Chapitre 5

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Matt me lâche, nous avons fait un long câlin. Je suis plus calme que tout à l'heure, mais mon esprit n'est pas serein, pas calme. Nous reprenons notre balade avec Matt ça fait du bien d'être au calme, sans me sentir jugé. 

Nous finissons par retourner à la voiture, mais Matt mets du temps pour démarrer. Je me tourne vers lui, étonné qu'il ne démarre pas.

-Pourquoi tu démarres pas ?

-Je pense à un truc, c'est tout.

-Quoi ?

-Que tu vas avoir pleins de choses à faire et que sans tes parents, ça va être compliqué. 

-Parce que tu crois que je vais faire des échographies et tout ça ? Matt, je ne vais rien faire. Je vais juste attendre.

-Et l'accouchement ? Tu vas devoir aller à l'hôpital.

-Je trouverais une solution. Et parle pas d'accouchement.

-Bien.

Matt démarre et quitte le parking, je sens que je l'ai déçu.

-Matt, tu vas pas me faire la tête ?

-Non. J'essaie d'accepter tes choix. C'est tout.

Je soupire puis regarde la route. Matt me conduit jusqu'à la maison, il me retient quand je veux sortir de la voiture.

-June, encore une fois, je t'en supplie, parle à tes parents.

-Encore une fois, c'est hors de question.

Je réussis à me libérer et je rentre chez moi. Je file dans ma chambre, sors les plaquettes, les résultats et je les regarde en m'asseyant sur mon lit. J'en vois une qui parle d'accouchement sous X, je la sors du tas, pose le reste et commence à la lire. L'accouchement sous X est facile, très facile. C'est la meilleure solution si je viens à garder ce fœtus.

Du bruit me sort de mes pensées et de ma lecture, je cours vers ma fenêtre. Ma mère vient de rentrer, sa voiture est dans l'allée. Je reprends mes papiers et vais les cacher au fond de mon armoire, je les rangerais mieux plus tard. Je récupère mon sac, l'ouvre, le vide sur mon lit et m'installe dessus en m'attachant les cheveux et lançant ma veste. Je m'installe sur le ventre, récupère un crayon, mon livre de maths et me mets à bosser.

J'entends ma mère monter à l'étage et toquer à la porte, je prends une profonde inspiration et lui dit d'entrer.

-Salut ma puce. Je te dérange ? Je vois que tu travailles. 

-Non, tu ne me déranges pas.

-D'accord. Comment s'est passé ton rendez-vous ? 

-T'as pas lu mon message ?

-Si, mais j'ai envie de t'entendre.

Je me redresse et me force à la sourire en me redressant.

-Tout va bien, j'ai juste eu une petite baisse de tension ces derniers jours. 

-Et tes résultats de prise de sang ? Tu les as ?

-Non, il les a gardé. 

-T'as oublié de les récupérer ?

-Oui. Mais c'est pas grave. 

-OK. Et pas de médicaments ?

-Non. Je dois juste faire attention à ce que je mange.

-T'as pris un goûter ?

-Non, pas encore.

-Je vais te préparer ça. A tout à l'heure ma puce.

Ma mère me fait un bisou et quitte ma chambre en fermant la porte, je souffle fort, je pensais qu'elle allait plus insister. Je regarde mon livre de maths, je dois bosser, mais en même temps, j'ai envie de lire les infos. Je passe mes mains sur mon visage, je dois arrêter de penser à ça.

Je décide de descendre à la cuisine, j'ai besoin de penser à autre chose. Ma mère prépare un bon goûter, elle sourit en me voyant m'installer à table. Je la regarde faire et souris à mon tour en voyant l'assiette qu'elle me pose face à moi. C'est des gaufres, j'adore ça. Elle pose aussi toutes les garnitures et vient derrière moi.

-Tu sais que je t'aime ma puce ?

-Bien sûr. Tu me caches quelque chose maman ?

-Non. Je voulais juste te dire que je t'aime.

Elle pose un baiser sur mes cheveux, je me sens si mal maintenant... Elle ne sait pas que je lui cache un sacré truc, j'ai presque honte. Je regarde mon assiette, mais je n'ai plus faim. Ma mère vient s'asseoir en face de moi, je sens qu'elle voit que quelque chose ne va pas.

-Ma puce, qu'est-ce qu'il y a ? T'avais l'air plus joyeuse tout à l'heure.

-Je viens de penser à un truc au lycée, rien de bien grave.

-Sûre ?

-Oui.

Je la regarde en souriant, elle n'a pas été convaincu, mais elle ne me pose pas plus de question. On commence à manger, mais franchement, je suis dégoûtée. Je mange pour faire bonne figure, ma mère n'est vraiment pas dupe. Elle pose ses couverts et me regarde.

-Bon, qu'est-ce qu'il y a ? D'habitude, tu fonds sur tes gaufres quand j'en fais. Aujourd'hui, c'est à peine si elles te dégoûtent juste en les voyant.

-Maman, ça va. Je pense juste à plein de choses par rapport au lycée, rien de grave.

-Non, je sens que tu me caches quelque chose, t'es pas comme d'habitude. Es-tu sûr que tout c'est bien passé chez le médecin ?

-Oui. Ne t'inquiète pas, je vais bien, juste ... je pense à beaucoup trop de choses.

-Si quelque chose ne va pas, dis-le moi. June, tu as beaucoup changé depuis le début des vacances.

-Tu vas encore me poser beaucoup de questions de ce genre ?

Je suis vraiment agacée par toutes ses questions, je pose mes couverts et monte dans ma chambre. Je m'installe sur mon lit et me mets sur mes devoirs, j'ai plus envie de penser à cette journée de merde.

La soirée passe doucement, je suis redescendu que pour manger. Mes parents ont discutés pendant tout le repas, m'ignorant et c'est une bonne chose. Maintenant, je suis dans la salle de bains, je me prépare à aller à la douche. Je me déshabille et vais devant le miroir. Je passe une main sur mon ventre, il a un peu gonflé et je sais que ce n'est pas dû à mes repas, enfin, pas que à ça. La grossesse commence à se voir et j'espère que ça va pas plus se voir. Ce ventre est déjà trop imposant, j'ai pas du temps envie qu'il grossisse plus, il ne doit pas plus grossir. 

Je le regarde de longues secondes, puis je secoue la tête pour aller à la douche je ne dois pas plus m'attarder devant le miroir. Je file sous l'eau, elle est froide, mais elle fait du bien avec toutes les émotions que j'ai vécu aujourd'hui. Je prends mon temps sous la douche, même si je passe rapidement sur mon ventre. 

Une fois ma douche terminée, mes cheveux séchés et habillée, je retourne dans ma chambre, prépare mes affaires pour demain et je m'installe devant la fenêtre, songeuse. Je réfléchis à pleins de choses, mon esprit va être dans cet état un bon moment encore, jusqu'à ce que ce petit arrive. J'arrive même à me demander si je dois parler ou non à mon agresseur...

JuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant