Les articles de presse doivent sortir aujourd'hui normalement. Amélia a dû se dépêcher de communiquer aux journalistes pour que les nouvelles soient diffusées dès ce week-end. La semaine a été pleine de rebondissements et puis aujourd'hui j'ai mon rendez-vous avec Antoine.
J'ai hâte mais en même temps, je n'ai pas envie d'y aller. Colin avait raison, ce n'est pas facile de dénouer les liens avec ses amis ou sa famille. Mais c'est nécessaire.
— Hélia ! Concentre-toi ! me crie Éloi quand je manque de tomber.
Je resserre ma queue de cheval en regardant le métisse se mettre en position d'attaque. Il m'épuise, c'est la troisième fois qu'on se bat et il me met à terre systématiquement.
— On fait une pause ? gémis-je en mimant « temps mort » avec mes mains.
— Tu crois que ton adversaire te laissera souffler ?
— Pourquoi tu es si strict aujourd'hui ?
Le visage de mon ami se fige, puis se détend et il passe une main sur sa nuque en soupirant. Je m'approche un peu de lui en remontant mon legging noir et je lui donne une bouteille d'eau qu'il vide en quelques secondes.
— Mon petit frère va bientôt sortir de prison, me dit-il soudainement.
— Tu as un frère ?!
Éloi me lance un regard blasé puis je pince mes lèvres avant de lui dire que c'est une bonne chose qu'il sorte de prison.
— Non, lâche-t-il sèchement.
— Ah.
Peut-être qu'ils ne s'entendent pas bien, après tout. Et puis je me demande pour quelle raison son frère est en prison. C'est peut-être un Hawk lui aussi.
— Ce n'est pas un Hawk, reprend le tatoué en soupirant.
— Comment tu sais que... Tu es télépathe ?
— Tu parles toute seule à voix basse quand tu réfléchis.
— Quoi ?! je m'écrie. Tout le temps ?
Éloi hoche la tête en se moquant de moi et je pique un fard en me rendant compte de certaine situation où l'on aurait pu m'entendre me parler à moi-même.
— Mais pourquoi personne ne me le dit ? Vous êtes horrible !
— C'était marrant.
Je soupire en mettant ma main sur mon front puis je reprends mon sérieux en voyant l'expression d'Éloi quand la sonnerie de son téléphone retentit. Il décline l'appel puis me souffle que c'est la prison de Prolensa - donc son petit frère qui l'appelait.
— Il est en prison pour quoi ? lui fais-je en me remettant en position de boxeuse.
Le métisse me voit en place, alors il en fait de même et j'attends qu'il m'attaque mais à la place, il me répond :
— Pour éviter qu'il suive le même chemin que moi.
Il s'élance ensuite vers moi à toute vitesse et lève sa jambe avant de frapper les miennes pour me faire tomber. Par chance j'ai travaillé les jambes avant-hier, alors quand je contracte mes muscles pour me stabiliser et son coup de pied ne me fait pas tomber.
Je relève fièrement la tête et je tends tout de suite mon bras pour essayer de le faire basculer pendant qu'il est toujours instable à cause de son coup. Mais Éloi me voit venir et échange nos places pour que ce soit moi qui chute sur le dos par terre.
— Max a braqué une petite épicerie dans sa ville, me dit-il d'une voix blasée.
— Et il s'est fait prendre ?
— C'est moi qui l'ai envoyé en prison.
Le Hawk me tourne le dos en me laissant sur le sol, moi et ma surprise, alors je tends la main et attrape sa cheville et je tire de toute mes force pour qu'il chute à son tour.
Je me retiens de rire quand il pousse un cri aiguë en glissant, puis il tombe à côté de moi en marmonnant que je suis une peste.
— Tu voulais qu'il soit en prison pour qu'il ne suive pas ton exemple ? Braquer des banques pour envoyer l'argent à vos parents ?
Éloi m'avait confiée que ses parents venaient des quartiers populaires et qu'il avait fait des choses illégales pour essayer de succomber à leurs besoins - en l'occurrence des braquages de banques. Et grâce à son « talent » pour voler de l'argent, Éloi s'est fait remarquer par Léo, qui venait tout juste de reprendre la succession de son père, et l'a fait rentrer chez les Hawk.
— Ce petit con est resté trois ans dans la prison de Prolensa, dit le mafieux en fixant le plafond. Il m'a dit qu'il voulait aussi aider papa et maman mais c'est mon job, le sien c'est d'étudier et ensuite de ramener de l'argent.
— De là à le mettre en prison... Vous avez un problème de communication entre frères.
Je tourne ma tête pour regarder le profil de mon ami mais Éloi en a décidé autrement puisqu'il se redresse et immobilise mes poignets contre le sol avant de bloquer mes jambes en mettant la sienne pour que je ne puisse pas me relever.
Je pousse un énorme soupir et regarde ses yeux marron qui pétillent de malice ; il est fier de lui, il croit avoir encore gagné. Mais je n'ai pas dit mon dernier mot.
Je souris innocemment à mon ami puis lève ma tête vers lui en approchant nos deux visages au plus proche, puis je regarde intensément ses lèvres avant de lui faire un clin d'œil.
— Hélia ! Arrête tes conneries ! s'écrie Éloi en se reculant à tout vitesse avant que nos lèvres ne se touchent.
J'éclate de rire puis lui dis que j'ai gagné ce combat grâce à l'intimidation. Le tatoué peste contre moi et mon rire se dédouble en le voyant mal à l'aise, avant qu'il me demande :
— Qu'est-ce que tu aurais fait si je ne m'étais pas reculée, abrutie ?
— Je suppose qu'on se serait embrassé.
Éloi mime le dégoût et je lui frappe l'épaule en disant que je suis blessée par sa réaction mais il rajoute qu'il me trouve quand même mignonne.
— Par contre, reprend-il, j'ai appris ce matin que Léo t'a fait un petit bisou.
Félix et Blue sont les pires commères de cette maison.
— Pourquoi tu parles comme un enfant ? je réplique en me dirigeant vers la porte.
— Tu aurais reculé s'il avait visé autre part ?
Je m'arrête pour me tourner vers le métisse qui sourit malicieusement mais je soupire et continue à marcher en l'ignorant. Ce sont tous des commères.
Plus tard dans l'après-midi, je me prépare pour aller à mon rendez-vous avec Antoine. Arrivée en bas de l'escalier, j'essaie de marcher sans bruit dans le couloir afin que les autres ne me voient pas.
Mais mes efforts sont anéantis car Félix m'interpelle depuis la cuisine et je me fige avant de revenir sur mes pas pour aller le voir.
— Où est-ce que tu vas comme ça, ma poule ? Rejoindre ton Roméo ? Je peux vous aider dans votre amour impossible, si tu veux.
Je ris en le voyant super sérieux tandis qu'à côté de lui, Blue lève ses yeux en l'air alors je lui explique que je vais aller voir un ami.
— C'est quoi son nom ? réplique une voix derrière moi.
Je me tourne vers la porte pour voir Léo qui a l'air fatigué, puisque des cernes se creusent doucement sur son visage. Il faut qu'il dorme ce garçon.
— Montaigu, fais-je en retenant un rire.
Blue comprend aussi et pouffe dans son coin avant d'expliquer à Félix que c'est le nom de famille de Roméo dans la pièce de Shakespeare.
Je fais un petit signe à mes amis puis je contourne Léo pour aller jusqu'à la porte du garage où Colin m'a dit de le rejoindre puisque c'est lui qui m'emmène dans le centre d'Edeny.
Mais avant que je puisse ouvrir la grande porte, je sens la présence de Léo dans mon dos qui m'arrête en disant doucement :
— Attends.

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L'assassin de mon frère
ActionHélia vient de perdre son frère, mystérieusement tué lors d'un soir d'été. Anéantie, elle enquête sur la mort de Liam mais celui-ci semble être lié à des personnes dangereuses. Au milieu de tout ça, les souvenirs d'enfance qu'elle tente d'enfouir re...