Chapitre 18

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-Ma chérie, réveille-toi.

Une douce voix et une main sur mes cheveux me réveille, j'ouvre doucement les yeux. Je suis dans un endroit aseptisé, à l'hôpital visiblement. Je tourne la tête, ma mère est là, c'est elle qui m'a réveillé. Elle sourit en me voyant les yeux ouvert et se redresse.

-Coucou ma puce. Comment tu te sens ?

Je me concentre sur mon état, je suis épuisée, ma poitrine est beaucoup moins douloureuse et ma tête ne tourne plus trop.

-Je suis épuisée, mais ça peut aller. 

-Super ! T'as mal nul part ?

-Non.

-Tu sais que tu nous as fait peur tout à l'heure ? T'es tombée tellement rapidement.

-Pardon. Je ne voulais pas. Qu'est-ce qu'il c'est passé ? Pourquoi je suis tombée ?

-Tu as fait un malaise, une syncope d'après ce que les médecins m'ont dit. Et puisque t'es enceinte, l'infirmière scolaire t'as envoyé ici, à l'hôpital. Rien de bien grave.

-Pas de problème au coeur ? Ma poitrine m'a vraiment fait mal.

-Non, tout va bien. Le médecin a bien vérifié ton coeur. Tu as eu des douleurs psychologique sans doute, après tout ce qu'il c'est passé chez le proviseur.

-Sans doute.

Je me redresse sur le lit, le bébé bouge un peu, il semble aller bien.

-Ton malaise n'a pas touché au bébé, rassure-toi.

-Merci. 

-Je vais chercher un médecin.

Ma mère se lève, pose un bisou sur mon front et sort de la chambre. Je regarde la pièce, mon portable est sur la table de chevet, je le saisie, regarde l'heure, c'est déjà une heure, et si j'ai des messages. Rien, nada, pas un seul message. J'en envoie à Matt, demandant s'il me fait la tête ou non, j'ai besoin de savoir. Je suis quand même à l'hôpital, ça pourrait inquiéter mes amis. Le médecin arrive avec ma mère, il m'explique clairement ce qui m'est arrivé et m'examine.

-Bon, tout va bien. Il y a plus de peur que de mal, vous avez fait une chute de tension qui a conduit à un malaise. Votre bébé va bien aussi, votre malaise n'a pas eu d'effet sur lui, vous avez été prise en charge assez rapidement. Et votre malaise signifie une chose ; vous êtes très fatiguée physiquement parlant. 

-Je vais devoir me reposer ?

-Oui. Au calme, alité pour ne pas mettre en danger votre bébé.

-Combien de temps ?

-Une dizaine de jours pour commencer.

Je soupire, j'ai pas du tout envie de louper autant de cours pour rester au lit.

-Non, je veux aller en cours.

-Vous êtes épuisée June, physiquement. Si vous allez en cours, même en faisant attention, vous courrez des risques pour vous et votre bébé.

-Je m'en fiche. Je veux aller en cours. Et partir d'ici.

Je tente de me lever, mais ma tête tourne, ça me retient sur le lit.

-June, s'il te plaît, écoute le médecin. Ce ne sont que dix jours à la maison.

-J'ai pas envie de laisser les gens parler sur moi. Déjà que j'ai senti les jugements sur moi à l'instant où je suis sortie de la voiture, alors il est hors de question que je loupe les cours. 

-Vous ne louperez les cours que quelques jours, pour votre santé. June, si vous y allez et refaite un malaise, ça va provoquer des complications. De graves complications.

-Mais j'ai pas envie de rester seule chez moi.

-Chérie, ça va te faire du bien de te reposer après tout ce qui vient de ce passer dans ta vie. Écoute le médecin, et reste à la maison.

-Je n'ai pas le choix ?

-Non. Pour votre santé, je ne vous laisse pas le choix. Je peux parfaitement dire à votre lycée de vous renvoyer à la maison s'ils vous voient y poser les pieds. 

Je pousse un long soupire puis cède, je n'ai pas le choix.

-Dix jours, pas plus. 

-Parfait. Je vais vous prescrire ce qu'il faut, vous êtes assez faible. Vous pourrez sortir d'ici ce soir.

-Merci.

Le médecin m'explique encore une ou deux petites choses puis il sort de la chambre. Je me réinstalle sur le lit, ma mère s'approche. Elle s'assoit à côté de moi et prends ma main, je sens qu'elle veut me parler, mais elle n'ose pas.

-Qu'est-ce qu'il y a maman ? Je sens que tu veux parler.

-Pourquoi tu l'as défendu ? Pourquoi tu refuses un procès pour qu'il paie ?

-Tu te tracasses pour ça ? Maman, j'ai expliqué pourquoi. Je n'ai pas envie de remuer le couteau dans la plaie, pas envie de revoir les images de cette soirée.

-Mais imagine il recommence avec une autre ?

-Je ne sais pas pourquoi, mais mon instinct me dit qu'il ne recommencera pas. J'ai vu comment il était quand il m'a reconnu, quand il m'a parlé pour s'excuser. Il était vraiment mal, il s'en voulait à mort. Il sait que son acte est impardonnable, mais il m'a quand même demandé pardon et m'a promis que ce n'était qu'une seule fois. 

-Tu es beaucoup trop généreuse avec lui. Mais chérie, la police a quand même été appelé. Il t'a agressé, le lycée doit agir.

Je lâche une injure en me laissant tomber sur le coussin, une plainte va être déposée et je vais forcément devoir parler alors que j'ai juste envie qu'on me laisse en paix.

-Maman, j'ai pas envie d'un procès. J'ai pas envie d'avoir à raconter cette nuit-là. Ce bébé me rappelle assez tout, je réponds en posant mes mains sur mon ventre. Je sais que si je parle face à un juge, je me sentirais encore plus humiliée. La petite victime face au méchant loup.

-June, parler ne t'humiliera pas, au contraire. Tu seras libérée.

-Non. Je sais que non. Ma liberté, je l'ai retrouvé avant que ce gros ventre apparaisse. Je profitais de ma vie, de mes amis et la peur se dissipait.

-Mais tu devais faire des cauchemars souvent !

-Au début oui, puis après, avec le temps et la rentrée, ils ont disparu.

-Et la grossesse n'a rien réveillée ?

-Si, ça a réveillé des souvenirs, mais en toute sincérité, c'est plus aujourd'hui j'ai eu du mal. Dire à haute voix que j'ai subit un viol, ça m'a fait vraiment mal. Mais en même temps, tu sais la vérité.

-June, tu aurais du me le dire de suite. Et tu dois le dire à ton père.

-Je sais que j'aurais du le dire de suite, dès juillet, mais je n'osais pas. Maman, j'avais peur que vous m'incendiez en sachant que j'avais été agressé.

-Chérie, sache qu'étonnement, avec ton père, on sait que des agressions peuvent arriver à n'importe qui, n'importe quand. 

-Ah oui ?

-Bien sûr. On est plus ouvert que tu ne le penses.

-C'est pour ça que tu as dit à papa que tu as honte d'avoir une fille enceinte ?

Ma mère baisse la tête, elle a elle-même honte de ce qu'elle a dit visiblement.

-T'aurais du me le dire en face. Et maman, je souhaite être seule.

-Quoi ?

-J'ai envie d'être seule. Je suis fatiguée et je n'ai plus envie de parler.

-D'accord. Je te laisse te reposer.

Elle se lève, se penche pour me faire un bisou sur le front et elle sort de la chambre. Je prends une profonde inspiration et m'allonge sur le côté, vers la fenêtre. Je regarde le ciel, mes yeux sont assez lourd, je finis par me rendormir.

JuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant