CHAPITRE XVIII.

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                 FERS CROISÉS.

   - Soyez la bienvenue, Wendy ! Les amies de mon fils sont toujours les bienvenues.

   - Merci, madame. Mais je suis l'amie de Sébastien et non pas de votre fils.

  Voilà ce que Sébastien aimait chez Wendy. Franchise et transparence. Ni politesse déplacée, ni courtoisie trompeuse. Pour elle, tout était noir... ou blanc. Pas de gris.

  - Pourtant, j'ai cru comprendre que Peter vous aimait beaucoup ! Il ne tarit pas d'éloges sur vous !

  - Je ne peux malheureusement pas dire que nos sentiments soient partagés. Mais veuillez accepter un petit cadeau pour vous remercier de votre gen... disons civilité.

   La langue de Wendy s'était écorchée sur le mot "gentillesse" qu'elle ne put se résoudre à prononcer car chez son hôtesse, le maintien était tout... sauf gentil. On la sentait une calculatrice confirmée. Toute sa personne dégageait des ondes négatives inspirant méfiance et sceptisicme. Autrement dit, vivre à son contact, sur le qui-vive.

  - Venez ! Entrons pour bavarder plus à l'aise au lieu de demeurer sur le pas de la porte, conseilla Sébastien bénéficiant de plus de raison et de savoir-faire que sa femme et son fils.

   - Tu as parfaitement raison, mon chéri. Veuillez vous donner la peine d'entrer, Wendy.

   - Merci.

  Le quatuor s'engagea à la queue leu leu dans l'entrée de la demeure, avec Annie ouvrant la marche suivie de Wendy puis le père et enfin le fils. Annie les mena vers un somptueux salon donnant sur un jardin. Somptueux, oui vraiment. D'un luxe inouï, mais de ce luxe un peu grossier, un peu tape à l'œil. Le confort n'était point la priorité de la maîtresse de maison. Faire étalage de richesse, si. Au premier regard d'un novice, l'admiration nuancée d'un peu d'envie pourrait venir le chatouiller. Pour Wendy, un tel luxe versait davantage dans la luxure que dans le bon goût. Mais bien évidement, elle garda son impression pour elle-même et parce que franche, elle se contint de tout commentaire qui ne serait à ses yeux qu'hypocrite et mensonger. Il sonnerait faux même à ses propres oreilles.

  - Asseyez-vous ! l'invita Annie en lui désignant un divan.

   - Merci. Mais avant, permettez-moi de vous offrir ceci, dit-elle en tirant du sac en carton un coffret à bijoux en bois d'une exécution si fine et si minutieuse qu'on l'eût cru fait par des doigts de fée.

   Même dans son souci de paraître détachée et supérieure, Annie ne put se contrôler devant tant de beauté et de s'exclamer :

  - Mon dieu ! Que c'est... Wow ! C'est vous qui avez réussi cette merveille !? Il est trop joli ! Merci !

  - Je vous en prie. Et voici pour vous, Sébastien.

  - Pour moi !? Il ne fallait pas !
 
  - Mais si ! Ça me fait plaisir. Et puis, c'est si peu de chose face à votre très grande gentillesse. C'est une sorte de gobelet ou porte-stylos et crayons. C'est du hêtre blanc.

  - Merci infiniment. Votre coup de ciseau est d'une finesse incroyable. Un vrai chef-d'œuvre !

  - Et voici pour Peter.

   Elle lui tendit un couvre-crayon fait de bois et ayant le haut en  forme de soleil. Une idée fort originale qui plut à Sébastien. Une sorte de symbole pour signifier l'inspiration qui illumine la vie d'un artiste en manque d'idée. Peter n'en comprit pas le sens mais apprécia le geste en lui-même. Wendy avait songé à lui et cela lui suffisait amplement. Présentement.

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant