L'assassin de mon frère

Chapitre 21/

Point de vue de : Éloi

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Je toque deux fois sur la porte de sa chambre en soupirant. Putain pourquoi c'est moi qui dois me coltiner son entraînement. Ce n'est pas comme si j'avais des billets à faire blanchir.

— Hélia ! Debout ! je crie à travers la porte.

Je frappe encore quelques coups et j'entends une petite voix me dire qu'elle arrive. La porte s'ouvre et la brune baille en me demandant ce que je lui veux.

— Je t'attends dans le salon.

Je me retourne pour faire demi-tour sans la laisser en placer une et je redescends. Hier soir Léo m'a demandé de m'occuper de l'entraînement d'Hélia en accéléré puisqu'elle n'a pas le temps d'aller au Centre des Formations des Hawk.

Donc c'est à moi de la former.

Quelques minutes plus tard, la brune arrive dans le salon et elle croise les bras en se plantant devant moi. Je lui lance son petit-déjeuner, une pomme et une bouteille d'eau, et elle le rattrape de justesse avant de ne tout manger.

Toujours sans un mot, je passe par le garage pour atteindre l'escalier du sous-sol, Hélia derrière moi. Je descends les marches et on arrive dans la grande pièce d'entraînement ; c'est aussi là où on peut faire son sport, il y a tout le matériel nécessaire.

Hélia regarde rapidement la pièce tandis que je passe une main sur mon visage.

— C'est moi qui vais t'entraîner, je commence. Normalement on a un centre spécial pour former les personnes susceptibles d'intégrer les Hawk mais tu as la chance d'avoir un apprentissage accéléré.

Elle hoche la tête sans un mot, puis elle s'attache les cheveux avant de me demander ce qu'elle doit faire.

Elle a l'air déterminé, c'est bien.

J'enlève mes mains de mes poches et la détaille de la tête aux pieds. Léo m'a dit de lui faire faire une centaine de pompes et d'abdos mais je pense qu'on devrait commencer plus doucement pour cette fois. Je sais qu'elle fait de la course, on va commencer par ça.

— D'abord échauffe-toi.

Elle enlève son pull et exécute gentiment mon ordre mais la sonnerie de mon téléphone résonne dans la salle et je me crispe. Je sais déjà qui m'appelle parce que j'ai mis une sonnerie spécifique mais je regarde tout de même l'écran pour voir s'afficher le nom de la Prison d'une ville un peu plus loin.

Je lance un regard à Hélia et décline l'appel. Merde, ce n'est pas du tout le bon moment. Je soupire et réponds à quelques messages, notamment à l'un de mes gars qui se plaint d'un banquier qui ralentit notre trafique.

Au bout de quelques minutes de textos, un raclement de gorge me fait relever les yeux.

— Tu comptes geeker combien de temps ? Parce que j'ai un entraînement à faire.

Les paroles d'Hélia me font immédiatement lever les sourcils mais la brune soutient mon regard sans flancher.

Elle n'a peur de rien, celle-là.

— Tapis roulant, fais-je en le montrant du menton.

Je vais lui mettre la vitesse maximale et on verra si elle continue à faire la maline.

Les minutes défilent et finalement tout se passe bien : Hélia suit son entraînement tandis que je fais mon sport habituel à côté. Aujourd'hui c'est jambes et putain je déteste ça.

— Ne reste pas au fond du siège, je lance à la brune. Avance ton buste au fur et à mesure que tu fléchis tes genoux.

— C'est facile à dire ! C'est la troisième série que je fais !

— Ce n'est pas une raison pour mal la faire.

Depuis sa machine, Hélia me jette un regard noir et je ricane en me relevant pour venir vers elle.

— Arrête de te plaindre sinon je te rajoute une quatrième série.

Je lui souris vicieusement et elle continue son exercice en rectifiant tout de même sa position. J'attrape ma bouteille d'eau et la bois d'une traite ; ça fait déjà deux heures qu'on est ici, le temps passe vite.

— Pourquoi je dois me muscler les jambes ? souffle Hélia sur sa machine. Tu ne dois pas plutôt m'apprendre à planter des gens au couteau ? Ça c'est bien un entraînement de mafieux.

— Concentre-toi sur ton exercice au lieu de raconter des conneries.

Je l'entends soupirer exagérément mais l'instant d'après, elle se pointe devant moi, le visage rouge et toute essoufflée.

— J'ai fini ma dernière série ! Tu peux me répondre maintenant !

Non mais c'est quoi ce délire. Cette fille est un sketch ambulant.

— Tu te fous de ma gueule ? je réplique en croisant mes bras.

Ses yeux se portent une secondes sur mes tatouages mais elle se reprend et secoue la tête, toujours sans rien dire.

— Il faut d'abord se muscler un minimum avant de pouvoir se battre, je lui réponds en marmonnant.

— N'importe quoi ! fait-elle quand je me détourne d'elle.

Purée, elle m'exaspère.

— N'importe quoi ? je répète.

— Oui. N'importe quoi.

— On parie ?

Un rictus s'empare de mes lèvres : je ne la connais pas beaucoup mais je sais qu'elle ne peut pas résister à un pari. Son visage se transforme et ses yeux noisette se font plus déterminés.

— Tu as du liquide sur toi ? me fait-elle avec un air hautain.

— Je suis le roi des billets, ma grande.

Hélia me sourit puis elle met ses mains sur ses hanches et je fais craquer mes doigts en lui expliquant les règles :

— Pas de réel coup. Et surtout pas dans ma progéniture.

La brune ricane mais mon regard noir lui fait comprendre de ne pas faire de bêtise qu'elle regrettera. Je me mets en position de boxe et elle adopte la même posture. Je rectifie sa position en lui donnant quelques conseils puis un grand silence nous enveloppe.

Je compte jusqu'à trois avant qu'Hélia ne s'élance vers moi. Son poing vient frapper mon torse mais son coup ne me fait pas bouger ; j'attrape alors son poignet pour la tirer contre moi. J'emprisonne ensuite ses mains en clef de bras et elle m'ordonne aussitôt de la lâcher.

— Avec les entraînements tes coups auraient plus de vigueur et tu ne serai pas immobilisée.

La brune se tortille pour s'échapper et je ricane en la relâchant. On se remet ensuite en position de combat et je patiente. Je sais qu'elle attend que je fasse un mouvement mais je veux patienter pour voir si elle va tenter quelque chose.

— Bon alors ? fait-elle au bout d'un moment en abandonnant sa position.

Elle aurait dû garder sa posture de boxeuse.

Sans qu'elle ne puisse réagir, je m'approche d'elle et lui fais une petite balayette mais j'amortis sa chute avec mon bras. Elle me regarde surprise et je lui fais un clin d'œil, puis lui tends ma main pour l'aider à se relever.

— C'est bon, tu as compris ? fais-je. Ou je te donne encore un ex...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que cette peste attrape la main que je lui propose pour me tirer avec force par terre. Je tombe à côté d'elle en jurant et Hélia éclate de rire en me disant d'être un peu plus stable sur mes appuis.