Chapitre 80

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— Salut les filles ! Alors, Ana qu'est-ce que tu avais de si important à nous annoncer ? s'exclame Léo en prenant place autour de la table.

Juste après sa conversation avec Natacha, Ana avait envoyé un message à ses deux meilleurs amis. Sa fille avait raison, il était plus que temps de leur en parler. Pour leur dîner réunis, elle avait choisi un restaurant branché qui plairait à Léo et changerait Julie du Buffalo Grill.

— Ne t'excuse pas de ton retard, surtout, note Julie.

Sorry, j'avais un apéro avec des collègues. D'ailleurs, on boit quoi ?

Bloody Mary, fait Ana en montrant son verre.

Sex on the beach... en cocktail à défaut de la vraie vie, grince la troisième.

— Haha très juste, je vais prendre la même chose. Ana, tu suis ? Ton verre est presque vide.

— Non, merci.

— Sérieux ? Ton refus aurait-il un lien avec ta fameuse annonce ? demande Léo en hélant un serveur. Tu bois quoi, alors ?

— Rien pour l'instant.

— Bon, tu racontes ? interroge le brun, une fois la commande passée. Oh là là, j'ai une de ces dalles moi ! Ils attendent quoi pour les menus ? Et toi, Julie, ça va ?

— Oui, oui. Bon, Ana, on t'écoute ! Du neuf avec Colin... ou un autre mec ?

— Ni l'un ni l'autre...

— Bah quoi alors ?

— Je... j'ai quelque chose à vous dire... murmure Ana, mal à l'aise, les yeux fixés sur la table.

Immédiatement, le sourire de ses amis se fige, Julie pâlit.

— Ana, qu'est-ce qu'il y a, s'enquiert Julie, paniquée, rien de grave j'espère ? Tu n'es pas malade au moins ?

— Euh... rien de très grave et malade... je ne sais pas...

— Crache, Ana, tu nous inquiètes là !

— Je suis alcoolique.

Les mots sonnent faux dans sa bouche. Plusieurs fois, elle avait préparé sa phrase, comment elle dirait cela à ses amis. Au début, elle avait opté pour « j'ai un problème avec l'alcool », mais avait changé d'avis. Pas assez percutant. Et elle sait que pour être entendue ce soir, il lui faudra les bousculer. Un silence sidéré accueille sa phrase, puis Léo se met à ricaner nerveusement.

— T'es con ! Tu rigoles, hein, tu rigoles ?

Ana ne répond pas, un faible sourire aux lèvres, elle attend que ses amis tirent les conclusions qui s'imposent.

Léo cesse de rire, Julie l'observe, les sourcils froncés.

— Ana... mais qu'est-ce que tu racontes ?

— Ça fait des mois que je bois trop. Beaucoup trop.

— Mais non, c'est rien, ça ! Les alcoolos picolent sans arrêt, ils sont saouls à longueur de temps ! Toi, t'as juste une bonne descente, rien à voir !

— Léo, tu crois que c'est facile ? Tu crois que je vous avouerais cela, avec ce que ça me coûte, si je n'en étais pas sûre ?

Les deux baissent la tête, sans mot dire, alors Ana reprend plus doucement.

— Je vide plusieurs bouteilles de vin par semaine. Et je termine souvent à l'alcool fort. J'ai pris des cuites. Parfois la veille d'aller bosser. Je me suis endormie sur le canapé, sur le tapis du salon, par terre. Et Natacha a été témoin d'un de ces moments. Je n'ai jamais eu aussi honte, je ne me suis jamais sentie plus minable. Ça m'a aidée à regarder la vérité en face.

Colin Maillard et chat perchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant