Quelques jours plus tard.
Cela fait déjà plus d'une semaine que je suis à la maison, je peux enfin accoucher ! Je suis à trente sept semaines de grossesse et je dois dire que je suis épuisée. J'essaie de beaucoup bouger, je fais du ménage, monte et descends les escaliers régulièrement, j'ai lu que ça aidait à déclencher le travail.
Et je dois dire que ces conseils fonctionnent, j'ai des contractions depuis hier soir, mais je ne savais pas que ce truc faisait mal ! Et ça va aller en s'empirant d'après les témoignages que j'ai lu, je suis pas prête. Le pire, c'est que malgré tout, je continue mes allers-retours dans les escaliers, je veux juste accoucher maintenant.
Je finis par retourner dans ma chambre et récupère la boule que ma mère a acheté il y a quelques semaines, la seule chose qu'elle n'a pas rendu. Depuis notre "discussion" un peu houleuse d'il y a quelques jours, on ne se parle presque plus, juste pour l'essentiel et quand elle m'a aidé à faire mo sac de maternité. Mais elle ne prends plus le temps de discuter avec moi comme on le faisait le soir avant, ça me rends triste cette situation. Je voulais juste qu'elle comprenne mes choix.
Mon père, lui, c'est silence radio. Pas un message, un appel, un mot pour moi. Je sais que mes parents discutent encore, mais jamais de moi. De la pluie et du beau temps, mais pas de moi, leur fille unique ... Matt et le groupe, pareil, silence. Il n'y a que Brett qui prends des nouvelles, c'est quasi le seul sur qui je peux compter en ce moment. En même temps, j'attends sa fille. Et ouais, je commence à l'appeler par son prénom, je m'y fais doucement.
Enfin, je m'installe sur la boule et essaie de travailler comme je l'ai vu, mais ce n'est pas confortable, alors je bouge jusqu'à mon lit. Je cherche une position, joue avec mon coussin d'allaitement, mais rien n'y fait. L'inconfort me prends et les contractions sont pénible. Le temps entre est une bénédiction, ça me permet de souffler. Je récupère aussi mon portable et lance mon appli de contraction, je dois quand même contrôler tout ça.
Je reste deux bonnes heures dessus, les contractions s'accélèrent. Je fais quelques recherches sur internet, je crois que le travail a déjà bien commencé, j'ai des contractions toutes les dix minutes. Je me redresse et essaie d'appeler ma mère, je tombe sur sa messagerie. Je raccroche et essaie d'appeler son cabinet, pas de réponse non plus.
-Putain, fais chier !
Je commence à taper le numéro des secours, mais je me souviens que Wilkins m'a promis d'être disponible pour moi le jour où j'accoucherais. Et aujourd'hui, c'est le jour ! Je supprime le numéro des secours et l'appel, il doit être en pause là. Ça sonne, il décroche à la dernière sonnerie.
-June ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
-Je crois que je vais accoucher. Et j'ai personne pour m'emmener à l'hôpital.
-Tu es chez toi ?
-Oui.
-J'arrive. Si tu peux, tiens toi prête. Je fais vite.
-Merci.
Je raccroche, profite d'un moment sans contraction pour me lever, mettre des chaussures et poser ma valise vers la porte. Je reste dans ma chambre le temps qu'une nouvelle douleur passe et y reste un petit moment, jusqu'à ce que ça sonne enfin ! Je me dirige vers les escaliers et dit à la personne qui est là d'entrer, c'est bien Wilkins. Il m'aperçoit et fonce vers moi.
-Hé, ça va June ?
-Non ! Je douille, j'en ai marre ! Je veux une putain de péridurale !
-Alors on file. Je prends ta valise.
Je hoche la tête, il récupère la valise et je le suis jusqu'à la voiture. On s'installe, Brett démarre et on part enfin pour la maternité qui est à bien vingt minutes de route. Je ferme les yeux et essaie de gérer la douleur, impossible.
On finit par arriver à la maternité, les contractions restent très régulières, toutes les huit minutes visiblement. J'ouvre les yeux quand Wilkins me le dit, je sors de la voiture et nous nous dirigeons tranquillement jusqu'à l'intérieur du bâtiment. On va jusqu'à la porte de la maternité, Wilkins ouvre la port et nous allons à l'accueil. Une sage-femme nous accueille en souriant, je lui indique rapidement que j'ai des contractions régulières, elle appelle une de ses collègues qui vient me chercher après quelques minutes, j'ai eu le temps de remplir mon dossier.
La nouvelle sage-femme m'emmène jusqu'à une salle d'auscultation en me posant quelques questions au passage, elle est très gentille et me rassure beaucoup. Elle sait que j'ai que seize ans, alors elle fait tout pour me mettre à l'aise. On s'installe dans la salle, elle pose le monitoring qu'il faut et vérifie le coeur de la petite. Tout va bien visiblement, et je sais qu'elle est en bonne position pour sortir.
-Aller, on va voir où vous en êtes. Vous enlevez votre jean et votre culotte ?
Je me tourne vers Brett, il comprends que j'ai pas envie qu'il me voit à moitié nue.
-Je vais attendre à l'extérieur.
Il sort rapidement, je me lève et me déshabille. Je suis un peu gênée, mais c'est bien nécessaire si je veux savoir où j'en suis. Je m'installe de nouveau sur le lit et laisse la sage-femme faire son boulot. Je grimace un peu quand elle contrôle, elle le voit alors elle y va en douceur.
-Bien. Le travail a bien commencé, vous êtes déjà à quatre centimètres.
-Quatre ? C'est tout ?
-Avec ce que vous m'avez dit, le travail n'a commencé que depuis trois ou quatre heures. Quatre centimètres, c'est même beaucoup.
-Oh ! OK. Et je suppose que les douleurs vont aller en empirant ?
-Oui. Je suppose que vous allez demander la péridurale ?
-Oui !
La sage-femme rigole puis elle finit son examen. Elle pose une couverture sur moi, Brett revient et je reste ici un petit moment. On m'emmène dans une chambre après une petite heure. Je me change tranquillement et c'est partie pour l'attente. Wilkins a envoyé un SMS à ma mère, comme quoi je suis à la maternité, mais elle n'a pas répondu, donc il reste avec moi et me rassure, me fait rire entre deux contractions.
L'anesthésiste passe au milieu de l'après-midi et me fait la péridurale, qui en fonctionne pas au bout d'une bonne heure. Ça arrive, mais les contractions sont de plus en plus rapprochés, plus longue et plus douloureuses au fil des heures qui passent. Heureusement, la dilatation est maintenant complète, on doit attendre que la petite s'engage bien.
-Hé, June, ça va aller ? Demande Brett alors qu'on est là depuis maintenant huit longues heures.
-J'en sais rien. J'ai vraiment trop mal.
-Tu veux que j'appelle quelqu'un ?
-Non. C'est normal, la péri n'a pas fonctionné.
-Tu peux demander quelque chose d'autre pour te calmer.
Je secoue la tête, je sais que rien ne m'aidera vraiment. Brett soupire, je le regarde.
-Les douleurs vont bientôt s'arrêter, je vais pas tarder à pousser.
-Tu sens qu'elle arrive ?
-Ouais. Tu peux aller chercher la sage-femme ?
-J'y vais.
Il file rapidement, je me rallonge comme il faut. La sage-femme et Wilkins reviennent après quelques minutes, chacun trouve sa place et je ne me suis pas trompée, la petite va arriver. Elle appelle une collègue qui ne tarde pas à arriver. Je prends une profonde inspiration et, quand on me le dit, je pousse enfin ! Je douille à mort, j'ai envie d'hurler, mais je me souviens des témoignages que j'ai lu, hurler rends la chose moins efficace. Entre deux poussées, je prends la main de Brett, lui aussi doit morfler !
Je continue à pousser peut-être vingt minutes, efficacement selon les sages-femmes, quand je sens enfin la libération ! Elle sort, je me laisse tomber sur le lit pendant que la sage-femme pose la petite sur moi. Je ferme les yeux, je l'ai fait ! Je suis enfin libérée de cette grossesse, même si je vais récupérer mon corps d'ici quelques mois.
La petite commence à pleurer, je garde les yeux clos et prends ma décision : je ne peux pas... Je ne peux pas la garder.
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June
Genel KurguJune est une jeune femme de 16 ans, vivant une vie paisible dans une petite ville de Louisiane. Alors qu'elle rentre d'une soirée avec ses amis, un drame va lui arriver. Elle va doucement tourner la page, jusqu'à ce qu'un événement la ramène à la ré...