Chapitre 100

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100 chapitres... je n'en reviens pas d'être si bavarde ! Pour fêter le 100e, je vous propose une jolie fête avec mes chers Tom et Louise. Mais pour qu'Ana et Colin ne soient pas en reste (et aussi parce que je vous sens à bout de patience 😅), il y aura trois chapitres aujourd'hui. L'histoire touche à sa fin, il reste encore quelques chapitres après ceux de ce soir.

Bonne lecture !

Le jour de leur mariage, Sandrine était éblouissante. Encore plus belle, plus solaire, que d'habitude. Elle portait la robe de princesse dont elle avait rêvé, une robe bustier qui mettait en valeur sa taille fine avec un jupon brodé de perles et de trucs qui brillent, et un voile dans les cheveux. La réception avait eu lieu dans un lieu assez prestigieux, une abbaye qui louait sa grande salle voutée pour ce type d'évènements. L'endroit coûtait un bras, mais Jacques et Anouk avaient tenu à participer largement, à offrir à leur fils et à leur délicieuse bru la plus belle fête dont on puisse rêver, comme si la réussite du jour du mariage laissait présager le reste de leur vie commune. Peut-être que oui. En tout cas, pour eux, ça avait marché. Une journée magique malgré les petits incidents qu'on ne peut éviter (un problème d'ampli, la viande un peu dure, une caisse de champagne manquante) suivie d'une décennie tout aussi féérique. Jusqu'au gros incident. L'accident.

Il n'a pas pu répondre, quand Ana a évoqué son mariage. Elle a peut être mal pris son silence, mais impossible pour lui de dire un mot parce qu'au fond, il n'avait pas envie d'en parler. S'il devait évoquer un mariage avec Ana, ce ne serait pas les leurs, avec Xavier ou Sandrine, mais le leur, celui qui n'arrivera jamais. Rien à faire, il ne s'en remet pas. A chaque fois que ses yeux se posent sur Ana, il a envie de la serrer dans ses bras. Quand il aperçoit une épaule dénudée – ce qui arrive souvent à cette période de l'année –, il a envie de la déshabiller et de lui faire des choses bien peu sages. Quand elle rit, il a envie de l'embrasser. Mais il ne doit pas, il ne doit plus. Il se l'est promis. C'est sa preuve d'amour à lui, respecter son choix, même s'il pensait ne plus jamais ressentir un tel désespoir.

L'autre nuit, il s'est endormi à deux heures sur son clavier d'ordinateur. Il s'est réveillé peu après, et une fois couché, impossible de trouver le sommeil. Toutes sortes d'idées noires lui sont passées par la tête, le même genre de pensées qui l'avait assailli il y a trois ans et demi. L'épuisement psychique, au point de vouloir en finir, pour de bon. Mais il a pensé à ses parents, à sa sœur chérie, à sa mamie Jo qui a vécu tant de drames. Tous ceux qui tiennent à eux. Et Ana. Ana, tragiquement debout face à sa tombe, lunettes noires sur le nez mais sans larmes, comme la veuve d'un amour quasi platonique, un amour qu'ils n'auront pas vécu jusqu'au bout. Et peut-être que c'est mieux ainsi ? Comme avec Sandrine finalement, de ne pas aller jusqu'au stade où on voit davantage les défauts que les qualités de son compagnon. Celui où un simple détail peut devenir source d'agacement, où un simple geste peut horripiler. C'est tellement triste, cette décadence de l'amour, ce regard qui se ternit. Il ne vivra jamais ça, lui. La décrépitude du couple, pas pour Colin Le Guellec. Lui, c'est l'explosion en plein vol.

Il croyait qu'il n'aimerait plus jamais après Sandrine, il est certain qu'il n'aimera plus jamais après Ana.

C'est cela qu'il dit à son ami Tom.

Le mariage était magnifique, très touchant, très émouvant. Pour l'occasion, il a acheté un costume trois pièces en lin crème, c'était le dress code, pastel. Ils n'ont rien fait comme les autres, et Colin sait pourquoi. Pas d'église pour eux, ils sont carrément anticléricaux. A la mairie, ils étaient installés les premiers, avant l'entrée des invités, pour que Thomas n'ait pas à clopiner avec sa canne devant l'assemblée. Pas de repas de gala, de bal ou de piste de danse mais un buffet de traiteur local, des lampions et des fanions dans le jardin, de la musique d'ambiance. Un mariage tout simple, ce n'était pas une histoire d'argent, mais une histoire de principe. Et quelque part, dans toute cette simplicité, la seule chose qui sautait aux yeux, ce n'était pas la finesse des mets ou le chic de la salle mais juste l'amour. L'amour infini qu'ils se portent l'un à l'autre. Le respect, la tendresse, le soutien inconditionnel.

Colin Maillard et chat perchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant