Cela fait maintenant un bon moment que je suis contre Brett, plongée dans mes pensées, je me secoue un peu. Je me redresse, Brett caresse doucement mon dos quand je me lève. Je vais chercher mon sac, sort de quoi m'habiller et enfile mes vêtements. Je me casse pas la tête : short en coton, un tee-shirt long, confortable, et ma culotte, évidemment. Je finis mon tour de la maison, la chambre est splendide, elle a sa petite terrasse, avec un petit bassin. Je vais voir ce que c'est, j'hallucine en voyant le jacuzzi. Je vais plonger la main de l'eau, elle est fraiche.
-Ça te plaît ?
Je sursaute en entendant Brett dans mon dos, je me tourne vers lui en posant ma main sur ma poitrine.
-Oui, ça me plaît. Tu as bien choisi cet endroit.
-Je suis content. Mais t'as l'air un peu perdu dans tes pensées.
-Je le suis. Être au calme, sans bruit, sans Heather, ça donne envie de se plonger dans ses pensées.
-Je te comprends bien. Ça fait du bien ce calme. C'est pour ça que j'ai choisi cet endroit.
-T'as bien fait.
Je vais me blottir dans ses bras en posant mon nez sur son torse, son odeur est rassurante pour moi. J'entends Brett souffler du nez, je me redresse pour le regarder.
-Riez-vous de moi monsieur Wilkins ?
-Non, je suis attendri. Je ne ris pas de toi.
-J'espère bien.
Brett pose un baiser sur mon front, puis nous retournons à l'intérieur. Je finis ma visite par la salle de bains, elle est très simple mais confortable. On s'occupe de vider nos sacs, Brett a pensée à prendre un sac avec de quoi manger, heureusement, il n'y a rien dans les placards si ce n'est la vaisselle. Une fois installés, on peut manger tranquille et profiter du soleil en paix toute la journée. On pense aussi à appeler Rose en visio, elle nous montre Heather, qui s'amuse bien malgré notre absence.
Notre soirée passe aussi doucement, on finit, vers onze heures, par aller au jacuzzi, après un délicieux moment entre nous. Brett l'a déjà préparé, j'entre dans une eau bien chaude et avec plein de bulles. J'ai été dans mes pensées toute la journée, à réfléchir à mes sentiments, ça me gonfle. C'est la première fois que je suis comme ça et j'ai personne à qui confier ce que je ressens avant de le dire à Brett. Je me blottis quand même contre lui, ça me fait du bien.
-Bon, tu me parles de ce que tu as ? Demande-t-il en passant ses doigts dans mes cheveux. Tu as été ailleurs toute la journée.
-Je te l'ai dit tout à l'heure, c'est le bon endroit pour se perdre dans ses pensées. Je suis désolée si ça t'as dérangé.
-Tu n'as pas à t'excuser June. Je suis juste surpris. Mais qu'est-ce qu'il ce passe dans ta petite tête ?
-T'aimerais pas savoir. Les pensées d'une jeune femme de 17 ans, ça peut faire un peu flipper.
-Au contraire, j'aimerais bien savoir. Pour te perdre autant, c'est que ça doit être sacrément important.
Je soupire, me redresse et me tourne pour le regarder dans les yeux.
-Je pense à beaucoup de choses. Des choses que je ne suis pas prête à dire.
-C'est si grave que ça ?
-Brett, je suis devenue maman à 16 ans, avec toi c'est passé d'une haine sans nom à une très jolie relation. J'ai aussi perdu mes amis, mes parents, je suis paumée pour mes études... C'est pas grave, mais prenant.
-Je comprends. Et tu sais qu'il y a un truc qui t'aiderais ?
-Ah oui ? Quoi ?
-Un journal intime.
-Un journal intime ? J'ai plus l'âge.
-Il n'y a pas d'âge pour écrire ce qu'on a dans ses pensées. On a tous des moments où on doit évacuer.
-Tu l'as déjà fait ?
-Écrire ? Non, mais j'avais mes parents et ma soeur. Mais pour toi, ça pourrait te faire du bien, surtout si c'est des trucs que tu ne peux pas me dire.
-Ne veux pas te dire.
Je ne vais pas te dire ce soir que j'ai l'impression d'avoir des sentiments amoureux alors que voilà, tu m'as violé et que j'ai eu un bébé par ta faute. Brett sourit en posant sa main sur ma joue, je blottis mon visage contre en fermant les yeux, puis je reprends ma place. Notre soirée se termine doucement, on va se coucher. Je sens Brett s'endormir assez vite, il est vraiment épuisé, mais moi j'ai trop de pensées qui m'empêche de dormir.
Je finis par me relever, je file dans le salon, récupère un carnet dans mon sac, un crayon et je m'installe à table, avec un verre d'eau. J'ouvre mon carnet, mon crayon et regarde les pages blanche, cherchant quoi écrire. Je ne sais pas par quoi commencer, j'ai trop de choses en tête. Je commence à gribouiller, ça commence à m'énerver tout ça.
Après un bon gribouillage sur ma page, je lâche mon crayon, passe mes mains sur mon visage en soupirant puis je regarde mon carnet. Visiblement, si je ne sais pas ce que je veux, mon subconscient sait et a guidé mes doigts. J'ai sérieusement écrit un "je l'aime" sur ma feuille.
-Fais chier.
Je ferme mon carnet, ça me gonfle. Je le range dans mon sac et vais me caler contre l'encadrement de la porte de la chambre pour regarder l'objet qui commence à sérieusement me hanter l'esprit, il dort vraiment profondément. Le scénario de notre histoire revient encore et encore, et ça me fait toujours la même sensation dans le ventre. Je revois ses regards tendre sur moi quand j'étais encore enceinte, quand il me parlait d'Heather avant que je déménage chez lui. Il y a aussi tout les moments qu'on partage, avec notre fille, quand on est que tout les deux comme aujourd'hui ou quand je suis ronchon après ces fichu devoirs de maths. Il trouve toujours le truc pour me faire aller mieux ou bien rire, ou me rassurer avec Heather.
Mais l'amour ! Putain, l'amour, être amoureuse ! Je sais que je l'aime bien, mais parce qu'il est le papa de ma fille et qu'il se comporte avec moi parfaitement bien ! Je pensais pas juste l'aimer, avec mon coeur, qu'il prendrait autant de place. J'ai dix-sept ans, lui vingt huit, il est mon prof. Enfin, mon ex professeur. C'est juste pas possible ! Tout ça parce que je l'ai embrassé, qu'on a passé deux mois collés l'un à l'autre pendant les vacances, que j'ai fait la connerie de coucher avec lui !
Une envie de taper contre le mur me prends, je dois arrêter rapidement cette relation trop intime, sinon ça va totalement me perdre. Dès lundi, j'arrête. Ça va être dur, mais pour mon coeur, je dois le faire. Et je vais tout consigner dans un carnet.
Je retourne au lit, sans me coller à lui, en me mettant même dos à lui. Ses bras autour de moi me manque déjà, mais je dois m'éloigner. L'amour, c'est impossible entre nous. Et je sais qu'il tient à moi, mais pas au point de tomber amoureux. Je suis la mère de sa fille, ça doit rester ainsi.

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June
General FictionJune est une jeune femme de 16 ans, vivant une vie paisible dans une petite ville de Louisiane. Alors qu'elle rentre d'une soirée avec ses amis, un drame va lui arriver. Elle va doucement tourner la page, jusqu'à ce qu'un événement la ramène à la ré...