La Moselle, comme l'Alsace, est encore sous le coup du Concordat. En pratique, cela signifie un autre régime de sécurité sociale, des cours d'enseignement religieux à l'école, même publique, et deux jours fériés supplémentaires, dont le 26 décembre.Et aujourd'hui, Louise est bien contente d'avoir un jour de plus pour se replonger en douceur dans l'univers de sa librairie qui lui a tant manqué.
Thomas et elle sont rentrés dimanche matin. Les deux premiers jours ont été bien occupés, visite de la famille et des amis, ménage de leurs deux appartements, restés vides plusieurs mois, courses et achats de Noël à la va-vite.
L'avantage quand on a été absents si longtemps, quand on a vengé sa mère de ce qu'elle a subi plus jeune, quand on a failli mourir pour protéger l'être aimé, c'est que l'on peut ensuite imposer toute sorte d'exigence à son retour, les autres cèdent à vos velléités, comme zapper le repas du vingt-quatre. Si la famille leur avait manqué, Tom et Lou se sentaient un peu étourdis par tout ce monde, ces gens à qui il fallait sans cesse raconter de vive voix les derniers évènements, l'accident, l'arrestation, le coma, la rééducation. C'est pour cette raison qu'ils ont décidé de se retrouver seuls pour le réveillon. Après avoir souffert de la solitude pendant des mois, c'était paradoxal, de vouloir se retrouver à nouveau en tête à tête pour une fête de famille. Mais la transition était trop rude. Ils avaient vécu uniquement l'un pour l'autre les dernières semaines et ils avaient tous les deux besoin de calme et de quiétude après ce retour en fanfare. Un dîner aux chandelles dans l'appartement de Tom, cuisiné par Louise pour une fois, et d'un commun accord, ils s'étaient offert le même cadeau : une bague de fiançailles.
Le lendemain, ils avaient réuni toute la famille chez les parents de Louise. Il y a avait mamie Prune et papi Pierrot, l'oncle et la tante de Thomas, parents de Solène, qui était présente avec Nico, le frère de Lou et leur petit Loris qui fêterait bientôt ses trois ans, et enfin, Emma et Sarah, les sœurs de Tom. C'était un déjeuner plein de joie, de rire et de gaité, au cours duquel le jeune couple avait annoncé leur futur mariage. Personne n'avait semblé très surpris, c'était apparemment une évidence pour tout le monde que les deux jeunes gens ne tarderaient pas à s'unir. Même Michel, le père de Lou qui entretenait des relations un peu houleuses avec Thomas avait semblé sincèrement ravi. Faut croire que se faire poignarder et jeter du deuxième étage ouvrait pas mal de portes. Le déjeuner avait été suivi par une après-midi ensemble, siestes sur le canapé, promenades digestives, jeux de société et discussions. Tom, assis sur le fauteuil du salon, sa jambe surélevée, regardait sa future femme qui jouait au loto des animaux avec Loris, pendant que Solène et Sarah bavardaient, effaçant ainsi le différend qui les avait brouillées pendant des années.
En fin d'après-midi, Françoise, la maman de Lou avait proposé une partie de Tombola. Pendant des années, elle avait caché à sa fille ses origines italiennes, pour qu'elle n'apprenne pas le secret de sa naissance. Aujourd'hui, plus de mensonge, et pour la première fois, elle s'autorisait à faire découvrir aux autres une des traditions des Noël en Italie. Ils avaient joué tous ensemble, en dégustant du Panettone, puis Mamie Prune, Maria, de son nom de naissance, avait été jusqu'à oser demander que l'on passe un morceau de Tarentelle, cette musique folklorique du Sud de l'Italie. Françoise et elle avaient dansé, montré les pas aux jeunes gens qui s'amusaient à les reproduire en rythme. Seul Thomas, incapable de sauter d'un pied sur l'autre, restait assis, sourire aux lèvres malgré tout, pour regarder ses proches faire ce qui lui serait désormais impossible.
Françoise et Michel avaient ensuite disposé un apéritif dinatoire, sur la table, et chacun s'était servi en foie gras, crevettes, saumon ou fromage pour terminer ensemble cette bonne journée.
Sarah avait raccompagné les amoureux chez Tom, puisque Lou ne s'était toujours pas décidé à passer son permis et que Tom n'était pas encore capable de conduire, et ils s'étaient endormis, peau contre peau, comme toujours.
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Colin Maillard et chat perché
Romance"C'est une folie de haïr toutes les roses parce qu'une épine vous a piqué, d'abandonner tous les rêves parce que l'un d'entre eux ne s'est pas réalisé, de renoncer à toutes les tentatives parce qu'on a échoué. C'est une folie de condamner toutes les...