Chapitre 15

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Quelques jours plus tard.

Nous sommes à l'hôpital, devant le bureau du gynécologue, c'est l'heure du rendez-vous, déjà.  Aujourd'hui j'ai mon bilan, je ne suis pas du tout pressé. J'attends ça pour annoncer la nouvelle à mon père, histoire de savoir quoi lui dire si jamais il me pose des questions, même si je sens pertinemment qu'il va me raccrocher au nez quand il saura. 

Enfin, je regarde la porte du gynécologue, elle finit par s'ouvrir sur le médecin. Celle-ci salut sa patience et se tourne vers ma mère et moi.

-June Swanson ? Vous venez ?

Je hoche la tête, me lève et regarde ma mère.

-Tu viens avec moi maman ?

-Si tu veux, oui.

Elle me rejoint, nous entrons dans le bureau de la gynécologue après lui avoir serré la main et nous nous installons. Le médecin commence à m'interroger sur la grossesse, je lui parle de tout sans trop de gêne, malgré la présence de ma mère. Elle me parle aussi des résultats sanguins, que j'ai fait plus tôt dans la journée.  Tout est bon, hormis quelques carences, normal en étant enceinte.

-Bien, maintenant que tout est bon niveau informations et prise de sang, on passe à l'examen physique. Allez vous installer.

J'obéis sans répondre, je retire mon gilet et m'assois sur la table d'auscultation. La gynéco me rejoint et contrôle tout sur mon physique. Tension, poids, coeur, tout y passe, y compris un examen plus profond au niveau de mon intimité, s'assurer que tout est encore bien fermé. Désagréable cette dernière étape, mais nécessaire.

-Je trouve ça dingue que votre ancienne gynécologue n'ai pas fait ce genre d'examen. Ce sont des choses importantes ...

-C'est moi qui ne voulait pas. Elle insistait à chaque fois.

-Elle aurait du insister un peu plus. Vous auriez pu vous mettre en danger.

-Je sais.

Je suis honteuse, je sais que j'ai joué avec le feu. Je me rallonge sur la table après avoir remis ma culotte et mon jean, elle inspecte mon ventre et s'installe près de l'échographe. 

-Bien, passons à l'échographie. Voyons si ce fœtus pousse bien.

La gynéco sourit, pose du gel sur mon ventre puis la sonde. Elle commence l'examen, je tourne la tête pour ne pas voir l'écran. Je l'entends dire que tout va bien, le bébé grandit bien.

-June, vous voulez regarder ?

-Non. Je n'ai pas envie.

-D'accord. Je dois mettre le son, pour contrôler son coeur. 

-Faites.

Je l'entends appuyer sur quelques boutons puis un bruit régulier et rapide se fait entendre. Je regarde ma mère, qui est à mes côtés, elle sourit.

-Ça, c'est un gaillard ! Son coeur bat vraiment vite.

-C'est sûr. Un très bon rythme cardiaque. Je crois que malgré votre réticence, votre bébé veut vous montrer qu'il est là. 

-J'entends ça. 

Je soupire presque, puis ose jeter un œil à l'écran. J'essaie de reconnaître des choses, j'arrive à voir ses petits doigts et sa tête. Je ne peux pas rester de glace face à ça, il a l'air mignon malgré tout.

-Vous voulez connaître le sexe du petit ? J'ai réussis à le voir.

-Non, je ne veux pas.

-Pas de soucis. Je dois juste encore voir deux trois petites choses et tout sera bon. Mais votre bébé va très bien. Tout va bien pour la grossesse.

-C'est rassurant.

Ma mère serre ma main, la gynéco finit son examen et me donne du papier pour essuyer, enfin ! J'essuie mon ventre, me lève et me rhabille. On retourne au bureau, la gynéco donne tout les papiers et les informations nécessaire à la fin de la grossesse. Je vais très vite entrer dans le troisième trimestre, alors je vais avoir beaucoup de choses à faire jusqu'à l'accouchement, dont le choix de la naissance : naturelle, programmée ou césarienne. Je la remercie, ma mère aussi et nous partons après avoir pris mes compléments et vitamines. On ne discute pas sur le trajet et je fonce dans ma chambre quand on arrive à la maison.

Je m'installe à mon bureau et regarde les papiers, les photos de l'échographie surtout. Je les comparent aux premières, ce bébé a vraiment beaucoup grandit en quelques semaines. Je soupire profondément et ferme les yeux, retenant mes larmes et cherchant du courage, c'est l'heure d'appeler mon père. Je respire calmement puis je me redresse en ouvrant les yeux. Je prends mon portable et appelle mon père en facetime. Il décroche rapidement, ça me surprends presque. On échange quelques mots sur Seattle, le nouvel an qui arrive et Noël, puis je décide de ne plus tourner autour du pot.

-Papa, j'ai quelques chose à te dire.

-C'est pour ça que tu m'appelle ?

-Oui. Et promets-moi de ne pas te fâcher.

-Ça va dépendre de ce que tu veux me dire. Mais je t'écoute et je te promets que j'essaierais de rester calme.

-Merci. Euhm, voilà ... Je ... 

J'hésite énormément, n'osant pas le dire. Je le regarde à travers l'écran, je vois qu'il est inquiet.

-Chérie, qu'est-ce qu'il y a ? C'est si grave ? C'est par rapport au lycée, ta santé ?

-Non, c'est différent.

Je me râcle la gorge et le dit, il faut arrêter de fuir et de l'inquiéter pour rien. 

-Je suis enceinte papa.

-Pardon ?

Mon père tourne la tête et regarde son bureau, surpris, puis il me reprends, je vois que son visage devient colérique.

-T'es sérieuse ?! T'es enceinte ?!

-Oui.

-Putain, June, mais qu'est-ce qu'il t'as pris ?!

-C'était un accident ...

-Mais t'es enceinte ! De combien ?

-Bientôt sept mois. 

Je l'entends jurer je sais qu'il aurait demandé à ce que j'avorte si j'étais en dessous de 3 mois, chose que j'aurais accepté.

-Putain, sept mois ! Et t'as attendu aussi longtemps pour le dire ?!

-Maman ne le sait que depuis cinq jours.

-Et toi, tu le sais depuis combien de temps ?!

-Septembre.

-Et le dire rapidement, c'était trop demandé ?! Merde June, on parle d'une grossesse !

-Je sais, mais je n'osais pas. Je ne voulais même pas le dire, c'est maman qui m'a forcé.

-Tu sais que tu me fais sacrément honte ?

-Papa ...

-Puisque t'es enceinte de sept mois, tu ne viendras pas chez moi et je ne suis même pas sûr de te dire de venir quand tu auras accouché.

-Mais ...

Il me raccroche au nez, vraiment en colère, prêt à m'oublier à cause de la grossesse. Je tente de ravaler la boule dans ma gorge et descends au salon, j'entends ma mère au téléphone et visiblement avec mon père, en colère. Les deux se disputent, jamais ça n'est arrivé. Je me cale contre le mur du salon et écoute, mon coeur me fait mal quand j'entends ma mère dire qu'elle aussi a honte. Je regarde le sol, triste.

J'écoute encore un peu la conversation puis je retourne dans ma chambre. Je ne me sens vraiment pas bien, je prends conscience qu'à cause du viol, j'ai non seulement perdu ma virginité, mon honneur et ma dignité, mais j'ai aussi perdu ma famille et mes amis suivront. Je m'assois sur mon lit, dépitée, triste. Je sens le bébé bouger, doucement, comme un papillon dans mon ventre, pour me rassurer j'ai l'impression. 

Je secoue la tête, ignorant ce bébé qui bouge et me lève, allant vers mon bureau. Je regarde les papiers et passe ma main sur mon bureau pour le vider de tout ces papiers de merde, puis je craque. Je me mets à pleurer, épuisée.

JuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant