C'est très étrange, cette sensation d'avoir un cœur qui bat directement dans la tête. Très désagréable aussi. Ana se tient le crâne à deux mains en s'asseyant dans le lit, il est si lourd qu'il lui semble qu'il pourrait tomber. Elle essaye de se remémorer la soirée de la veille, et ça lui demande un effort surhumain. Le coup de fil de Xavier, qui n'a même pas eu le cran de lui annoncer la nouvelle en face. Le vin et la tequila ensuite, le trou de quelques heures, puis Colin, d'un certain réconfort. Nat est au courant, Nat l'a vue ivre. Saoule. Complètement bourrée. La honte l'étouffe. De sa chambre, elle entend la porte d'entrée. Vite, malgré l'étau qui emprisonne son cerveau, elle enfile une robe de chambre et se précipite pour accueillir sa fille, mais tombe nez à nez avec Colin, ses clefs dans la mains et baguette sous le bras. Déçue, soulagée, heureuse (dans cet ordre).
— Hey, bonjour Ana, content de te voir debout. Comment vas-tu ?
— Ça va, marmonne-t-elle. Tu es allé chercher du pain ?
— Non, qu'est-ce qui te fait dire ça ?
Elle croise les bras, un demi sourire aux lèvres.
— Désolé, humour pourri du dimanche matin. Mais je n'ai pas pris de croissant, parce qu'il paraît que le gras et la gueule de bois ne font pas bon ménage, ajoute-t-il, pince sans rire.
Ana se mord les lèvres, contrite.
— Allez, fais pas cette tête et viens prendre des forces pour affronter la discussion qui va suivre.
Ana le suit dans la cuisine et le regarde faire chauffer la machine à café, sortir beurre et confiture du frigo, comme chez lui. Et ça lui plaît bien.
— Thé ou café ?
— Les deux, et aspirine, fait-elle en saisissant le tube sur la table. Mais dites-moi, monsieur Le Guellec, jamais vous ne dormez ?
— Je ne mange pas, je ne dors pas, je ne... bref. Je t'ai dit hier que j'étais un super héros, mais tu ne m'as pas cru.
— Et pourtant, tu m'as un peu sauvée, lâche Ana, la gorge nouée.
— On en parlera tout à l'heure. Maintenant que tu es réveillée, je vais aller prendre une douche, si tu veux bien.
— Tu ne déjeunes pas avec moi ?
— Bien sûr que non, enfin, t'as déjà oublié ? Et puis j'ai déjà bu trop de café, dit-il en quittant la pièce.
— Les serviettes sont dans le...
— Je sais...
Ana se retrouve seule avec ses tartines et ses pensées. Elle joue avec son téléphone. Pas de nouvelle de sa fille. Doit-elle lui envoyer un message, ou attendre son retour pour avoir une vraie discussion face à face ?
Le café ne passe pas, il lui donne la nausée, elle se contente d'un thé noir, avec un petit morceau de pain sur lequel elle étale du miel.
Colin refait surface. Agréable vision, se dit Ana en regardant l'homme qui sort de la douche, avec son tee-shirt, ses pieds nus et ses cheveux mouillés. Elle aime partager cette intimité avec Colin. Des poils de barbe lui mangent les joues, ses cernes traduisent son manque de sommeil, mais ça n'enlève rien au charme qu'elle lui trouve.
Sans un mot, il se refait couler un café.
— Je croyais que tu en avais déjà trop bu.
— Que veux-tu, soupire-t-il, je suis incorrigible, je ne retiens rien de mes erreurs.
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Colin Maillard et chat perché
Romance"C'est une folie de haïr toutes les roses parce qu'une épine vous a piqué, d'abandonner tous les rêves parce que l'un d'entre eux ne s'est pas réalisé, de renoncer à toutes les tentatives parce qu'on a échoué. C'est une folie de condamner toutes les...