Je me défais du câlin de Félix pour le regarder intensément et je vois bien qu'il n'est pas habitué à faire part de ces sentiments : il a le regard fuyant et les pommettes un peu rose. C'est mignon.
— Considère moi comme ta grande sœur, alors.
— Eh ! Je veux être le grand frère !
— Dommage, fais-je en riant.
Je vois ensuite dans ses yeux un éclair de fougue qui me laisse hésitante sur ce qu'il va suivre. Félix me sourit puis saute sur moi pour me chatouiller les côtes, sans que je puisse réussir à m'échapper de son emprise.
Je m'exclame de rire et balance mes jambes de tous les côtés pour qu'il me lâche mais cette andouille ne se laisse pas faire et continue son petit manège en riant.
Mais alors que je l'insulte de tous les noms, la porte de la chambre s'ouvre à la volée, laissant apparaître la silhouette de Léo. Félix et moi nous nous arrêtons d'un seul coup mais je n'arrive pas bien à voir le visage du chef puisque je suis toujours allongée contre le lit.
— Qu'est-ce que vous faites, tous les deux ? siffle le Hawk dans l'embrasure de la porte.
Je lance un œil à mon ami qui me rend mon regard, puis je vois dans quelle position on se trouve et je comprends que ça peut porter à confusion. Je pousse Félix pour qu'il se recule et je m'assois correctement mais je l'entends ricaner dans mon oreille.
— Tout le monde dans le salon. Dépêchez-vous, nous ordonne Léo en claquant la porte.
— Pourquoi j'ai l'impression de m'avoir faite prendre la main dans le sac en train de faire une bêtise ? fais-je à Félix.
— Laisse-le être grognon.
On remet la couette correctement sur son lit puis on repart de sa chambre en direction du salon. Je suis le mafieux dans l'escalier et on descend tranquillement les marches mais quand on arrive au rez-de-chaussée, un petit corps vient se mettre devant nous.
Nestora nous sourit gentiment, un jouet à la main, alors Félix s'abaisse à son niveau pour lui toucher les cheveux dans un geste affectueux.
— Félix arrête, s'exclame la petite fille en reculant. Je suis coiffée, tu vas tout défaire !
Je retiens un rire devant son aplomb et j'entends mon ami soupirer en plissant ses yeux avant de dire :
— Tu appelles ça être coiffée ? Tu as la moitié des cheveux qui tiennent péniblement dans un élastique, l'autre qui se fait la malle.
Il vient vraiment d'insulter une gamine parce qu'il est blessé dans son ego ?
Mais Nestora ne se laisse pas faire et pointe un doigt vers le mafieux. Je regarde l'affront qui se déroule devant moi avec beaucoup d'attention ; apparemment ils sont tous les deux habitués à se parler de cette façon.
— Je vais tout rapporter à tatie Blue, dit Nestora en levant ses sourcils.
Je regarde Félix qui passe une main sur son visage avec un air désespéré puis il se tourne vers moi pour me dire :
— Tous les gosses m'adore sauf cette chipie. Elle tient son caractère de Colin, c'est sûr.
Je retiens un rire en le voyant tirer sa langue à la fillette avant de la contourner pour rejoindre les autres au salon. Je secoue ma tête en commençant à suivre Félix mais Nestora s'approche de moi pour venir se coller à ma jambe.
Je la regarde qui me fixe avec ses grands yeux vert/jaune puis je décide de m'accroupir devant elle. Elle est vraiment trop choupinette.
— Tu as quel âge ? je demande à Nestora qui me sourit.
Elle me montre sa main grande ouverte et dit simultanément qu'elle a cinq ans. Je surenchéris alors et lui demande comment elle s'est retrouvée à l'aéroport de Edeny, seule.
— Avec mamie, on devrait aller voir papa qui revenait. Mais après mamie m'a dit de me cacher derrière la voiture et elle m'a promis qu'elle reviendrait me voir et que je devais restée là. Et ensuite tu es venue te cacher avec moi et tu m'as protégée.
Je hoche lentement ma tête puis Nestora me montre ensuite un camion jaune qu'elle tient fermement dans sa main gauche.
— C'est mon papa qui me l'a achetée, me dit-elle en le mettant devant mes yeux.
— Tu en as de la chance, fais-je en riant un peu, toujours agenouillée devant elle.
— Et toi ? Ton papa te donne aussi des camions de chantier ?
Je secoue ma tête et Nestora fronce ses sourcils, un air triste sur son visage. Elle semble réfléchir un instant puis elle me tend son camion en me disant :
— Je te le prête.
— Nes', fait soudainement une voix à notre droite.
Je relève alors mon visage vers la grande silhouette de Léo qui s'accroupit à son tour. Il me jette un bref coup d'œil avant d'ouvrir ses bras vers la fillette qui s'élance dans sa direction en criant son prénom.
— Tu veux bien aller avec Katerina pendant que je parle avec les autres ? demande Léo en se redressant avec Nestora dans ses bras.
Je me relève à mon tour pour voir l'enfant secouer sa tête et dire qu'elle veut rester avec lui. Je retiens un sourire d'adoration en les voyant complice puis je me rappelle que c'est Léo et qu'il n'est pas adorable.
— Tu peux me lancer vers le ciel ? demande Nestora en clignant ses yeux. S'il-te-plaît tonton Léo ?
— Est-ce que j'ai vraiment le choix ? soupire le chef pour lui-même.
S'en suit un spectacle digne d'un acrobate : Léo prend la fillette par dessous les aisselles et la fait sauter dans les airs - sacrément haut quand même - et la rattrape avant de ne recommencer une deuxième fois.
Colin ferait une crise cardiaque s'il voyait ça.
Nestora rit, ce qui fait sourire le grand mafieux avant qu'il ne la mette en sac à patate sur son épaule, faisant redoubler les petits cris d'amusement de la fillette.
Mon cœur s'enveloppe d'une couche de douceur en voyant Léo être prêt à faire ce que lui demande une enfant pour la faire rire. Avec Nestora, ce n'est plus le mafieux sanguinaire mais un homme ordinaire qui s'occupe d'une petite fille, le plus mignonnement possible.
Eh oh ! On se reprend !
J'arrête de les fixer bizarrement et attrape mon médaillon, toujours fidèlement accroché à mon cou. Je jette un regard à la photo de ma mère sans pouvoir m'empêcher de nous imaginer comme Léo et Nestora à l'instant, riant toutes les deux.
Mon cœur se serre et je ferme une seconde les yeux, puis j'aperçois Léo me regarder du coin de l'œil tout en disant à Nestora d'aller voir Katerina dans son bureau. Il la laisse repartir de ses bras puis passe une main dans ses cheveux décoiffés avant de me faire signe de le suivre dans le salon.

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L'assassin de mon frère
ActionHélia vient de perdre son frère, mystérieusement tué lors d'un soir d'été. Anéantie, elle enquête sur la mort de Liam mais celui-ci semble être lié à des personnes dangereuses. Au milieu de tout ça, les souvenirs d'enfance qu'elle tente d'enfouir re...