Chapitre 29

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Le lendemain après-midi.

Je viens d'arriver devant le lycée, je dois demander de l'aide. J'ai passé la nuit et la matinée à y réfléchir, je me suis dit que demander de l'aide, ce n'était pas honteux. Je me dirige vers le stade, je pense que je vais trouver du monde là-bas. Et je ne me trompe pas, l'équipe s'entraîne. Je les regarde quelques minutes, cette ambiance me manque. Ma vie a trop changé en quelques mois, ça me déprime...

Je finis par me secouer, je cherche Marina, elle pourra peut-être m'aider. Je la trouve assise sur les gradins, avec ses amis et collègues de cheerleading. Elles me voient tout de suite, elles sourient en me voyant.

-Hé, salut June ! Déjà de retour ?!

-Non, je reviens dans deux semaines. Et salut les filles. Marina, je peux te parler deux secondes en privé ?

-On allait reprendre l'entraînement avec les filles...

-S'il te plaît.

Elle soupire et finit par se lever, nous nous éloignons des gradins. Je me tourne vers elle, je suis quand même un peu gênée.

-Alors, de quoi veux-tu me parler ?

-Eum, voilà... Je ne sais pas si tu sais, mais ma fille est avec son père, j'ai décidé de laisser Wilkins s'en occuper.

-Ouais, je sais, il nous l'a dit. Félicitation d'ailleurs, même si tu ne la garde pas.

-C'est gentil. Mais je viens pour un sujet un peu plus grave. 

Elle fronce les sourcils, ma bouche s'ouvre et se ferme sans dire un mot, je suis ridicule.

-Pardon, je n'aurais pas du venir...

Je commence à partir, mais Marina me retient.

-June, parle-moi, je t'écoute.

-Je ... Ma mère m'a dégagé de la maison, dis-je en me tournant. Et j'ai besoin d'aide.

-D'un toit ? Et tu viens me le demander ? June, on se connaît depuis longtemps, j'ai été cool avec toi, ça veut pas dire qu'on est amies et que je vais demander à mes parents de te loger. 

-C'est pas grave, merci quand même.

Je pars sans attendre plus, j'aurais du m'en douter qu'elle allait refuser, je suis trop conne. Elle a raison, on est pas amies, qu'est-ce que je me permets de lui demander de l'aide ?! Je me dirige vers la sortie, quand je vois mon ancien groupe d'amis. Ils rigolent ensembles, visiblement je ne manque pas. Matt finit par me voir, il me regarde quelques secondes et se reconcentrent sur les autres, il m'a vraiment oublié ! 

Je quitte le lycée et retourne à la cabane, j'ai encore mes affaires là-bas et je n'ai pas envie qu'on me les voles. Je fais aussi un crochet par la maison de Wilkins, je dois poser les sachets de lait que j'ai tiré ce matin. Heureusement, personne n'est chez lui et je fais très vite. Je dépose ce que j'ai à déposer et sors d'ici rapidement. Et j'ai vu qu'il en avait encore, ça me rassure, la petite n'a pas manqué de nourriture.

Je retourne à la case départ, me demandant vraiment ce que je vais faire. Je m'assois contre le mur de la cabane et approche mes jambes de ma poitrine, complètement paumée. Je ne sais pas du tout quoi faire, j'ai seize ans et je suis seule, abandonnée par tous.

Enfin, je reste cloitrée ici le reste de la journée, je ne bouge qu'à la nuit tombée, vers onze heures. Je me rends au parc de la ville, il y a des toilettes, je dois absolument me décrasser un peu. Je me nettoie une fois dans la cabine, prends un peu soin de moi et je vais m'installer sur un banc du parc, pas envie de retourner dans la cabine.

Du bruit finit par me faire tourner la tête, je sors mon portable et me prépare à appeler la police, quand je reconnais le bruit de roulettes sur le gravier du chemin. Je suis étonnée d'entendre ça aussi tard, c'est déjà plus de minuit passé, mais je range mon portable dans ma poche. Je regarde à l'opposer du bruit et j'essaie de me cacher un peu le visage. Sauf que le bruit s'arrête, mon coeur aussi. Par pitié ...

-June ?

Malgré une voix basse, je reconnais la personne qui est là, et ça me fait vraiment chier. Je ne me tourne pas, jusqu'à ce que Wilkins pose sa main sur moi.

-Hé, June, je t'ai reconnu. Qu'est-ce que tu fais là ?

Je soupire et me tourne vers lui, un peu honteuse. Il a une poussette, je suis étonnée de voir Heather dehors aussi tard.

-Allez, raconte-moi ce que tu fais là, avec des sacs et une valise.

-Ma mère m'a viré de la maison.

-Vraiment ? Et en quel honneur elle t'a viré de la maison ?

-Parce qu'elle ne supporte pas d'avoir une fille qui abandonne son enfant sous le même toit qu'elle, donc elle m'a dit de sortir de la maison. Et mon père est d'accord avec ça.

-Waouh, je ne savais pas que tes parents allaient te faire ça ! 

Brett vient s'asseoir à côté de moi, je regarde rapidement la poussette, Heather est bien là.

-Elle avait du mal à dormir, prendre l'air lui fait du bien.

-Oh ! D'accord.

-Et revenons à notre conversation. Tu es dehors depuis combien de temps ?

-Depuis hier. 

-Tu as dormi où la nuit dernière ?

-Une cabane que je connais depuis quelques années. Et aujourd'hui, j'ai demandé à une personne si c'était possible qu'elle me loge.

-Et elle t'a dit non visiblement. Pourquoi t'es pas venue à la maison ? Tu sais que tu as une chambre chez moi, tu peux venir.

-Parce qu'il y a elle, dis-je en pointant la poussette. Et tu sais que je ne veux pas vivre avec elle.

-Pourtant ce n'est qu'un bébé et je t'assure qu'elle ne mord pas. Elle demande juste à manger, qu'on la change et des câlins pour bien faire dodo ! Et parfois, Heather ne veut pas dormir, donc il faut la balader un peu. Elle adore l'air frais de la nuit.

-Je sais que ce n'est pas un monstre, mais je ne veux pas vivre avec elle quand même. 

-June, tu vas pas rester dehors parce qu'Heather est chez moi. Viens avec moi, au moins pour cette nuit. Je refuse de te laisser ici.

-Tu ne vas pas me laisser le choix ?

-Non. Je ne veux pas que la mère de ma fille se mette en danger. Et je te jure que je te traînerais pas la peau des fesses si tu ne viens pas.

-D'accord, d'accord.

Je souffle un bon coup et je décide de ne pas me priver du confort d'un bon lit douillet et d'une vraie douche.

-Je viens avec toi. Mais ne me force pas à la voir.

-Bien sûr. Je veux juste te mettre à l'abri pour le moment.

-Merci.

-Tu n'as pas à me remercier. Je te rappelle que ma maison est toujours ouverte pour toi et que tu pouvais venir dès hier soir.

-Je sais, et j'y ai réfléchi, mais je ne pouvais juste pas. 

-Bah maintenant tu peux.

Brett regarde Heather, puis se lève.

-Enfin elle dort. Allons-y. 

-OK.

Je me lève à mon tour, récupère mes affaires et nous nous dirigeons tranquillement vers sa maison dans le silence.

JuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant