Chapitre 70/

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Tout se passe alors au ralenti.

Je regarde devant moi mais les autres mafieux en sont au même stade que le chef, mis à part Blue qui a encore quelques balles à tirer, touchant un autre homme à l'épaule. J'évalue ensuite la distance entre le hall et moi - une dizaine de mètres - puis je me tourne vers les voitures noires où il ne reste plus qu'un homme dépassant d'un capot.

Je croise son regard meurtrier tandis qu'il remonte son arme vers moi pour me viser mais je continue de courir, l'enfant contre ma poitrine. J'entends Blue me supplier de me dépêcher mais c'est trop tard, une détonation retentit, mon sang se fige.

Je ne suis qu'à quelques mètres de la porte de l'aéroport et pourtant, c'est trop loin. Je touche les cheveux noirs de la petite fille et me tourne pour la protéger de la balle du mieux que je peux.

Ma respiration se bloque d'elle-même, mes paupières sont fermées avec force et je sens alors une sensation de brûlure sur ma hanche qui me fait me plier en deux. Mais avant de ne m'effondrer par terre, je me tourne sur moi-même pour tomber sur le dos pour de ne pas écraser l'enfant.

Des bruits de pas se font entendre, tous les Hawk s'agitent, et je prends une grande inspiration en baissant mon visage pour voir la petite fille en larmes. Je soupire de satisfaction en voyant qu'elle n'a rien et je finis par desserrer ma prise sur son petit corps.

— À l'aide ! La gentille madame a mal ! s'écrie-t-elle de sa petite voix.

Elle reste collée contre moi tandis que j'essaie d'analyser ma douleur mais je ne ressens plus rien. La sensation de brûlure a disparu. La balle ne m'a pas touchée finalement ?

Je jette un œil sur la gauche de ma hanche où quelques secondes auparavant, des picotements me démangeaient mais j'aperçois tout de même une tache de sang sur la chemise.

Éloi va me tuer en voyant que j'ai abîmé sa chemise.

Mes yeux sont toujours fixés à ma hanche quand j'entends au loin Colin s'écrier avec un ton inquiet :

— Nestora !?

Je tourne immédiatement mon visage pour regarder la petite fille qui ouvre en grand ses yeux dont leurs couleurs ont une teinte vert/jaune incroyable.

— Nestora ? je répète sans y croire.

— Vous connaissez mon papa ? me dit-elle avec un air innocent.

Ce n'était donc pas sa femme mais sa fille. Je ris un peu en regardant le ciel droit devant moi mais un visage bronzé vient se mettre à travers mon paysage. Je sens les mains de Léo m'enlever le poids de la petite fille de mon corps, qui rechigne un peu de devoir se décoller de moi.

— Où est-ce que la balle t'a touchée ? me demande-t-il en s'agenouillant à ma gauche.

— Tu m'as promis que je n'allais pas être blessée, je murmure en l'ignorant.

Le chef ne me répond pas et m'examine silencieusement jusqu'à ce qu'il trouve le sang sur ma hanche. Il soulève ensuite ma chemise pour voir l'ampleur des dégâts sur ma peau mais je lui assure que je vais bien.

Juste après mes paroles, la sensation de brûlure refait surface et je contracte tous les muscles de mon corps. Je sens le regard azur de Léo sur moi mais je fais comme si de rien n'était. Ça ne fait pas si mal que ça.

— C'est une grosse éraflure, me dit-il en déchirant une bout de la chemise pour nettoyer le contour de ma blessure.

Je soupire en tournant mon visage à l'opposé du sien et je lance alors un œil vers les autres : Colin tient Nestora dans ses bras, la confiant à Katerina qui est indemne, avant de ne sortir son téléphone de sa poche pour appeler des renforts.

Quant à Éloi, il donne un énième coup de poing à l'homme qui m'a tirée dessus avant d'attacher ses mains - ils vont sûrement lui faire passer un interrogatoire.

Mes yeux cherchent maintenant Blue et Félix mais je ne les vois nul part. Mon cœur commence à s'emballer en imaginant des scénarios plus horribles les uns que les autres mais la voix de Léo me fait tourner la tête vers lui :

— Tu veux garder la balle ?

Je fronce mes sourcils en le voyant regarder ce que je crois être une cartouche de pistolet, puis devant mon silence il finit par rajouter :

— Tous les Hawk gardent la première balle qu'ils se sont pris.

— Est-ce j'ai l'air d'avoir envie de garder cette balle ? je réplique en fronçant mes sourcils.

Léo semble étonné de ma réponse sèche, contrairement à moi puisque les picotements sur ma hanche se font encore plus présents, ce qui augmente considérablement mon côté irritable.

— Non ? fait-il au bout de quelques secondes.

J'ai l'impression d'avoir devant moi un chiot calme et docile à la place du grand lion féroce.

Finalement Léo se reprend et passe une main sur son visage en grommelant quelque chose et je soupire en rabaissant la visière de sa casquette pour qu'il ne puisse pas voir mes yeux. Je l'entends ensuite donner des ordres aux autres Hawk qui viennent d'arriver sur les lieux et j'en profite pour me redresser lentement.

Mais le blond m'arrête tout de suite et me prend par les épaules pour me rallonger sur le sol dur du parking ; il me dit ensuite que je dois éviter de me lever à cause de ma plaie.

— Alors quoi ? fais-je en commençant à être énervée. On attend qu'une ambulance viennent me chercher pour partir ? J'ai des jambes, je sais les utiliser.

Léo me regarde en levant ses sourcils de surprise puis marmonne que je suis féroce quand j'ai mal. Je secoue ma tête en ignorant sa pique et me relève sur mes coudes à nouveau, une grimace plaquée au visage.

La sensation de brûlure se fait de plus en plus forte.

Mais le mafieux ne me laisse pas faire et me coupe dans mon élan en passant un bras sous mes genoux, l'autre dans mon dos pour me soulever. Je fais un tout petit cri de surprise puis il se met en marche sans un mot, alors je m'agrippe au col de son pull pour être sûre de ne pas tomber.

— C'est donc ça qu'on voit à un mètre quatre-vingt-six du sol, je murmure doucement.

Léo ne réplique pas, alors je me contente de regarder aux alentours : j'aperçois des dizaines d'hommes et femmes qui s'occupent de soulever les cadavres de ceux qui nous ont attaqués. Je réprime une énième grimace de dégoût en voyant ces personnes mortes, transpercées par des balles, puis je soupire en sentant ma tête dodeliner doucement.

— Hélia, ne tombe pas dans les vapes, siffle Léo en se dirigeant vers un groupe de personne.

— Je ne vais pas m'évanouir ! je réplique en me redressant du mieux que je peux.

Je me rends compte seulement maintenant que la situation est un peu gênante. Plusieurs Hawk se retournent vers nous en me voyant dans les bras de leur chef. Mais il faut dire qu'une balle a failli me transpercer la hanche et que maintenant que l'adrénaline diminue, je ressens pleinement la brûlure.

En voyant mon visage douloureux, Léo accélère le pas mais sentant la fatigue arriver, je laisse tomber ma tête contre son cou en fermant mes yeux. Son odeur arrive jusqu'à moi, odeur que je commence à reconnaître, mais je sens aussi Léo ralentir un peu.

— Enlève ta tête de mon cou, marmonne-t-il mais je ne bouge pas.

Le Hawk ne renchérit rien et on reste silencieux jusqu'à ce qu'on arrive dans le hall de l'aéroport où il me dépose sur une banquette.


L'assassin de mon frèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant