CHAPITRE LXIV.

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              VRAIMENT....!?

     Saül disait vrai et surtout traduisait ses intentions les plus profondes. Il n'était plus question de décevoir Wendy. Un homme doit toujours être à la hauteur des désirs de la fille qu'il aime. Surtout quand cet amour est grand et vrai. Pour la première fois de sa vie, il comprenait ce sentiment qui avait constitué le lien entre ses parents. Et qui existait peut-être encore. Un sentiment des plus forts et plus il est profond et plus la déception est grande lorsque l'un des deux individus qui compose le couple a le malheur de ne pas être à la hauteur. Son père avait déçu sa mère en la trompant. Et il l'avait perdue en dépit de tout l'amour qui les avait unis. Lui, Saül, il n'avait aucunement le dessein d'en faire une tradition familiale. Il rêvait d'une belle relation basée sur l'amour indéfectible, la confiance inconditionnelle et le respect mutuel. Il voulait vivre avec Wendy quelque chose de spécial et d'unique. Et pour que ceci se réalise, il comptait œuvrer dans le bon sens en faisant le nécessaire.

   - Je crois que la chose est facile. Il suffit d'y mettre le prix. Le plus urgent maintenant est de faire changer d'avis à papa. Il doit comprendre que le mieux pour lui est de ne pas rester chez lui où il risque d'être coupé de tout. Même si Peter a promis à maman de la recevoir chez eux, je doute que sa mère se montre courtoise.

   - Je me demande ce qui lui a fait changer d'avis, intervint Raoul. On dirait que ce Peter est un vrai caméléon. Sur l'île, il m'a paru à son arrivée un charmant jeune homme de la haute société. Puis, il est devenu une furie furieuse après le malaise de Sébastien. A la clinique, il a été tout simplement insupportable et voilà que par un coup de baguette magique, il redevient courtois. N'est-ce pas suspect ?

    - La magie réside dans les paroles de Wendy. Sans elle, il serait resté sur sa position. Après tout, continua Saül, lui et sa mère connaissent leur intérêt et sans Wendy, la société risque de couler. Ils doivent lui faire plaisir pour qu'elle accepte de rester.

    - Je ne pense pas qu'elle puisse partir même si elle le désire, lança Raoul ces propos énigmatiques sans juger bon de les expliquer.

    - Personnellement, je ne fais confiance ni au fils ni à la mère, précisa Gaby. Je compte sur mon statut de mère de Saül pour rendre visite à Sébastien aussi souvent que possible et prendre soin de lui. Une femme qui abandonne son mari n'est pas apte à s'occuper de lui.

    Intérieurement, chacun des présents partageait le jugement de Gabrielle. Et nous aussi, n'est-ce pas, cher.es lectrices et lecteurs ? Si une femme traîtrisement bafouée a pu surmonter son ressentiment et ravaler son orgueil blessé pour courir auprès d'un ex-mari alors comment une légitime épouse peut se permettre de se laisser stopper par une stupide phobie qui aurait dû normalement littéralement voler en éclats face à la gravité de la situation de son époux ? Pour un mari aussi bien  attentionné que Sébastien, une bonne épouse doit être prête à tous les sacrifices. Mais il est vrai que tout comme les doigts de la main ne se ressemblent pas, les femmes non plus ne le pourraient pas.

    - Je suis sûr que papa acceptera de réviser son jugement. Nous n'avons pas su trouver les mots justes pour le convaincre, c'est tout. Wendy, tu ne dis rien.

     - La balle est dans ton camp. A toi de démontrer tes performances.

    De simples mots qui le ramenaient au point de départ : que faire vraiment pour réaliser son but ? Wendy avait tendance à balayer tous ses projets et à piétiner ses espérances. Mais surtout à lui rappeler sa vraie position et son vrai devoir en tant que fils aîné qui devait avant tout veiller aux intérêts, tout d'abord de son père, ensuite  de sa mère et enfin de leur société puisque Sébastien immobilisé, Peter risquait de tout foutre en l'air. Pour dire les choses crûment.

UNE FILLE PAS COMME LES AUTRES. TOME I. (TERMINÉ). Où les histoires vivent. Découvrez maintenant