CHAPITRE IV.

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                      PETER.
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     Wendy avait raison en affirmant à M. Wentworth que Peter, un vrai Don Juan, défrayait la chronique avec ses frasques amoureuses. Plutôt sexuelles. Et il y avait de quoi. Peter Wentworth, le second fils de Sébastien, était un beau blond, d'un mètre soixante-dix; pas très grand mais au charme fou avec ses yeux bleus, d'un bleu clair, presque délavé. Ses cheveux longs, quand ils n'étaient pas attachés avec un élastique, venaient lui effleurer les épaules qu'il avait assez larges. Il portait toujours une petite moustache et une légère barbe. Cette dernière cachait une cicatrice au niveau du menton; cicatrice alliée à un mauvais souvenir. Fan de tatouages, il en portait un sur l'épaule sous forme d'un aigle; un second sur l'avant-bras sous forme d'un cobra et un troisième, et dernier, sur le mollet, représentant un tigre. Les trois étaient positionnés du côté droit. Ses nombreuses conquêtes se pâmaient littéralement devant ce beau mec au charisme renversant. Elles le devenaient davantage en tombant sur ses tatouages qui lui octroyaient un air de bad-boy. Multipliant les conquêtes et s'amusant à profiter de tout ce qui s'offrait à lui, il finissait par avoir des problèmes présumant de son charme, de son aptitude à convaincre, à rouler des filles qui avaient eu le malheur de tomber amoureuses de lui et de croire en ses paroles fleuries. C'est ce qui lui arriva le samedi où son père était allé rendre visite à Wendy afin de lui proposer de se joindre à leur équipe.

   Le vendredi soir, Peter passait un long moment au club où il s'épuisait sur plusieurs appareils dans le but de travailler son corps. Malheureusement pour lui, avec ses excès et ses abus car porté sur l'alcool et la bonne chair, il finissait par avoir une petite "brioche". Heureusement aucune fille n'y prêtait attention mais cela n'excluait point son existence pour autant. S'il ne faisait pas plus attention, il risquerait de tout perdre. Toutefois, comment faire alors qu'il avait une mère-poule super-protectrice qui le couvait et le gavait faisant fi des efforts qu'il déployait en vue de conserver un beau corps apte à subjuguer les filles ?

   Peter était un fils-à-maman. Gâté, pourri par sa mère, il avait été élevé avec l'idée selon laquelle tout était permis. Tout LUI était permis. Lui, Peter Wenderworth méritait ce qu'il y avait de mieux. Et ce qu'il voulait, il devait l'avoir. Peu importait le prix, le moyen, les pertes chez autrui. Second fils d'un second mariage, il avait l'ambition, aiguillonné en cela par sa génétrice, de devenir le numéro 1. Le seul et unique héritier de la fortune des Wenderworth. Dans des moments de lucidité et de franchise avec sa propre personne, Peter se disait que c'était difficile, voire impossible, car au fond de lui sa conscience lui affirmait qu'un héritage, légalement, se partageait équitablement entre les membres de la famille après le décès du père. Non qu'il souhaitât la mort de son père qu'il aimait sincèrement ! Sébastien constituait pour lui son modèle numéro 1. Un homme intègre, travailleur et équitable. Un homme qui l'aimait et le comprenait sans jamais le juger. Même quand il le decevait, il se montrait compréhensif et de bon conseil. Saül, son grand frère, constituait son modèle numéro 2. Un individu hors du commun. Loin de toute comparaison. Encore enfant, il était déjà un garçon à part. Fort. Inébranlable. Sûr de lui. Indépendant. Le trait de caractère que Peter enviait le plus à son demi-frère. Saül ne comptait sur personne. Saül n'attendait l'approbation de personne. Saül n'attendait rien de personne. Tout simplement. Contrairement à lui. Peter Wentworth avait constamment, même à l'heure actuelle, besoin de quelqu'un. D'abord de sa mère. Cette dernière, aussi loin que remontait sa mémoire, avait toujours été derrière lui à lui dire ce qu'il fallait faire ou ne point faire; ce qu'il fallait dire ou ne point dire... Elle allait même parfois jusqu'à lui imposer ses vêtements. Heureusement, du moins de ce côté, il avait réussi à se libérer de son joug. Sa mère pensait que pour faire "homme", il lui fallait s'emprisonner dans un costume-cravate. Il avait réussi à marchander et à la contenter en adoptant des vêtements classiques... jusqu'à l'âge de 22 ans. A Partir de cet âge, il avait proclame sa révolte et sa libération de la tutelle maternelle. Depuis, il portait les vêtements les plus excentriques. Et ultimes défis, il s'était fait tatoué et percé l'oreille droite où il portait, au lobe, une boucle. Malgré son mécontentement, elle ne lui ôtait jamais son amour. Ambitieuse, démesurément, elle l'encourageait à exécuter les ordres de son père, à toujours lui faire plaisir, à toujours se plier à ses exigences et à le seconder en toutes circonstances. Pourquoi ? Par amour filial ? Loin de là ! Pour que Sébastien Wentworth, le riche homme d'affaires, lui lègue sa grosse fortune lésant en cela les droits de son fils aîné Saül.

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant