Chapitre 28

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Je viens de sortir de la pouponnière, non sans ressentir une triste assez intense. Je me tourne vers la gauche, Wilkins est là.

-June, t'es allée la voir ?

-Je suis juste venue lui dire au revoir. C'est tout.

-Quoi ? T'es venue lui dire au revoir ?

-Oui. Je devais le faire, ça m'a hanté toute la nuit. Ma décision est définitive.

Je commence à partir, mais j'entends Brett m'appeler. Je continue à marcher jusqu'à ce qu'il prenne mon bras dans sa main et me tourne vers lui.

-June, tu peux pas la laisser !

-Si, je le peux ! Heather sera très bien juste avec toi, je ne serais jamais une bonne mère pour elle.

-Mais bien sûr que si, tu feras une très bonne mère ! June, tu ne peux pas prendre cette décision définitive !

-J'ai le droit de choisir ma vie. Et je ne veux pas de cette vie avec un bébé !

Brett soupire, je pose ma main sur mon cou, j'ai mon collier que j'ai depuis que je suis petite, offert par ma grand-mère. Je le retire et prends la main de Wilkins pour le déposer.

-Donne-lui quand elle sera plus grande, en lui disant que sa mère l'aime plus que tout au monde. Je t'assure que la laisser, ça me fait mal au coeur, mais je peux pas.

Je referme sa main et trace jusqu'à ma chambre. Je tente de reprendre ma respiration et je range mes affaires, pressée d'être à demain, de rentrer chez moi. 

Quelqu'un toque à la porte après un bon moment, je me dirige vers celle-ci et l'ouvre. C'est Wilkins derrière.

-Je me suis déjà expliquée, ça ne sert à rien de me faire changer d'avis.

-Je l'ai bien compris, mais je veux juste te donner quelque chose. 

Il me tends un trousseau de clé, je ne comprends pas.

-Qu'est-ce que c'est ?

-Les clés de chez moi, si jamais un jour ta fille te manque. 

-Même si elle va me manquer, je ne viendrais pas la voir.

-S'il te plaît June. Prends-les.

-Tu ne vas pas me lâcher si je ne les prends pas ?

-Non.

Je tends ma main et il me les donne.

-June, je te l'ai déjà dit hier, mais je serais toujours là pour toi.

-Je l'ai bien compris.

-Merci. N'hésite pas. Et je te laisse te reposer. 

Je lance un petit sourire, ferme la porte et regarde le trousseau de clé, il y a un porte-clé au nom de notre fille. Je vais le poser dans mon sac en soupirant et je m'occupe le reste de la journée.

Quelques jours plus tard. 

Je suis chez moi, dans ma chambre, je travaille. J'ai récupéré de mon accouchement, je crois que ne pas avoir la petite m'aide à bien dormir et à faire se reposer correctement mon corps, ça fait déjà quinze jours. Brett me donne des nouvelles tout les jours quand il passe chercher ce que j'ai tiré en lait et, même si je suis loin et que je ne souhaite pas voir Heather, avoir des nouvelles, c'est sympa. Il m'apporte aussi les cours et me fais passer les contrôles le samedi, ma mère n'est jamais là. Je ne loupe quasiment rien, ça m'aide beaucoup.

Enfin, je complète tranquillement une leçon, j'ai bien bossé ce matin ! Je m'étire en posant mon stylo quand j'ai finit ma révision, je suis fière de moi. Je ferme mon livre, mon cahier, et je descends à la cuisine, je mérite une bonne récompense ! Je sors de quoi me faire un bon milkshake à la vanille ; lait, crème, glaçon et glace à la vanille, j'adore ce milkshake depuis que je suis rentrée à la maison. Je me le prépare rapidement et prends des gâteaux au chocolat quand ma mère débarque dans la cuisine. C'est vrai qu'elle ne travaille pas aujourd'hui.

-June, il faut que je te parle.

Tiens, étonnant sachant qu'on ne s'est pas parlées depuis qu'elle sait que j'ai décidé de ne pas m'occuper de la petite.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-J'ai beaucoup réfléchis depuis le vingt mars, depuis que ta fille est née. Et je suis désolée, mais je ne supporte pas avoir une fille qui abandonne son enfant sous le même toit que moi.

Je me tourne vers ma mère, surprise par ce qu'elle dit.

-Qu'est-ce que tu veux dire maman ?

-Que je te laisse jusqu'à ce soir pour débarrasser le plancher. Je ne te veux plus à la maison.

-Pardon ?! Tu me vires parce que je ne peux pas m'occuper d'Heather ? 

-Exactement. Je ne veux pas d'une lâcheuse sous ce toit. Et ton père est d'accord. Tu prends tes affaires et dehors.

Ma mère est très sèche, la colère se voit sur son visage. Elle part après cette bombe, ma boisson tombe au sol, ma main se plaque contre ma bouche. Je cours rejoindre ma mère, elle est devant la porte.

-Mais t'es pas sérieuse ?! Toi aussi tu me lâches ? Et tu vas jusqu'à me virer de la maison ?

-Je suis très sérieuse et t'avais pas à lâcher ta fille. Je rentre du boulot à sept heures, je ne veux plus te voir quand je rentre. Et nettoie ce que t'as fait tomber.

Elle ne me regarde pas la moindre seconde, elle s'est contenter de récupérer ses affaires et elle sort de la maison, ne me laissant pas le temps de réagir, la porte claque. Je reste ici, complètement sous le choc, ma mère vient de me virer de la maison, parce que j'ai fait un choix qui la dérange.

Je finis par bouger d'ici et je monte dans ma chambre,  je dois préparer mes affaires. Je suis en mode robot, je sors ma valise, deux gros sacs de voyage et je commence à les remplir. Je me retiens de pleurer, je fais juste mes bagages en prenant mon temps. Je profite de mon temps ici, prends un bain bien chaud, une bonne douche et me prépare à manger, je ne sais pas où je vais finir.

Je reste à la maison jusqu'à sept heures moins quart, je range mon ordinateur, récupère mes chargeurs et je file avec mes bagages. Je regarde une nouvelle fois la maison, prends ma nourriture et je file, je ne veux pas croiser ma mère. J'ai eu le temps de réfléchir à où aller, je connais un endroit discret pour ce soir, à l'abris. Je sais que non loin de la rivière, il y a une cabane, parfait pour m'abriter au moins ce soir. 

Quand la nuit tombe, je suis dans la cabane et je réfléchis à où aller après. Je ne débloquerais de l'argent qu'à ma majorité et je ne peux malheureusement rien demandé à mes parents. Je fouille dans mon sac à main, je trouve les clés de Wilkins, je sais que sa porte est ouverte, mais je n'oserais jamais y aller. Je les regarde un petit moment, puis je les range. Je me lève et vais devant la fenêtre, retenant encore les larmes qui veulent couler.

JuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant