Chapitre 57

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Quelques jours plus tard.

Ma journée de cours est bien avancé, je suis dehors sur un banc, je travaille. Je n'avais pas envie de m'enfermer à la bibliothèque, je voulais profiter du beau temps. Et du soleil. J'aime bien travailler comme ça, même à la maison je fais ça.

De l'ombre finit par me sortir de ma concentration sur les maths, pour une fois que je comprends quelque chose. Je soupire et lève la tête, je ne suis pas trop étonnée de voir Thomas.

-Salut Thomas, qu'est-ce que tu fais là ?

-J'ai pas d'entraînement, pas cours, alors je profite du soleil.

-D'accord. Et tu viens m'embêter ! 

-Bah ouais. Tu bosses sur quoi ?

-Maths. Je profite du calme et de la sérénité pour y faire. 

-T'aimes pas ça ? 

-On est pas amis, les maths et moi.

-J'aime tellement les maths ! Je peux t'aider si tu veux.

-Toi t'aimes les maths ?

-Evidemment ! Tu crois que je suis juste un joueur de football, avec la tête vide ?

-Je suis pas dans les clichés, je sais que t'es pas con. Surtout qu'on sait que le sport d'équipe demande des capacités assez incroyable. Encore plus au foot.

-Merci beaucoup pour reconnaître nos capacités.

-Quand même. Vous restez des abrutis assez souvent.

Thomas éclate de rire et vient s'asseoir à côté de moi, il regarde mon cours en se calmant.

-Tu pars mal.

-Pardon ?

-Ton devoir. Tu pars mal. 

-Comment ça ?

Je me tourne vers mon devoir, il était si bien avancé ! Thomas prends un crayon et une feuille et me montre la bonne méthode, avec des résultats différents.

-Voilà, c'est comme ça.

-Fait chier ! Je pensais avoir compris enfin ces putains de calculs.

-Je t'explique ?

-Ouais. Je veux bien, ça me saoule déjà.

-T'inquiète, bien expliqué, c'est simple.

Thomas commence à m'expliquer, je reste paumée. Je finis quand même mon devoir, bien aidée, mais un peu gonflée. Je déteste ne pas comprendre les choses que je fais, surtout pour les cours. Je soupire en rangeant mes affaires, Thomas rigole en me voyant comme ça.

-T'es toujours comme ça quand tu réussis pas tes maths ?

-Pire. Brett peut te confirmer que je suis vraiment dans un mauvais mood après les maths.

-Brett ?

Je regarde Thomas, il me regarde un peu bizarrement.

-Tu te rends bien compte que ça fait un petit moment que j'habite chez lui ? Je vais pas le vouvoyer et l'appeler par son nom de famille. Encore moins alors qu'on a un enfant ensemble.

-C'est vrai que tu es chez lui et qu'il y a Heather.

-Exact.

Je souris et me tourne vers Thomas. 

-Bon, sinon, j'ai une question.

-Je t'écoute.

-Pourquoi cette gentillesse d'un coup ? Jamais vous n'avez été gentil avec moi avec l'équipe, même vous ne me connaissiez pas et je suis étonnée de vous voir aussi concilient alors que les types comme vous ont souvent des tonnes de clichés sur les jeunes filles comme moi. Celles qui ont des bébés super vite.

-En vrai, on a pensé des choses plutôt sale sur toi quand t'as débarqué avec ton ventre plutôt impressionnant à la rentrée de janvier. Je t'assure que t'as pas envie de savoir ce qu'on c'est dit.

-Sérieux ?

-Ouais. Mais ça n'a pas durée, quand on t'a vu partir avec les secours et que l'annonce du viol a été faite, on a bien compris que t'étais pas le genre ... hum...

-Salope ? Tu peux le dire.

-C'est ça. 

-Vous savez au moins que toutes les jeunes filles qui tombent enceinte ne le font pas exprès ? Et il faut aussi être deux pour faire un enfant.

-On sait. Et que veux-tu, les clichés ont la vie dure !

-Mais ils sont à chier. On ne choisit en général pas de tomber enceinte à seize ans. C'est pas souvent volontaire. Une grossesse aussi jeune, c'est pas cool.

-Je ne peux pas te dire que j'imagine, je suis un mec. Mais ouais, c'était pas cool de penser que tu étais une salope. 

-Ça me donne envie de vous mettre des baffes.

-Et on les aurait mérité. Enfin. Tu m'as demandé pourquoi on était cool avec toi. C'est juste qu'on a su changer en connaissant la vérité. T'as été violé, ça nous a mis à tous un coup de massue derrière la tête. Je t'avoue que la mise à pied de Wilkins lui a évité le pire.

-Vous étiez prêt à le taper ?

-Ouais. Et quand même, pourquoi t'as pas déposé plainte ?

-Je suppose que c'est la question que tout le monde c'est posé ! Pourquoi June n'a pas déposé plainte contre son violeur ? La réponse est simple : je n'avais pas envie de raconter ce soir devant un jury, devant la police, de revivre cette journée, même quand j'ai reconnu Wilkins.

-D'accord. C'est étrange, mais d'accord.

-C'est pas étrange. On a tous des réactions différentes face à ça. Moi j'ai pardonné pour une seule erreur. Et aussi parce qu'il a assumé sa connerie en plus de notre fille.

-En gros il a su se faire pardonner.

-Il n'a pas chercher à se faire pardonner justement. Il sait que c'est impossible. Mais il m'a montré un visage plus doux, plus tendre, un que personne d'autre que moi ne voit.

-J'imagine bien.

-Ouais.

Je regarde l'heure sur mon portable, ça va bientôt sonner.

-Bon, j'y vais, j'ai bientôt cours. Ça m'a fait plaisir de te parler.

-Pareil. T'es vraiment plus cool que je ne le pensais.

-Et pour une fois, tu ne viens pas pour voir ma fille.

Thomas pouffe de rire, je me lève et commence à y aller, mais le jeune homme finit par me retenir. Il prends mon bras dans sa main, je me tourne vers lui en soupirant. 

-Qu'est-ce que tu veux Thomas ? J'ai bientôt cours.

-Rien, juste faire une chose.

Il commence à s'approcher en posant sa main sur ma joue, je comprends de suite ce qu'il veut, je recule un peu. Un petit flash de Brett me prends, mais à la main, je sais que c'est pas celui que ...  à qui je tiens. Je pose ma main sur son torse et le repousse, il me lâche complètement.

-Thomas, on est même pas amis. Évite ce genre d'action.

-Ouais, t'as raison. Pardon.

-T'as pas à t'excuser. Je file.

Je ne lui laisse pas le temps de répondre, je retourne dans le lycée et me dirige vers mon casier pour poser mes affaires. Je soupire en fermant la porte et me cale contre les casiers, repense à Thomas qui a manqué de m'embrasser et à ce que j'ai pensé tout à l'heure... Bon sang, je sens que cette année va être comique !

JuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant