Chapitre 54/

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Je regarde Hana en biais et la vois perdue dans ses pensées puis elle touche soudainement son ventre qui parait rond.

— Vous êtes enceinte ? je m'exclame en me retournant vers elle.

Hana me sourit de toutes ses dents et hoche la tête en me disant qu'elle en est à presque cinq mois mais que son ventre ne se voit pas tant que ça. Je m'empresse de la féliciter puis elle m'informe que c'est sa première grossesse. Je vois ses yeux pétiller et je souris de plus belle devant son annonce.

Elle touche toujours sa robe en caressant son ventre à travers et son geste me fait penser à Docteur Martin, ma psychologue. Je crois qu'elle était à huit mois de grossesse.

Du bruit dans le couloir me fait relever la tête et j'aperçois Léo et Mickaël Arslor marcher vers nous en discutant. Hana se relève du sofa pour embrasser son mari qui lui rend son baiser en l'encerclant de ses bras.

Je regarde Léo qui arrive devant moi, son costume noir le rend encore plus intimidant, mais je ne bouge pas d'un pouce ; il n'est pas question que je fasse la même chose avec lui. Je le regarde alors droit dans les yeux pour lui faire comprendre le message mais ma nuque est pliée en deux à cause de sa grande taille.

Je l'entends soupirer puis il m'attrape par la main pour me faire lever du canapé et il en profite pour me chuchoter à l'oreille :

— N'oublie pas qu'on est fiancé, Hélia.

— Juste pour ce soir, chaton.

Je reste une seconde figée en m'entendant parler ; j'ai pensé à voix haute ?

— J'ai annoncé à Hélia ma grossesse, fait joyeusement Hana à son mari.

Je me tourne vers le couple et les vois se sourire tendrement tandis que la main de Mickaël touche le ventre de sa femme.

Je crois que je suis à deux doigts de fondre en les voyant tous les deux...enfin, tous les trois.

— Vous voulez des enfants ? demande soudainement Mickaël avec un grand sourire.

Mon cerveau redémarre pendant que j'intègre la question et Léo met sa main sur mon épaule pour me serrer contre lui. J'ouvre alors la bouche pour dire que c'est encore un peu tôt pour penser à des enfants mais Léo est plus rapide et dit :

— Toute une équipe de foot.

Je me tourne vers le blond qui me regarde avec ses yeux azur en me faisant un sourire moqueur.

Le couple nous sourit en riant un peu puis Mickaël nous demande ensuite si on est d'accord pour revenir dans la salle principale. Après un acquiescement général, les Arslor se mettent à marcher et j'essaye alors de me décoller de Léo qui me tient toujours contre lui.

— Merde mais tiens-toi tranquille, fait-il en me lâchant.

Je me retiens de l'insulter et lui lance un regard noir à la place mais il m'aperçoit et me fixe à son tour.

Je regarde alors son visage bronzé : sa barbe de trois jours est visible à cette distance et ses lèvres charnues me sourient pendant que mon regard remonte jusqu'à ses yeux bleus devant lesquels tombent quelques mèches de cheveux blonds.

Je comprends pourquoi il a autant de groupies.

Ça fait maintenant quelques minutes que Félix et Éloi sont venus à notre rencontre pour expliquer au chef ce qu'il se passe. Mon attention est posée sur le métisse qui relate précisément ce qu'ils ont découvert dans le bureau des Arslor mais je détourne les yeux pour regarder aux alentours afin d'être sûre que personne ne nous écoute.

— Mickaël Arslor est forcément impliqué, finit par dire Félix, c'est lui qui a un compte caché.

Je soupire en me reconcentrant sur la conversation des mafieux à côté de moi. Éloi déclare alors que ce Arslor a forcément un complice puisque les transactions de son compte caché étaient séparées en deux.

— Ce n'est pas forcément quelqu'un présent ce soir, réplique Félix, cette personne peut être n'importe où.

— C'est Mia Arslor, fais-je d'un coup.

Les trois garçons me regardent attentivement sans comprendre, alors je précise :

— Vous vous demandez qui est le complice de Mickaël ? C'est sa mère.

— Comment tu sais ça ? me demande Éloi.

— Elle posait des questions sur notre présence ici et nos affaires avec Samara. Hana m'a dit que sa belle-mère avait fait partie des Suiza il y a longtemps et sous un autre nom mais aussi que son mari était moins présent ces derniers temps puisqu'il s'occupait de certaines affaires avec...Mia Arslor.

Léo est le premier à réagir, tandis que les deux autres Hawk restent sous le choc de la nouvelle. Le chef passe une main sur son visage en sortant son téléphone pour taper quelque chose dessus.

— Bien joué ma poule.

Je souris à Félix puis mon regard se pose sur Éloi qui arbore un sourire en hochant la tête et il me dit que je suis douée pour récolter des infos.

— Je lui ai juste posée une question et elle me l'a dit, fais-je un peu gênée. C'était presque trop facile.

Léo nous dit ensuite que Blue n'arrive pas à tirer les vers du nez à Mia et que celle-ci semble cacher quelque chose. Je fais une petite mimique comme quoi j'avais vu juste puis Félix m'attrape par le coude pour m'emmener jusqu'au buffet.

— On doit fêter ta première réussite, me dit-il en prenant deux coupes de champagnes.

— Félix, je n'ai vraiment rien fait de spécial.

Il me met un verre à pied dans les mains en me disant d'arrêter de jouer à la fille modeste, alors j'éclate de rire mais il sort ensuite un petit récipient gris de son costume.

Toujours sans un mot, Félix jette un œil derrière nous puis débouche la flasque avec son pouce et je reste figée en le regardant en verser un peu dans nos deux coupes.

— Non mais j'espère que tu rigoles, je chuchote quand il la range de nouveau dans son costume.

Mon ami me fait un sourire mutin et je regarde mon verre avant de le renifler, puis je lui demande ce qu'il a rajouté dedans en lui lançant un regard noir.

Félix fait tinter ma coupe avec la sienne sans me répondre, puis il me fait un clin d'œil avant de repartir vers les deux gars. Je souffle du nez pour me retenir de rire, je n'ai même pas d'adjectif pour le décrire lui et son caractère d'enfant rebelle.

Je ne veux même plus boire ce truc dans mon verre, maintenant.

Je regarde la foule en essayant de repérer Blue mais je n'y arrive pas ; je vois seulement des dizaines de femmes et d'hommes, plus chic les uns que les autres.

Ça me fait vraiment bizarre d'être dans une soirée mondaine comme celle-là. Pendant dix ans, tout ce que j'ai connu c'était un petit appartement. Avant mes seize ans, je n'étais jamais allée dans les autre quartiers de la ville. À cause d'elle.

Elle nous empêchait Liam et moi d'aller trop loin. Les seuls lieux autorisés étaient l'école et la grande surface, pas même un parc pour courir ou prendre l'air. Mais tout ça a changé quand mon frère a eu dix-huit ans !

Il a loué un appartement le plus loin possible de notre ancienne ville et il a emménagé à Edeny. Et je l'ai suivi. Liam n'allait pas me laisser avec cette mégère deux années de plus, jusqu'à ce que j'aie moi aussi la majorité et donc le droit de partir de la maison.

— Bonsoir Mademoiselle.

Je me tourne vers la voix masculine à ma gauche et découvre un jeune homme dans un costume chic, avec des yeux verts très foncés. Ses cheveux sont courts sur le côté et long au-dessus, laissant apparaître quelques boucles brunes.

Il est plutôt pas mal.



L'assassin de mon frèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant