CHAPITRE LXX.

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             COUP
                   
                       DE
                         
                            THÉÂTRE.

     En ressortant pour réintégrer le taxi qui l'attendait un peu à l'ombre sous l'un des multiples arbres qui longeaient l'avenue, elle vit un autre taxi s'arrêter devant le portail de la société et une jeune femme en émerger. D'un pas décidé, profitant des grands battants encore ouverts, elle entra dans la cour et se dirigea vers les portes... closes. Ses pas se ralentirent. C'était comme si Wendy lisait dans ses pensées. Elle devait être choquée et même en colère contre elle-même. Dans sa hâte, car il était clair qu'elle avait agi sur un coup de tête, elle avait omis un petit détail : c'était un samedi et qui que soit cette personne pour qui elle venait elle ne risquait pas de la trouver et de toute évidence elle ne possédait point son adresse personnelle.

   Wendy se demandait si ce n'était pas là l'une des victimes de Peter. Elle n'aurait su dire ni expliquer une telle pensée mais depuis l'incident chez le jeune homme, elle le croyait capable de tout, même de séduire des femmes innocentes et de les abandonner. Elles devaient être si nombreuses !

   - Bonjour, la hella-t-elle prenant les devants. Puis-je vous aider ? La société est fermée. Un samedi, c'est normal.

   - Oui, oui. Je viens de le réaliser. En venant directement de l'aéroport, je ne pensais qu'à venir ici.

   - Sans doute le décalage horaire, répliqua Wendy juste pour faire plaisir à la jeune femme parce qu'il lui semblait impensable que l'on confonde les jours après s'être imposé un voyage en avion d'autant plus que l'inconnue donnait l'impression d'être venue en catastrophe.

    - Oui, peut-être. Mais il est vrai que je suis parfois tête de linotte.

    - Être distrait arrive à tout le monde. Je pourrais vous aider si vous me dites qui vous cherchez.

    - Vous faites partie de la boîte !? Vous donnez plus l'air d'un mannequin avec votre taille si fine !

   Wendy sentit dans la remarque une trace d'envie. Tout à fait normale, au fond, puisque son interlocutrice avait plutôt un corps bien enrobé. Elle ne devait se priver de rien. Elle était probablement de ces personnes passant leurs nerfs sur la nourriture. Wendy ne savait pas pourquoi elle était encline, les derniers temps, à porter des jugements sur des gens qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, ou connaissait si peu, tout en se sentant dans le vrai. Intuition ? Flair ? Divination ?... Peu importe quel nom donner à ce qu'elle ressentait ou pressentait... Nous savons qu'elle avait raison, que son instinct lui disait vrai...

   L'inconnue, depuis quelque temps, et plus exactement depuis que son amant l'ignorait ou plutôt depuis qu'il avait tourné sa page, chose qu'elle ignorait ou refusait d'accepter, avait tout tenté : régime, cure, sport, massage,... Elle avait seulement hésité devant une proposition de ligature d'estomac. Elle n'était pas ce que l'on qualifierait précisément de grosse, toutefois, elle avait un excès en rondeur et comme elle avait mauvais goût elle ne savait pas quels vêtements choisir pour dérober aux regards les parties désavantageuses de son corps et mettre en valeur celles plus agréables, aptes à être appréciées.

   Ce jour-là, elle portait un haut  serré au point de ne pas pouvoir contenir sa poitrine trop généreuse et qui menaçait de s'exhiber à tout moment. Elle portait des jeans à taille basse qui dévoilait un ventre loin d'être plat. Quant à ses longs cheveux, attachés en une queue de cheval trop serrée, ils lui donnaient l'air d'une personne aux yeux bridés. Bref, un mélange peu flatteur comparé à celui de Wendy qui portait un short court en lin blanc mettant en valeur ses jambes fines au galbe parfait et assorti à un haut très court de la même couleur mettant en valeur un ventre plat et musclé. Sa ceinture noire se mariait avec ses baskets et ses accessoires. Sa courte chevelure brillant de mille feux sous le soleil estival encadrait son beau minois le rendant plus attrayant et créant le contraste avec son teint de porcelaine ayant acquis un halo de bronzage grâce à son séjour sur l'île de son grand-père.

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant