L'assassin de mon frère

Chapitre 74/

Point de vue de : Léo

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J'arrive dans le salon après avoir envoyé Nestora dans les bras de Katerina, puis je m'assois sur le canapé en fermant mes yeux. Depuis que je suis redescendu, j'ai l'image de Félix et Hélia dans la chambre qui semblaient assez proche.

Pourquoi je pense à ça ?

Je sens du mouvement à ma droite et j'entrouvre un œil pour voir Hélia s'installer sans un bruit sur le canapé. Il ne manquait plus que ça ; qu'elle me colle. Elle devrait plutôt aller coller Félix puisqu'elle l'adore tellement.

— Mais qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? je murmure en me pinçant l'arête du nez.

— Tu veux vraiment que je te le dise ? renchérit Blue sur le fauteuil devant moi.

Je lui fais un signe de main pour qu'elle se taise et me reconcentre sur le pourquoi on est tous ici. Je me cale contre le dossier du canapé en regardant Colin pour qu'il commence :

— Maintenant qu'on est allié avec les Suiza, le nombre d'hommes de mains sous notre direction a doublé, ce qui est nécessaire pour riposter contre les Avorio. Et ils vont pouvoir se faufiler dans leur QG.

— À condition qu'on le trouve, réplique Félix.

— La première étape est de le trouver, fais-je juste après lui. En parallèle, je vais dire à Samara d'infiltrer quelques-uns de ses hommes chez les Avorio.

— Qu'est-ce qu'on fera quand on saura où est-ce que ce Paolo se cache ? me murmure Hélia.

— J'y vais et je le tue.

— Il rigole, fait tout de suite Éloi. Le chef des Hawk ne fera pas quelque chose d'aussi irréfléchi. N'est-ce pas ?

Je serre mes poings en levant mes yeux au ciel mais je sais qu'il a raison. Blue se racle la gorge puis s'avance sur son siège avant de dire à Hélia que Samara ira le voir pour avoir plus d'informations sur lui.

— On avisera à ce moment-là, je reprends en lançant un regard à ma sœur. Paolo doit connaître le nom de l'assassin de Liam puisque c'est l'un de ses sbires qui l'a tué. Et en même temps on réglera nos comptes, lui et moi.

Ça fait maintenant cinq jours que maman est morte. Je ne vois plus papa, il n'est pas revenu à la maison depuis ce soir-là, me laissant seul avec Paolo. Ce con me sourit hypocritement quand je le croise dans les couloirs, sans émettre un seul son.

La dernière fois qu'il a osé faire une remarque, je l'ai frappé. Même si on a deux ans de différence, je suis aussi fort que lui. Son œil gonflait déjà et j'avais réussi à esquiver le coup qu'il voulait me rendre.

Je me tourne sur mon lit, regardant alors mon plafond où des dizaines d'étoiles fluorescentes y sont collées. Je les avais installées avec maman. La douleur dans ma poitrine s'intensifie et je pleure de rage en fermant mes paupières pour ne plus voir la réalité.

— Eh ! Sale débile ! s'écrie une voix derrière la porte de ma chambre. Pleurer comme une victime ne ramènera pas ta mère !

J'ouvre la porte à la volée, les quelques centimètres de différences entre Paolo et moi ne me gêne pas puisque je lui décroche un coup dans la jambe pour le faire tomber par terre. Mais il se met à rire en se tenant le ventre, avant de se relever en disant méchamment :

— Tu peux me taper autant que tu veux. Sois jaloux de moi, Léoncio, ma mère est en vie, après tout.

Je sens ma mâchoire se contracter en revoyant ses mauvais souvenirs passer devant mes yeux mais je me force à lâcher prise et j'écoute Félix parler :

— Donc quel est le plan pour trouver leur QG ? On parcourt l'ensemble de l'Italie en priant pour tomber sur la maison du chef des Avorio ?

— Tu es un petit rigolo, Félixounet, susurre Blue en plissant ses yeux vers lui.

Félixounet ?

— Dans l'espoir de te faire sourire, ma Blue d'amour.

Ma Blue d'amour ?

Je regarde les deux Hawk à tour de rôle sans vouloir entendre leurs petits surnoms dégoûtants. Je retiens une grimace en voyant ma sœur sourire bêtement à cet idiot aux cheveux bicolor, mais j'entends ensuite Éloi rire dans son coin du salon, suivi par Hélia qui ricane en me fixant.

— Qu'est-ce que tu regardes ? fais-je en me tournant vers elle.

— Rien, chef.

Je fais un bruit de bouche désapprobateur, je sais qu'elle se moque de moi mais ça ne va pas durer, puis je souffle un coup en reprenant d'une voix forte :

— Des propositions ?

S'en suit un grand silence, vite coupé par Blue qui déclare qu'on devrait kidnapper un Avorio et lui faire cracher l'information.

— Ce n'est pas sûr qu'il le connaisse, réplique Éloi, la plupart des Hawk ne savent pas où est-ce qu'on vit, seulement nos bras droit. Ça doit être le cas pour les Avorio.

Je fixe alors un point imaginaire devant moi en réfléchissant à toute vitesse. Comment est-ce qu'on peut trouver l'endroit où se cache ce fils de pute ? L'Avorio qui a balancé que Paolo voulait revenir en France est mort et je dois agir vite avant qu'il ne mette son plan à exécution.

Je ne peux pas aller jusqu'à lui avec quelques hommes, c'est trop risqué et les chances de réussir sont minces. Et si j'envoie des Hawk en repérage, ça va nous prendre des millénaires, l'Italie est vaste même si je sais que Paolo se situe dans le sud.

Avant d'exiler la mère de Paolo en Italie, papa a certainement dû garder sa trace, il n'aurait pas lâché une folle furieuse dans la nature sans savoir où elle était. Et je sais que Paolo l'a rejointe l'année où j'ai pris le contrôle des Hawk car je l'avais fait suivre par Enzo. Mais il a fini par perdre sa trace dans le sud de l'Italie.

Mais il a peut-être bougé depuis tout ce temps. Merde.

Donc il faut que je retrouve la trace de cette femme que mon père avait gardé jusqu'ici, pour peut-être les localiser. Ce n'est pas fiable mais je peux au moins essayer.

Je me relève du canapé d'un coup avant d'aller dans mon bureau à toute vitesse. Je ne fais pas attention à Katerina et Nestora qui jouent tranquillement aux Lego et cherche dans les dossiers de mon père, situés sur les étagères. Ce con n'a rien numérisé.

Tia ne fait aucun commentaire sur ma soudaine apparition dans la pièce et je feuillette rapidement les classeurs mais il y en a trop et peu sont intéressants.

— Qu'est-ce qu'il te prend ? me demande Colin en arrivant dans le bureau.

Il dépose un rapide baiser sur la joue de sa fille tandis que Katerina commence à ranger les jouets qui traînent un peu partout dans la pièce. Je l'arrête en lui disant que je le ferai plus tard mais elle vient vers moi et me touche les cheveux.

— No te desgastes, mi tesoro, me chuchote-t-elle avant de m'embrasser doucement la joue.

Elle repart du bureau en prenant Nes' par la main pour la faire sortir avec elle. Je respire doucement par la bouche et lance un œil à Colin qui a les bras croisés tandis qu'il me regarde.

— Quel est le plan, chef ?