Le réveil a été compliqué. L'avantage du vin, c'est que ça l'aide à dormir, sans cela, elle aurait surement passé une nuit blanche, mais en échange, il faut faire avec la gueule de bois du lendemain. Barre au niveau des sourcils, jambes faibles et bouche pâteuse, Ana se sent mieux après une douche, un doliprane, et deux cafés, elle parvient à donner le change face à Natacha qui l'observe, le regard craintif, après ses révélations de la veille. Il lui faut presque dix minutes de plus qu'à son habitude pour se préparer, entre couche de fond de teint pour dissimuler sa peau blafarde et brouillée, et ses gestes ralentis. Le voyage en voiture lui offre une petite pause, la circulation est fluide, elle écoute les chroniques de la radio d'une oreille distraite.
Elle arrive un peu juste, il ne lui reste que dix minutes pour préparer sa classe et faire ses photocopies, heureusement que ce n'est pas son jour de surveillance. Elle tombe directement sur Jérôme en entrant dans le hall de l'école.
— Salut Ana... lance celui-ci en lui faisant la bise. Oh cette gueule ! T'as fait la fête hier ou quoi ?
— Pas vraiment non... marmonne sa collègue, sans dissimuler son agacement, mais il ne semble même pas le voir et il s'esclaffe.
— Bah bon courage quand même !
Elle continue jusqu'à sa classe, évitant Chérif, Anne-Marie et Laurence à la photocopieuse, ne s'arrêtant que pour saluer d'un geste de la main Milla et Émilie qui bavardent dans la classe de la première.
— Bonjour Ana ! T'es à la bourre... réveil difficile ?
Merde, grogne Ana dans sa tête, sans répondre aux deux jeunes femmes. Pourquoi ils me font tous chier ce matin ?
Elle avance jusqu'à son antre, mais il en faut plus que ça pour décourager Milla, interloquée de sa réaction inhabituelle.
Elle a à peine posé son sac sur le bureau que la porte de communication s'ouvre sur ses deux collègues.
— Ana, ça va ?
Elle soupire, se retourne vers les deux amies, mais devant leur regard plein de compassion, son énervement s'évanouit.
— Je... j'ai eu une fin de journée difficile hier. Natacha m'a avoué qu'elle avait un petit ami et qu'elle couchait avec. Ça fait un peu beaucoup pour le même soir.
Milla a la bouche ouverte, Émilie les yeux ronds comme un poisson. La scène est si cocasse qu'Ana en oublie sa mauvaise humeur et éclate de rire devant la tête des deux jeunes femmes.
— Ah bah ça va, tu le prends bien ! Mais elle a quelle âge ta fille ?
— Non, je ne le prends pas si bien. Enfin, c'est pas vraiment grave, mais ça n'a pas été facile et je t'avoue que j'ai mal dormi. Elle a eu quatorze ans en mai.
— Quatorze ans ! répète Milla, horrifiée.
— Ça va, n'en rajoute pas, pitié !
— Désolée, s'excuse la petite brune, en coulant un regard à Émilie. Purée, j'ai pas hâte que ça m'arrive !
— Je n'étais pas pressée, et je te rassure, je ne pensais pas avoir cette discussion avant bien longtemps, mais c'est ainsi.
— C'est chouette que Natacha t'ai dit la vérité, intervient Émilie avec des paroles apaisantes, comme toujours. Vous avez une très belle relation toutes les deux.
— Oui, approuve Ana avec un sourire. C'est la seule chose qui me console. Bon, j'ai une série de photocopies à faire, et mon repas à mettre au frigo.
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Colin Maillard et chat perché
Romance"C'est une folie de haïr toutes les roses parce qu'une épine vous a piqué, d'abandonner tous les rêves parce que l'un d'entre eux ne s'est pas réalisé, de renoncer à toutes les tentatives parce qu'on a échoué. C'est une folie de condamner toutes les...