Une nouvelle vie

853 70 7
                                    

Fin août.

Je suis au boulot, dans le bureau des infirmières, je profite d'un temps calme. Je suis plongée dans mes pensées, comme ça m'arrive assez souvent depuis l'adoption de Noe. En même temps, j'ai bientôt rendez-vous avec ma gynécologue, c'est normal que je pense qu'à ça. Je commence à hésiter sur ma contraception ou non, à retomber enceinte ou non. Ça me tente vraiment de redevenir maman, mais en même temps, ça me stresse. Je ne pensais pas que l'idée allait me tenter autant, ça m'énerve.

-Bah alors, on rêvasse ?

La voix de Theresa me sort un peu de mes pensées, je me redresse et la regarde.

-Je ne rêvasse pas, je réfléchis.

-À quoi ? Si ce n'est pas indiscret.

-J'ai rendez-vous avec ma gynéco tout à l'heure et j'hésite pour un truc.

-N'hésite pas à me parler. Je suis une bonne oreille.

-Je sais. Je n'ai pas envie de remettre un implant contraceptif.

-Tu veux un petit second ?

-J'en sais rien. Ça me travaille tout ça.

-C'est l'âge qui veut ça ! T'as bientôt vingt cinq ans, ton mari trente six, vous avez une fille qui grandit, un chien, une maison, alors c'est normal. Je peux te donner un conseil ?

-Je t'écoute.

-Suis ton instinct et tes envies. Ne te force pas et ne force pas ton corps. Et ne fais pas ça pour le plaisir de ton homme.

-Pour le coup, Brett n'est même pas au courant que je pense ça. Pour lui, j'ai renoncé à la maternité et je suis prête à me faire ligaturer les trompes.

-Mais ça te dirais de revivre une grossesse ? Surtout une issue d'un amour sincère et pas d'un viol.

-Une grossesse normale, saine, oui, ça me dirait. Après, même si ma première n'était pas facile psychologiquement, physiquement, j'allais bien. Et au fond, ne plus avoir cette sensation d'un petit être qui grandit, ça me manque.

-Alors fais comme tu sens. Mais je te l'ai dit, ne fais pas ça pour le plaisir de ton homme. Pense surtout à toi.

-Merci Theresa.

Je lui souris, elle vient s'asseoir à côté de moi et nous regardons quelques dossiers médicaux, jusqu'à ce que le devoir nous appelle. On bouge jusqu'aux chambres et on s'y mets, encore des accidentés, des jeunes en plus. Bon sang, c'est désespérant. Ils ne se rendent pas compte de l'enfer que c'est quand on se réveille, qu'il faut tout réapprendre, malgré la prévention choc aujourd'hui.

Je m'occupe quand même de ces patients, c'est bien pour ça que j'ai choisi ce métier d'infirmière, puis, quand c'est l'heure, je file voir ma gynécologue. Elle est dans le même hôpital, alors le trajet est rapide. Je salue quelques collègues du service et me pose devant le bureau. Mon docteur finit par sortir de son bureau, elle sourit en me voyant et me fais signe de venir, je la rejoins et nous entrons dans la pièce. Je m'installe sur mon siège, ma gynéco fait la même, puis nous attaquons le rendez-vous. Elle me pose plusieurs questions sur comment je me sens et je vais m'asseoir sur la table d'auscultation.

-Bien, vous connaissez la procédure ?

-Oui, dis-je en relevant la manche de mon haut.

-Avant que je vous le retire, est-ce que vous en voulez un autre ? Ou on arrête là ?

-J'en sais rien du tout.

-Ah ? Vous ne voulez plus de l'implant ? On peut discuter des autres moyens de contraception alors.

JuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant