65 : Ma confinée. Ma formatrice.

4.4K 166 26
                                    

Emma soupira lourdement et se laissa retomber sur le tapis de son salon. Le souffle un peu irrégulier après un bon nombre de pompe elle se laissa une minute allongée en brassière et leggings moulant, le front contre le tapis pour se reprendre. Elle faisait des séances de sport tout les jours, le matin ou l'après-midi, de manière intensive et chez elle depuis deux mois. Enfin cinquante huit jours pour être exact. Cinquante huit jours depuis lesquels elle ne travaillait plus, car les commerces étaient fermés, les restaurants, bars, cafés aussi, et les salles de sports, donc la sienne aussi. Tout était fermé et c'était chacun chez soit. Un virus international imprévu avait enfermé les humains chez eux. Cinquante huit jours de confinement. Résultat elle n'avait presque rien à faire de ses journées alors elle faisait beaucoup de sport.

-Maman, chut, mon cours va commencer. Grogna son fils, assis à la table derrière le canapé.

Rien à faire, et son fils de dix huit ans avait cours à distance, en première année d'études supérieures, il était surchargé de travail et apprenait encore à s'organiser avec les nouveaux cours. Il passait ses journées sur l'ordinateur, fixant l'image de ses profs et camarades, essayant d'être concentré en continu. Louis était un garçon intelligent, sage, curieux et très littéraire depuis son plus jeune âge et faisait la fierté de la blonde. Mais comme beaucoup d'étudiants, apprendre à faire avec cette nouvelle façon de faire cours était encore compliqué. Alors Emma passait une majeure partie de son temps à essayer de rendre ses journées moins fatigantes et plus douces. Déjà elle s'était mis sérieusement à la cuisine et lui préparait de bons plats à sa plus grande joie. Elle lui apportait souvent son goûter, l'aidait avec le rangement et le ménage comme avant même si maintenant elle allait jusqu'à le faire dans sa chambre avec son accord. Elle l'aidait à travailler et réviser, relisait ses devoirs pour vérifier les fautes d'orthographes, étant une grande lectrice, et une bonne étudiante à l'époque, elle était en capacité de l'aider sur certaine chose. Elle avait choisi le domaine du sport parce qu'elle aimait ça, pas parce qu'elle n'avait pas beaucoup de diplômes -elle avait tout de même un master- ou d'intelligence contrairement à ce que pensait souvent les gens. Et puis la dernière chose qu'elle faisait pour Louis était de le couvrir d'amour sans non plus l'étouffer, elle avait toujours fait ça, mais depuis le confinement, ça se traduisait par des attentions différentes d'avant. Ils passaient du temps à parler de lui, d'elle, de choses de la vie, des discussions qui devenaient sociologique et philosophique des fois, et quand Louis avait besoin de craquer, de pleurer, de s'effondrer, elle était là. Elle le prenait dans ses bras, le berçait et quand il allait mieux elle faisait un bol de pop corn et mettait un film qu'il adorait pour être juste tout les deux et lui remonter le moral. Ça avait toujours été juste eux deux, et ils s'en étaient toujours bien sortis, ils étaient proches mais avec le confinement Emma avait découvert que finalement elle ne connaissait plus aussi bien son fils que quand il était enfant. Alors depuis cinquante huit jours, ils se rapprochaient, et la blonde se sentait chanceuse de l'avoir.

-Chéri ton micro n'est même pas ouvert, détend toi. Sourit-elle une fois debout.

-Mais quand même. D'ici une minute je vais allumer micro et caméra alors me fou pas la honte s'il te plait. Tu sais que je t'aime mais t'es aussi la reine des maladroites maman. Remarqua Louis avec un léger sourire.

-Alors là je vois pas du tout de quoi tu veux parler. Rétorqua la blonde, l'air exagérément outrée, faisant rire son fils. T'en fais pas, je te laisse à ton cours et je vais à la douche.

Elle s'éloigna, et à peine le dos tourné qu'elle entendait la voix du professeur de son fils leur demander d'ouvrir les caméras. Depuis le début du confinement c'était ainsi, soit les professeurs se fichaient de voir leurs élèves, soit ils trouvaient ça plus sympathique et leur demandait d'allumer la caméra, et un autre professeur de Louis était parano et demandait aux élèves de laisser caméra et micro ouverts en permanence pour qu'il puisse s'assurer que tous travaillaient bien. Ce professeur actuel -une femme, à la voix- leur demandait de tout allumer, mais d'après son fils c'était sa meilleure professeure, celle qu'il préférait, et Emma ferma la porte de la salle de bain alors qu'elle les saluait tous. Elle retira son legging de sport, détacha ses cheveux, pour les démêler. Mais elle ne trouva pas sa brosse à cheveux. Elle fouilla partout mais rien et finit par fixer son reflet dans le miroir, réfléchissant. Elle se souvint alors que la veille au soir, devant un film, elle avait tressé ses cheveux, et que donc sa brosse était sur la table basse du salon.

Mon Emma. Ma Regina.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant