mon regard sur elle et la vois engloutir deux autres petits fours en se touchant le front.

— Ce n'est pas de votre faute.

— Je savais qu'elle avait une attirance pour votre fiancé mais de là à imaginer qu'elle allait vous insulter...

Il y a un petit silence gênant durant lequel je lui souris avant de ne changer de conversation en amenant le sujet de la famille. Peut-être qu'il y a quelques choses à en tirer. Hana me raconte alors qu'elle a un autre frère qui fait aussi parti des Suiza et qu'elle a rencontré son mari grâce à lui.

— Vous ne faites pas partie des Suiza ? je demande.

La femme devant moi baisse son regard vers le sol, un air triste sur le visage, ses yeux en amande ne brillent plus de joie. Je crois que j'ai abordé un point essentiel.

— En effet. Je n'ai jamais fait partie de ce clan, contrairement aux autres Arslor.

— Et votre belle-mère ? fais-je en me rapprochant d'elle.

— Mia n'est plus dans le clan mais elle en faisait partie, sous un autre nom.

La femme devant moi soupire discrètement : elle est sûrement triste de ne jamais avoir pu faire partie des Suiza. J'affiche alors un sourire circonspect sur mes lèvres et Hana se reprend et relance un sujet de conversation :

— Et vous ? Vous avez de la famille dans les Hawk ?

Mon sourire se fane immédiatement et le visage de Liam apparaît très clairement devant mes yeux.

— Les Hawk sont ma famille.

J'essaie de relâcher la pression dans mon corps mais heureusement Hana reprend :

— Hélia, je peux me permettre de vous demander quelque chose ?

Je hoche la tête en reprenant une expression neutre puis elle se rapproche de moi pour me prendre par le bras et on quitte l'énorme salle. La Arslor me chuchote qu'elle est plus à l'aise loin de la foule et j'acquiesce quand on arrive dans un couloir aux murs verts.

Elle me fait ensuite signe de m'asseoir sur un canapé qui se trouve là, puis elle s'installe à ma gauche en silence. J'entends encore le brouhaha des personnes dans l'autre pièce mais j'en fais abstraction et me reconcentre sur Hana qui parait hésitante.

Et si elle me parle de notre mission ? Si elle sait tout et veut me confronter ?

— Maintenant que vous êtes fiancée à l'unique homme qui contrôle ce continent, commence-t-elle.

Je répète la phrase dans ma tête en décortiquant la fin, sans vraiment y croire. Léo est l'homme avec le plus de pouvoir sur ce continent.

— Je me demande s'il vous parle de ses affaires dans votre clan. Bien-sûr, je sais que vous en faites aussi partie, mais je voudrais savoir s'il vous parle.

Je reste une seconde bouche bée : ce n'est pas exactement ce à quoi je m'attendais, mais je me reprends vite et lui réponds par l'affirmatif. Hana me regarde alors tristement et elle touche le bout de sa robe en disant :

— Mickaël ne me parle plus comme avant. Tous les soirs, il me racontait ce qu'il avait réussi dans le clan mais maintenant j'ai l'impression qu'un mur s'est formé entre nous...à cause d'un business dont il ne m'a jamais parlée. Il n'en parle qu'avec Mia puisqu'Henry est occupé avec sa candidature à la Mairie.

J'ai de l'empathie pour Hana, c'est seulement une femme qui aime un homme. Je fais un effort et lui touche l'épaule pour la réconforter, du moins un peu, alors elle me fait un sourire adorable. Je lui dis ensuite que Léo n'est pas un moulin à parole non plus et qu'il se ferme vite à la conversation quand il est dans ses pensées.

Hana secoue sa tête puis elle me tapote la main avec délicatesse et on reste alors là, assise sur le canapé et sans un bruit. C'est reposant.

— Si je peux me permettre, repend-elle, de quoi parlez-vous Léo et vous ?

Je me tourne vers Hana en silence et elle me fait face avec un petit sourire au coin des lèvres. Je ne comprends pas vraiment où elle veut en venir. Je hausse légèrement mes sourcils pour lui faire comprendre de détailler, ce qu'elle ne manque pas de faire :

— Mickaël est vraiment très admirateur de ce qu'a pu faire votre fiancé. Il a quand même repris les reines des Hawk, à tout juste seize ans, après la mort de son père qui lui-même avait dirigé le clan après le décès de sa mère.

Le clan des Hawk a été fondé en Angleterre - d'où le nom anglais - par une femme. La grand-mère de Léo.

— Et il réussit à mener son clan avec dextérité, continue Hana. Même si sa mère a été assassinée devant ses yeux quand il avait seulement neuf ans, il ne s'est pas laissé abattre...

Elle poursuit sa tirade mais je ne l'écoute plus. Elle me fait sa biographie ? Et puis comment sait-elle cette information ? J'ai pourtant fait des recherches sur Léo mais je n'ai absolument rien trouvé. C'est Katerina qui m'a annoncée qu'il avait perdu sa mère très jeune.

— Et le terrible conflit avec Paolo, qui est toujours d'actualité, doit contribuer à une forte pression pour votre bien-aimé.

Je regarde Hana qui me renvoie mon œillade de ses yeux en amande, mais mon esprit est ailleurs. Qui est ce Paolo ? Je crois que la cheffe des Suiza l'avait déjà évoqué lors du dîner mais Léo s'était vraiment mis en colère, juste à l'évocation de ce prénom.

Quoiqu'il en soit, cette femme en sait davantage que moi et ça ne me plaît pas.

— Comment savez-vous toutes ces informations sur mon mari ? fais-je un peu plus fort que je ne le voulais.

— Je vous l'ai dit, Hélia, Mickaël s'émerveille devant le parcours et les actions accomplies de votre mari, alors je connais presque tout de lui.

La Arslor rit un peu et je me force à lui sourire du mieux que je le peux mais elle ne me laisse pas le temps de répliquer qu'elle renchérit déjà :

— Je suis donc curieuse de ce dont vous parlez, Léo et vous. Je sais que je ne fais pas partie du clan des Suiza mais si j'arrive à satisfaire mon mari avec quelques informations sur ce que prévoit le chef des Hawk pour l'avenir, je pourrai m'avérer être utile.

— Vous voulez que je vous dise ce que Léo a comme plan pour les Hawk ? Hana, vous devinez bien que c'est impossible.

La femme à mes côtés me regarde longuement puis finit par soupirer en me priant de la pardonner. Je lui fais un petit signe comme quoi ce n'est pas grave et le silence refait surface.





L'assassin de mon frèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant