Chapitre 13

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Neuf heures sonnent, la nuit est déjà bien tombée. Je suis à mon bureau, à travailler un peu. Je m'occupe l'esprit comme je peux, oubliant le fait que ma mère sait pour la grossesse et surtout, je tiens à oublier ce ventre qui, pour je ne sais quelle raison, a gonflé. J'ai envoyé une photo à Matt, ça l'a mis sur le cul. Il ne s'attendait pas à ça, moi non plus. C'est comme si mon corps, maintenant que ma mère sait, c'était "aller, la mère sait, on libère tout et on arrête d'écraser les organes pour rien avec ce bébé". Et le petit a beaucoup trop bougé, c'était vraiment déconcertant.

Quelqu'un toque à la porte, je me tourne vers elle et dit à la personne d'entrer, c'est ma mère qui ouvre la porte. 

-Je ne te dérange pas ?

-Non. Tu peux entrer.

Ma mère entre dans la chambre et vient s'asseoir sur le lit, elle sourit tendrement en voyant mon ventre.

-Hé bah, ça a bien poussé.

-Ouais. Et ça m'énerve.

-Pourquoi ?

-Parce que tout le monde va le voir quand je vais retourner au lycée et je sais déjà qu'on va m'insulter, me traiter de tout les noms.

-Et tu vas leurs donner de l'importance ? June, t'as pas à leur donner la moindre seconde d'intérêt. T'es enceinte, t'as pas un œil qui a poussé sur le front ou un troisième bras.

-Je suis enceinte, à seize ans. C'est pire que d'avoir un troisième œil ou bras.

-Pire ? June, même si t'es trop jeune, c'est pas la mort. Si des gens te font des réflexions, ignore-les. T'as pas à perdre ton temps avec des cons. Mais je ne suis pas venue pour parler de ton ventre, ni du lycée.

-De quoi tu veux me parler ?

-J'ai appelé mon gynécologue et demandé à avoir un rendez-vous complet rapidement pour une grossesse. 

-J'aurais pu demander à ma gynécologue de s'en occuper.

-Non, je préfère que tu ailles voir mon médecin, qui en plus travaille à l'hôpital. Au moins, tu seras suivit correctement. Et on a rendez-vous le vingt-sept, à deux heures et demi. Il te fera un bilan complet.

-Donc une échographie ?

-Oui. Je comprends que tu n'ai pas envie de voir ce bébé, mais tu dois absolument en faire une. Imagine ton bébé a une malformation ou soit en danger ? Tu voudrais le savoir.

-Pas forcément envie de savoir, mais il est vrai que je ne peux pas rester irresponsable face à mes responsabilités.

-C'est bien. Mais chérie, tu sais, j'ai repensé à l'abandon que tu souhaite faire...

-Et je ne changerais pas d'avis. Je ne veux pas garder ce bébé.

-Mais tu ne peux pas l'abandonner. Il faut que tu l'assume ce bébé ! Bon sang, June, ça reste ton enfant.

-Et ma vie. J'assume ma connerie, la grossesse, mais ne me force pas à garder ce bébé. Je n'aurais juste pas la force de le garder.

Je ne pourrais jamais garder ce bébé issu d'un viole. Jamais. Le voir, tout les jours, ça me ferait vraiment mal. Je sais que si ma mère savait la vérité, elle pourrait comprendre, mais je ne peux juste pas le dire. 

Ma mère soupire, puis se lève.

-Écoute, t'es enceinte de quasi sept mois, tu as encore un peu de temps pour réfléchir. Mais s'il te plaît, n'abandonne pas ton bébé.

-On verra. Déjà on va voir s'il est bien formé mardi.

-Je suis bien d'accord. Le repas est prêt sinon, tu peux venir à table.

-Merci.

Ma mère sort de la chambre, je soupire et la suit dehors après avoir pris mon portable, j'ai quand même un peu faim. Je vais dans la cuisine, me sers rapidement et m'installe à table. Je discute avec mes amis, ils me changent vraiment les esprits et je ne pense pas une seule seconde à la grossesse et à l'annonce.

Une fois que j'ai finis de manger, je file dans ma chambre, récupère mon pyjama et vais dans la salle de bains pour prendre ma douche. Enfin, prends un bain, j'ai envie d'un bain bien chaud ce soir. Je pose mes affaires sur le côté et me déshabille, je fais vraiment attention à ce ventre qui a vraiment grossit. On le voit que je suis bientôt enceinte de sept mois, ça me déprime.

Je pose mes mains dessus et me regarde dans le miroir, cette grossesse, en quelques heures, est devenue vraiment réelle, concrète et je ne vais plus pouvoir la cacher... Je suis dégoûtée, moi qui avait réussit à la cacher à Wilkins. C'est sûr qu'il saura que c'est lui le père, il voudra voir ce bébé et ça m'énerve vraiment. 

Je ronchonne et me dirige vers la baignoire pour ouvrir l'eau. J'ouvre le robinet, attends que l'eau soit bien chaude et ferme le bain. Je me cale contre la céramique et attends que mon bain soit rempli. Je sens le bébé bouger dans mon ventre, ça me perturbe vraiment. Je repose ma main sur mon ventre, j'ai juste envie qu'il se calme, j'ai pas envie de sentir ses coups, de me dire qu'il y a vraiment quelque chose qui grandit dans mon ventre. Je finis par sentir l'eau sur ma main posée sur la baignoire, mon bain est prêt. Je coupe l'eau et entre dedans, la chaleur me fait du bien. Je ferme les yeux et profite de ce calme.

Après un bon moment dans mon bain, je me savonne, me rince et sors de la baignoire. Je me glisse dans mon peignoir, qui est devenu trop petit pour mon ventre. Je sèche mes cheveux et m'habille, mes vêtements sont vraiment petit maintenant, je me sens serrée dans mon tee-shirt de pyjama. Je sors rapidement de la salle de bains et rejoins ma mère, elle est au salon, à regarder la télévision. 

-Maman ? Je peux te parle deux secondes ?

-Bien sûr.

Elle tourne la tête vers moi, elle saisit tout de suite de quoi j'ai envie de parler. Je vais quand même m'asseoir à côté d'elle, je pousse un long soupire avant de lui parler.

-J'ai besoin de de nouveaux vêtements. Rapidement. Je ne rentre plus dans mon pyjama.

-J'ai vu ça. On ira t'en acheter demain, des magasins sont ouverts. 

-Tu ne peux pas y aller seule ? J'ai pas envie de sortir trop tôt avec ce ventre.

-Non, je n'irais pas seule. Tu viendras avec moi, pas le choix !

Je grogne dans ma barbe, mais je n'ai pas le choix que de l'accepter.

-D'accord. Je vais venir.

-Heureusement. Et tu as prévenu ton père ?

-Non, pas encore. Mais je vais le faire. Je n'ai pas la force pour le moment. 

-Je te laisse jusqu'à mardi soir pour lui dire. Après ça, je l'appellerais. 

-OK. Au moins, ça va me forcer à lui dire. J'ai vraiment pas envie que ce soit toi qui l'annonce.

-Pourquoi ?

-C'est ma connerie, je dois assumer.

-T'as au moins du plomb dans la cervelle, c'est une bonne chose. 

-Merci, dis-je en riant. 

-Tu restes avec moi ou tu vas dans ta chambre ?

-Je reste avec toi, vu que c'est proposé si gentiment.

Je souris en me calant confortablement, ma mère me prends contre elle et pose un plaid sur mes épaules. Je savoure cette soirée avec ma mère, ravi qu'elle reste proche de moi malgré la grossesse.

JuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant