Chapitre 68

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Bonsoir !

Un chapitre un peu particulier aujourd'hui, que j'ai beaucoup aimé écrire, et qui, d'une certaine façon, marque un tournant dans l'histoire. J'espère qu'il vous plaira !

Bonne lecture :)



Assise sur le canapé, les genoux repliés encerclés par ses bras qui tremblent, Natacha attend. Elle pleure, parce qu'elle ne sait pas quoi faire d'autre, sans savoir vraiment ce qu'elle ressent. Peur, colère, effroi, culpabilité, tout se mélange un peu. A côté d'elle, sa mère dort en faisant un drôle de bruit, pas vraiment un ronflement, mais une respiration sifflante. Ça fait combien de temps ? Cinq minutes ? Une heure ? Des milliers de questions. Est-ce la première fois, une habitude ? Quand elle est chez son père, chez des amies, chez Lucas, est-ce que c'est toujours comme ça ? Si elle n'avait pas oublié son chargeur de téléphone, elle n'aurait pas trouvé sa mère dans cet état-là, que ce serait-il passé ? Est-ce un acte manqué ? Bien sûr qu'elle avait vu que sa mère buvait souvent, un peu trop peut-être, un verre de vin par ci, un apéro par-là, mais elle semblait maîtriser la situation, et avait répondu sèchement à chacune de ses remarques un peu aigre.

On sonne. Ana grogne, bouge, sans se réveiller. Nat lui jette un regard de pitié teinté de mépris, sèche ses larmes et se lève.

— C'est au deuxième, appartement 12, murmure-t-elle dans l'interphone.

Elle attend, debout devant la porte en se rongeant les ongles, tout en jetant des regards inquiets à sa mère.

On frappe doucement, elle déverrouille la porte pour le laisser entrer. C'est étrange de rencontrer quelqu'un dont on a tant entendu parler. Natacha s'était faite une image de Colin, qui n'a rien à voir avec la réalité, et finalement, c'est plutôt une bonne surprise. Malgré les cernes et les tempes grisonnantes, il a l'air plus jeune que ce qu'elle avait imaginé. Les traits sont doux, empreints de bienveillance, même si Natacha peut y lire l'inquiétude qu'il ressent.

Il avance dans l'appartement, pose ses deux mains sur les bras de la jeune fille.

— Bonsoir Natacha. Tu as bien fait de m'appeler. Comment vas-tu ?

— Je... je ne sais pas... ça va... mais je ne comprends pas...

— Les adultes sont parfois compliqués. Mais ne t'en fais pas, ce n'est rien de grave.

A grandes enjambées, Colin rejoint Ana, toujours loin dans ses songes. Le souffle est régulier, l'haleine empeste l'alcool fort. Délicatement, il couche la jeune femme sur le côté, tête au bord du canapé, au cas où elle se déciderait à rejeter tout l'alcool ingurgité.

— Tu sais ce qu'elle a bu ?

— Non. Je devais dormir chez ma copine Dalila, mais j'avais oublié mon chargeur, je suis juste repassée le prendre. Quand je suis arrivée, elle était encore consciente, mais complètement saoule. Je me suis fâchée, ça l'a fait rire, elle rigolait comme une idiote. Je suis partie récupérer mon chargeur dans ma chambre, et en revenant dans le salon, je l'ai vue comme ça, j'ai cru... j'ai cru que c'était un coma machin, vous savez, quand on boit trop.

A nouveau, les sanglots reprennent, et Colin pose une main compatissante sur l'épaule de l'ado.

— Le père de ton amie, il peut venir te chercher ?

— Je veux rester là, avec elle.

— Natacha, je vais m'occuper d'elle. Va chez ton amie, change-toi les idées, demain est un autre jour. Je peux te déposer si tu préfères.

Colin Maillard et chat perchéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant