L'assassin de mon frère

Chapitre 24/

Félix et moi nous relevons en même temps et on descend l'escalier en silence. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais le mafieux a vraiment l'air d'être énervé.

On arrive dans le salon et Éloi est déjà assis sur le canapé. Je m'assois sur le bout du sofa, puis Colin apparaît depuis la porte du garage et vient nous rejoindre dans la pièce.

Le chef des Hawk est juste derrière son bras droit et il est le seul debout. La scène me fait penser à un père mécontent qui gronde ses enfants, sauf que ce n'est pas nous la cause de son problème, du moins je l'espère.

— Un enfoiré a niqué mon transfert, dit seulement le chef.

— Celui de ce matin ? questionne Éloi en fronçant ses sourcils.

Je me retiens de demander de quoi est-ce qu'on parle et observe simplement les quatre hommes autour de moi.

— Il y a un putain de traître ! enrage le mafieux en tapant contre la table basse.

Je sursaute et me renfonce dans le canapé, mes jambes repliés contre moi. Les autres ont l'air habitué à voir le chef comme ça puisque leurs visages restent impassibles.

— Tu n'en es pas encore sûr Léo, fait Colin en tentant de le calmer.

— Enzo m'a appelé pour me dire que quelqu'un a vendu la mèche sur le lieu.

Ils restent ensuite tous silencieux pendant que je me demande ce que je fous ici.

— On va devoir revoir tout le système du transfert, soupire Colin en se prenant la tête.

— On en a perdu combien ? questionne Félix avec un air grave.

— La moitié.

Colin jure en se relevant et je reste dans l'incompréhension la plus totale. Qu'est-ce qu'ils ont perdu ?

— On sait qui a fait le coup ?

Léo secoue la tête et s'assoit sur le fauteuil en face de moi en marmonnant qu'il va tuer le type qui lui a fait ça. Je déglutis difficilement en l'entendant mais il reprend la parole :

— Colin, délègue ça à des Hawk de confiance.

— Putain ça me fait chier, grommelle son bras droit en sortant son téléphone de sa poche.

Il tape ensuite quelque chose dessus et le met à son oreille :

— Blue, dis à des gars fiables de me trouver le fils de pute qui a volé la moitié de mes armes.

Ils parlent donc d'armes depuis le début... Et qui est Blue ?

Colin raccroche puis se prend la tête entre les mains dans un silence parfait. Le chef soupire une fois de plus et je reste crispée sur le canapé. Je suis censée me sentir concernée ? Je veux bien faire partie des Hawk mais franchement là, je m'en fiche de leurs armes.

— On doit parler du plan, déclare le chef.

Je relève le visage vers lui et il se redresse pour continuer :

— On sait que ce sont les Avorio qui ont assassiné Liam et la guerre est déclarée depuis longtemps. On peut se venger comme il se doit.

— On les surprend quand ils vont revenir en ville ? demande Éloi.

— Et en enlever un pour le faire avouer l'identité du tueur ? propose à son tour Félix.

— Si c'est juste un sbire, il y a des risques qu'il ne le sache pas.

Après les paroles de Colin, tout le monde se tait, me plongeant dans mes pensées. Si on veut savoir qui est le meurtrier, il faut s'introduire dans leur maison pour récolter des informations.

Je relève la tête vers les mafieux en leur disant que j'ai peut-être une idée. Ils me regardent tous surpris, comme s'ils avaient oublié ma présence. Je me racle la gorge pour qu'elle ne soit pas rocailleuse et je demande :

— On cherche le type qui a tué Liam et apparemment c'est un Avorio. Alors il doit être dans leur QG... ?

Aucun des quatre mafieux ne parlent et je ne pense pas qu'ils voient où je veux en venir.

— Donc on a juste à s'introduire dans leur maison pour avoir des informations ! Une sorte d'infiltration !

— Ce n'est pas si simple, fait Colin, d'abord on ne connaît pas le lieu.

— Je croyais que vous saviez où était leur QG ? je réplique du tac au tac.

— C'est leur QG dans Edeny, commence le chef. Et comme c'est ma ville, je sais qui habite dans chaque bâtiment. Mais on sait qu'ils en ont un autre, le principal, autre part. Sûrement en Italie.

Je soupire mais ce n'est pas la fin de ma surprise puisqu'Éloi continue :

— Et puis on ne peut pas s'infiltrer dans leur baraque, on va directement se faire repérer.

— On n'a qu'à demander à un de vos hommes de le faire, fais-je désespérée.

— On est tous tatoué, me chuchote Félix, ils vont les cramer.

— Pourquoi vous vous faites tatouer aussi ? je marmonne. On n'a qu'à demander à quelqu'un d'autre !

— Ah oui ? Et à qui, madame j'ai-réponse-à-tout ? me demande le chef des Hawk.

Je reste silencieuse puis une idée assez bancale vient naître dans mon esprit. Mais qui ne tente rien, n'a rien.

— Il n'y a pas un autre clan qui peut nous aider ?

Un grand silence englobe la pièce et les regards se tournent vers le chef.

— Tu crois que les Suiza pourraient accepter ? fait Colin.

Il y a donc un autre clan qui existe. Punaise. J'avais simplement dit ça au hasard.

— Ils sont restés neutre depuis le début, ils ne vont pas s'impliquer parce qu'une gamine leur demande de l'aide, réplique le mafieux en me montrant du menton.

— Et pourquoi pas ? je murmure.

Son regard azur me sonde et je serre mes lèvres l'une contre l'autre pendant qu'il continue de me dévisager lentement. Je pousse un soupir et Colin prend la parole, déviant l'attention du chef pour mon plus grand plaisir.

— C'est vrai qu'on peut toujours essayer.

Le grand mafieux fixe son bras droit et ils semblent dialoguer en silence, juste avec un regard. Puis au bout d'un moment, il soupire et dit :

— On va suivre l'idée d'Hélia. Félix tu vas faire le tour des commerçants en leur disant de répandre le message jusqu'aux Suiza. On veut un rendez-vous avec Samara.

Samara doit être leur cheffe.

— Je peux demander à mes gars de le faire, réplique Félix en sortant son téléphone.

— On a un traître dans un secteur, commence Colin, alors il peut en avoir dans les autres aussi.

Dans la soirée, Félix m'annonce qu'il part tôt demain matin et qu'on n'aura pas le temps de se voir. Je lui dis au revoir en lui disant de faire vite, même s'il part pour deux jours. Je me suis fait un ami dans cette maison mais il part aussitôt. C'est bien triste.

Après avoir mangé un plat cuisiné par Katerina, je vais dans ma chambre pour me coucher mais une fois dans mon lit, je n'arrive pas à trouver le sommeil. Je me retourne sur le matelas dans l'espoir d'arrêter le flot de pensées qui m'envahit, sans succès.

Je n'arrive pas à croire que j'ai été utile aujourd'hui. J'ai trouvé une idée pour avancer dans notre enquête, même si elle ne va peut-être pas voir le jour. Mais je garde espoir. Je ferai tout pour convaincre la cheffe des Suiza.