Ça n'a pas été facile de dire au revoir à Colin.
Ils ont repris le chemin de l'appartement d'Ana, droits, l'un à côté de l'autre, sans se frôler, sans un mot. Arrivés à destination, il l'a prise dans ses bras longtemps, longtemps, et elle a dû s'arracher à ce refuge, se forcer à rentrer chez elle.
Natacha est couchée quand Ana entre. Elle dort, se dit-elle en passant la tête par la porte de sa chambre. Elle hésite une fraction de seconde, et finalement va s'allonger contre sa fille, puisque c'est son seul réconfort, à cet instant, sa seule alternative à la boisson. L'ado remue, et pose sa main sur le bras de sa mère qui l'étreint.
— Mon amour, mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour... de l'aube claire jusqu'à la fin des jours, je t'aime encore tu sais... je t'aime... murmure Ana.
— C'est quoi, cette chanson ? grogne Nat d'une voix ensommeillée.
— Une chanson de Brel. « Les vieux amants ». Je la trouve tellement belle... je te la chantais toujours quand tu étais bébé. Je te berçais en chantant.
— Raconte...
— Non, je vais te laisser dormir.
Mais la main de Nat se serre sur le bras d'Ana.
— Non, reste. S'il te plaît. Chante encore...
Ana ne se relève que lorsque Nat s'est rendormie. Elle dépose un petit baiser sur le bout de front qui dépasse entre les boucles brunes, et rejoint la salle de bains. Elle a une mine épouvantable.
Une tisane, un bain chaud, un bon livre. Ça ne suffit pas. Impossible pour Ana de trouver le sommeil cette nuit-là. Trop d'émotions se bousculent, trop d'envies aussi, et boire en fait partie. Assise sur son canapé, elle se souvient avec nostalgie de toutes ces fois où c'est un verre de blanc qui l'accompagnait dans ses déambulations mélancoliques, et pas une infusion vanille-fleur d'oranger. Elle aimerait une dernière fois, juste une. Comme avec Mehdi. Pour se dire au revoir, pour savourer l'ultime gorgée de liquide sucré et un peu âpre dans sa bouche, contre sa langue, son palais, le long de sa gorge. La douce chaleur, le réconfort. Mais elle n'a que cette stupide eau chaude. Elle allume la télévision, choisit un replay d'émission de cuisine pour ne pas mettre ses neurones à rude épreuve, enchaîne avec une série quelconque, qu'elle n'a jamais suivie auparavant. Peu importe, ses pensées sont ailleurs de toute façon.
***
— Oh là là, c'est quoi cette tête ?
— Je te remercie Nat, c'est ma tête de ce matin. Désolée que ça ne te convienne pas, réplique sèchement la maman.
— Putain, l'humeur aussi.
— Oui, justement, je te conseille d'adapter ton vocabulaire, si tu ne veux pas te retrouver punie de sortie.
L'ado lève les yeux au ciel, puis considère sa mère avec suspicion.
— Tu as bu ?
Ana suspend son geste, et se tourne vers sa fille, toute colère envolée.
— Non. Pourquoi ?
— Parce qu'en général, ta mauvaise humeur va de pair avec les fois où tu buvais trop...
— Nat, je t'ai fait une promesse ; J'ai beaucoup de défauts, mais je ne renie pas mes promesses.
— Tu es fâchée parce que j'ai squatté Colin hier ?
— Non. Tant mieux si vous vous entendez bien.
— Je l'ai trouvé très sympa, très gentil. Et les fleurs, c'était trop cute. Il serait bien pour toi ce mec, Mams.
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Colin Maillard et chat perché
Romance"C'est une folie de haïr toutes les roses parce qu'une épine vous a piqué, d'abandonner tous les rêves parce que l'un d'entre eux ne s'est pas réalisé, de renoncer à toutes les tentatives parce qu'on a échoué. C'est une folie de condamner toutes les...