Chapitre 72

203 38 75
                                    

Chose promise, chose due, voici un chapitre un peu plus conséquent en terme de mots... et d'actions :)

Pas toujours évident de trouver le bon ton, les mots justes, il m'aura donné du fil à retordre, mais j'espère qu'il vous plaira. Bonne lecture !






Il est près de dix-neuf heures quand la sonnette retentit.

Ana pose son couteau à côté de la planche et s'essuie les mains avant d'aller ouvrir.

— Oui ? demande-t-elle à l'interphone.

— C'est moi... Colin.

— Je t'ouvre.

Elle n'est pas surprise. Elle a trouvé son mot dans la boîte aux lettres mercredi, il y a trois jours, le lendemain de sa première réunion aux AA. Une enveloppe blanche, non affranchie, sans adresse, juste les trois lettres de son prénom perdues au milieu de tant de blanc.

A la lecture de ces quelques lignes, elle était passée par toutes sortes d'émotions. Le cœur battant en découvrant son écriture ronde, puis attendrie qu'il cherche à la connaître davantage, qu'il s'intéresse à elle. Et finalement, une sensation de malaise, presque de colère. Même en sollicitant des confidences, il gardait le contrôle. Et ça, c'est un peu facile.

Elle avait peu dormi dans la nuit, fait comme si de rien n'était le jeudi avec Nat, jusqu'à ce qu'elle parte chez son père. C'est dans la soirée qu'elle avait enfin réussi à mettre le doigt sur ce qui l'avait gênée. Elle avait rédigé sa réponse, l'avait postée le vendredi matin. Colin avait donc dû la trouver au courrier le jour même. Elle le connait assez maintenant, et savait qu'il ne manquerait pas de débarquer.  Heureusement qu'elle n'a pas encore enfilé son vieux jogging.

Elle lui ouvre et il reste planté un instant sur le pas de la porte, alors qu'elle recule pour le laisser entrer.

— J'ai eu ta réponse, explique-t-il d'un ton incertain, en guise de bonsoir.

— J'avais compris, sourit Ana. Tu entres ?

Il hésite encore, comme s'il doutait que ce soit une bonne idée d'être venu jusqu'ici, mais avance finalement, ferme la porte et la suit jusqu'au salon.

— Tu bois quelque chose ? Un café ?

— Toi, tu me connais bien, sourit-il à son tour, un peu mélancoliquement.

— Assieds-toi, je reviens.

Ana prépare le café de Colin, se sert un jus de tomates. Il y a une semaine, à cette heure-ci, elle aurait pris un martini, ou un verre de vin. Il y a une semaine, à cette heure-ci, elle était ivre morte sur son canapé.

Elle rejoint Colin, s'installe sur le sofa, à ses côtés, mais pas trop près non plus.

— Tiens, fait-elle en lui tendant la tasse.

— Merci.

Ils touillent le sucre, le tabasco, en silence, boivent une gorgée, se raclent la gorge. Puis Colin pose sa tasse.

— Je t'écoute, Ana.

Il est calme. Elle ne l'a jamais vu si calme. Presque triste, ou ennuyé. Se doute-t-il de ce qu'elle va lui demander ?

— Que veux-tu savoir ? insiste-t-il à voix basse. 

— Je veux savoir quel type de tumeur tu as.

Colin semble plutôt étonné par sa requête. Visiblement, il s'attendait à une autre question.

— Pourquoi ?

Colin Maillard et chat perchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant