Dernière semaine de vacances, tronquée d'un jour. Vendredi, ce sera la pré-rentrée, la répétition générale avant le grand saut, la reprise pour de vrai.
Le mercredi, Ana décide de passer à l'école. Photocopies, étiquettes prénoms à plastifier, mobilier à agencer selon le nombre de futurs élèves, elle a du pain sur la planche. Et puis, elle ne se l'avoue pas vraiment, mais elle aimerait bien croiser le nouveau directeur, cet homme qui l'intrigue tant.
Nat a invité une copine pour passer la journée avec elles, les ados sont toutes contentes d'avoir l'appartement pour elles. Ana laisse un plat de lasagne pour le déjeuner, n'oublie pas les recommandations (Soyez prudentes, pas de musique à fond, pas de bêtises les filles, etc.) puis quitte son appartement et les deux jeunes en fin de matinée.
Ana adore les trajets en voiture, sans pouvoir se l'expliquer. Il n'y a qu'une dizaine de minutes pour se rendre à l'école, mais c'est pour elle comme une faille spatio-temporelle, un pont entre maison et école, entre repos et travail. Peut-être le seul moment de la journée où elle peut s'autoriser à partir dans ses pensées, ne rien faire d'autre que chantonner en conduisant, ou écouter la radio. Aujourd'hui, ses songes sont occupés par Mehdi. Trois jours depuis la rupture, si on peut appeler ça ainsi. Elle n'a pas eu de nouvelles de lui et n'en aura plus, mais son cœur est encore un peu serré à cette idée. Elle aurait aimé le savoir avant, pour mieux profiter des derniers moments avec lui. C'est ce qu'on dit toujours, pense-t-elle.
Il est onze heures quand elle pénètre dans l'école, plongée dans le silence des vacances. La grande entrée de pierres est fraîche, comparée à la chaleur étouffante qui règne à l'extérieur. L'alarme n'est pas enclenchée, signe qu'il y a déjà quelqu'un ici, et elle se doute de son identité. Sans bruit, Ana gravit les quelques marches qui mènent au couloir, se dirige vers sa classe pour y déposer les deux cabas pleins avec lesquels elle est venue, puis, à pas de loup, va toquer à la porte entrouverte du bureau du directeur.
— Entrez, fait une voix surprise. Il n'a pas dû l'entendre arriver.
Elle pousse doucement la porte. Colin est debout derrière la table couverte de classeurs ouverts, et son visage s'éclaire quand il la voit. Son teint est hâlé, et sa barbe de trois jours lui donne encore plus de charme que dans son souvenir.
— Ana ! Je suis content de te voir !
Il contourne le bureau et vient chaleureusement embrasser sa collègue sur les joues. Elle se raidit presque, étonnée par ce premier contact physique.
— Comment vas-tu ? reprend-il. Tu as passé de bonnes vacances ? Tu es partie ?
— Euh oui, très bonnes, merci. Je suis allée dans la Drôme et en Italie. Et toi ?
— Ah non, moi trop de boulot ici, pas évident de me replonger dans les tâches administratives. Mais j'ai bien bossé, viens voir !
Il saisit sa main, et Ana, encore, est surprise de cette impudeur. C'est très intime, de prendre la main de quelqu'un. Mais il ne semble pas se poser autant de questions, et l'entraîne à l'extérieur, pour lui montrer la salle des maîtres.
— Tadaaa ! fait-il fièrement, quand elle découvre la pièce réaménagée.
— Whaou, Colin, c'est... c'est génial ce que tu as fait !
Impressionnée, elle fait le tour de la salle, touchant divers objets, ses yeux grand ouverts se promenant tout autour d'elle.
— Incroyable, cet endroit est vraiment super !
— C'est vrai, ça te plaît ?
— Évidemment ! Il ne manque qu'un babyfoot ! plaisante la jeune femme.
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Colin Maillard et chat perché
Romance"C'est une folie de haïr toutes les roses parce qu'une épine vous a piqué, d'abandonner tous les rêves parce que l'un d'entre eux ne s'est pas réalisé, de renoncer à toutes les tentatives parce qu'on a échoué. C'est une folie de condamner toutes les...